Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est attendu aujourd'hui à Alger, a rapporté, hier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «À cette occasion, et outre les entretiens qu'aura le chef de la diplomatie française avec son homologue algérien, il sera reçu en audience par le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, ainsi que par le Premier ministre, Monsieur Abdelaziz Djerad», précise le communiqué du MAE. La même source retient que ce déplacement, entre dans le cadre «des consultations régulières inscrites à l'agenda politique et économique convenu entre l'Algérie et la France pour l'année 2020». Il s'agit donc d'une visite prévue et inscrite dans les agendas des deux ministres des Affaires étrangères, algérien et français. Cela étant dit, le communiqué des Affaires étrangères note qu'au programme des discussions, il sera prioritairement question «de faire le point sur les avancées enregistrées, de part et d'autre, dans la coopération bilatérale». Le point de situation est d'autant plus important, que ces derniers mois ont été marqués, annonce le ministère des Affaires étrangères, «par la concrétisation d'échéances importantes telles que la 6ème session du Comité mixte économique algéro-français, tenue à Alger, le 12 mars 2020». Cette instance qui s'est réunie, pour la première fois le 26 novembre 2013, témoigne, si besoin, de la volonté des deux pays de maintenir des liens permanents. Il se trouve que ce Comité mixte a résisté à plusieurs périodes de «glaciation» entre Alger et Paris. Mais il reste, cependant, qu'au plan qualitatif, le partenariat nourri par cette instance, mais également par un autre cadre au niveau des Premiers ministères des deux pays, n'est pas encore parvenu à un point de non-retour dans la coopération algéro-française. Les raisons sont diverses et les lobbies colonialistes, dénoncés par le président de la République, figurent en tête de liste. Ces mêmes lobbies qui s'en étaient violemment pris à Emmanuel Macron, lorsqu'il avait évoqué les méfaits de la colonisation française en Algérie, ont régulièrement refait parler d'eux. Mais la détermination des deux présidents à construire des relations solides d'égal à égal aura été plus forte et les développements que connaît la question mémorielle en attestent. La désignation par Paris et Alger de deux historiens qui travailleront sur le passé commun, éloignent de fait, l'instrumentalisation de la mémoire par les nostalgiques de l'Algérie française. À ce propos, il faut savoir que la restitution des crânes de combattants algériens, le 5 juillet dernier, est le meilleur témoignage d'une volonté réciproque d'apaiser le débat et dire les vérités historiques sans détour. Mais, malgré les avancées concrètes dans le dossier de la mémoire, de nombreux observateurs mesurent tout de même le long chemin qui reste encore à parcourir pour parvenir à l'entente parfaite que souhaitent les deux peuples, sachant que la communauté algérienne établie en France est, de loin, la plus importante dans ce pays. L'Algérie a besoin de sa diaspora et la France a intérêt à en finir avec une caste d'ultras, qui veut la maintenir dans le déni de la colonisation. Un partenariat économique, véritablement équitable, hâterait, sans doute, un rapprochement entre les deux sociétés, mais encore faut-il l'édifier sur des bases solides, en ce sens que les deux économies puissent mutuellement en bénéficier. Pour l'heure, cette passerelle reste encore à construire et cela passe aussi par une diplomatie responsable. À ce propos justement, le communiqué des AE souligne que la visite de Le Drian sera mise à profit pour engager «un échange de vues sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun, notamment la situation au Sahara occidental, le dossier malien et la situation dans la région du Sahel ainsi que la crise en Libye dont le règlement sera au centre des discussions entre les deux parties». Sur tous ces dossiers, les approches convergent sur certains points et divergent sur d'autres. Mais ce qu'il y a lieu de retenir, c'est la volonté des Présidents Tebboune et Macron d'établir des relations solides et pérennes. Les deux hommes ont échangé de nombreuses fois par téléphone, ces derniers mois. Le chef de l'Etat n'a pas hésité à saluer la volonté de son homologue français de régler «les questions mémorielles». La déclaration de Tebboune a été accompagnée par une forte dénonciation des lobbies qui veulent casser la nouvelle dynamique algéro-française.