Les relations algéro-françaises ne sont pas gelées, à en croire le président de la République. Aussi, les récents articles de presse, d'un côté comme de l'autre, n'ont visiblement pas eu d'impact sur la détermination des deux Présidents à construire un avenir serein pour l'Algérie et pour la France. En réponse à une question sur son déplacement annoncé à Paris, le président de la République a eu cette réponse: «Notre visite en France est toujours d'actualité.» Le propos est clair, net et précis. Il n'existe présentement aucune entrave politique, ou autre, aux relations entre les deux pays. Le président de la République s'est voulu on ne peut plus responsable sur cette question précisément, à savoir qu'en Algérie, «nous attendons le programme de la visite de la part de la Présidence française». Autrement dit, Alger ne se sent pas interpellé par les vicissitudes politico-médiatiques françaises. C'est à l'Elysée de gérer les «bombes puantes» politiciennes que lance épisodiquement l'extrême droite dans le jardin d'Emmanuel Macron. Pour ce qui le concerne, le président Tebboune s'en tient à ce qui a été décidé entre les deux hommes. Et en cela, une visite d'Etat est régie par un principe simple, celui qui fait faire à deux pays de sérieux pas en avant dans leur coopération mutuelle. «Je ne pars pas en France pour faire du tourisme», a clairement indiqué le chef de l'Etat. Cela revient à dire qu'il appartient à la partie française d'établir un programme de travail, assorti d'un certain nombre de projets d'accords identifiés et mutuellement profitables. L'on devine dans les propos du président Tebboune que l'hésitation d'aller de l'avant dans le partenariat entre les deux pays n'est pas le fait d'Alger. C'est donc Paris qui ne s'assume visiblement pas et semble dépassé par les lobbies colonialistes. Ceux-là sont décidés à barrer la route à la commission mixte d'historiens validée par les deux chefs d'Etat et qui n'a apparemment pas encore engagé le travail pour lequel elle a été installée. En plus de contrer, avec l'énergie du désespoir, cette commission, dont la mission est tout à fait essentiel pour solder le contentieux mémoriel entre l'Algérie et la France, les lobbies de la haine ont tendance à instrumentaliser le moindre fait divers en France pour diriger leur tir sur l'Algérie et les Algériens. L'objectif de ces cercles anti-Algérie est d'empêcher l'éclatement de la vérité sur les crimes commis par la France coloniale en Algérie. La déclaration du président de la République peut être interprétée comme une réponse aux nostalgiques de l'Algérie française, à savoir que l'Etat algérien ne se laisse pas impressionner par des postures d'un autre âge. Sachant la justesse de la cause et sa détermination à faire connaître la vérité historique, le président Tebboune confirme la position d'Alger sur le dossier du partenariat algéro-français. Il avancera avec les amis de l'Algérie contre une minorité de haineux qui tentent d'obstruer un processus historique et irrémédiable. Il reste que si l'Algérie a rempli sa part du contrat, le pouvoir politique en France semble douter de sa capacité à faire face aux tempêtes que provoque épisodiquement l'extrême droite, dont le discours a déjà chassé Paris de son pré carré en Afrique subsaharienne. Le président Macron sait-il qu'en faisant le dos rond et en laissant Marine Le Pen et Eric Zemmour perturber son second mandat sur la question de la mémoire, il contribue à l'effondrement de l'influence de la France? Le président de la République n'a évidemment pas abordé la question sous cet angle, mais le message qu'il délivre à travers sa réponse, illustre la différence qu'il fait entre l'Etat français qui veut sortir de l'impasse mémorielle et un groupe d'individus descendants de colonialistes pour qui l'intérêt de la France ne veut strictement rien dire, lorsqu'il contredit leur désir de garder la poussière de la colonisation sous le tapis de l'Histoire. Une visite d'Etat ne doit pas ignorer ces aspects. À bien suivre les différentes déclarations du président de la République sur la sincérité du président Macron pour édifier des relations d'égal à égal entre les deux pays, l'Algérie assume pleinement sa position. Il reste à la France de prendre ses responsabilités devant l'Histoire.