La Russie a annoncé hier avoir mené des exercices militaires avec des tirs de missiles en mer Noire, théâtre de tensions croissantes avec l'Ukraine et ses alliés depuis l'expiration d'un accord céréalier crucial pour l'alimentation mondiale. Selon le ministère russe de la Défense, des navires de la flotte russe ont tiré des missiles de croisière anti navires «sur un bateau cible dans la zone d'entraînement au combat dans la partie nord-ouest de la mer Noire». «Le bateau cible a été détruit à la suite de la frappe de missile», a ajouté la même source. La Russie avait affirmé mercredi qu'elle allait considérer dès jeudi les navires se rendant vers l'Ukraine via la mer Noire comme de «potentiels bateaux militaires» et les pays dont ils battent le pavillon comme parties prenantes au conflit. Les tensions se sont ravivées dans cette zone depuis l'abandon cette semaine par Moscou de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes. Cet accord avait permis aux cargos chargés de céréales de quitter les ports en empruntant des couloirs maritimes protégés. Le ministère russe de la Défense a également indiqué que l'aviation de la flotte, de concert avec des navires, a «travaillé à des actions pour isoler la zone temporairement fermée à la navigation». Par ailleurs, Moscou a indiqué hier avoir procédé avec Pékin à un exercice conjoint en mer du Japon, au cours duquel les forces des deux pays «se sont entraînées à repousser une attaque provenant d'une petite cible évoluant à grande vitesse», selon l'agence publique russe TASS. Les villes portuaires ukrainiennes de Mykolaïv et d'Odessa, sur la mer Noire, ont subi des frappes russes dans la nuit de mercredi à jeudi. Au moins trois personnes sont mortes et plus de vingt ont été blessées dans ces frappes de drones et de missiles, selon des responsables. Kiev accuse Moscou de viser spécifiquement ses infrastructures portuaires, afin d'empêcher toute reprise éventuelle des exportations de céréales. L'armée russe a affirmé jeudi ne viser que des cibles militaires. Dénonçant les entraves au commerce de ses propres engrais et produits agricoles, la Russie s'est retirée depuis mardi de l'accord signé en juillet 2022, assurant être prête à revenir à l'accord si ses demandes étaient réalisées «dans leur totalité». Sur le terrain, Kiev a commencé à utiliser les armes à sous-munitions controversées livrées par les Etats-Unis, a indiqué la Maison Blanche, au moment où l'Ukraine cherche à donner de l'élan à sa contre-offensive contre les forces russes. L'incendie qui s'est déclaré mercredi sur un terrain militaire de l'est de la Crimée, nécessitant l'évacuation de plus de 2.000 personnes, était lui toujours en cours jeudi. Kiev n'a pas revendiqué mais frappe régulièrement des garnisons ou des stocks de matériel russes en profondeur des lignes, jusque dans la péninsule de Crimée. Sur le front, les combats se concentrent dans l'est de l'Ukraine où les deux armées se font face sans progrès significatifs.