Le Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir fin juillet à Niamey a ordonné vendredi soir l'expulsion de l'ambassadeur de France au Niger, lui donnant 48 heures pour partir. Tel est l' aboutissement d'un mois de duels à fleurets mouchetés entre Paris et Niamey, sur fond de manifestations hostiles à la politique française. Le MAE nigérien a indiqué que la décision est prise «face au refus de l'ambassadeur de France à Niamey de répondre à l'invitation pour un entretien», vendredi dernier, «et d'autres agissements du gouvernement français contraires aux intérêts du Niger». De son côté, le Quai d'Orsay a déployé les mêmes arguments depuis le début de la crise, affirmant que l'absence de «légitimité des dirigeants issus du coup d'Etat» rend nulles leurs décisions et il invite l'ambassadeur Sylvain Itte à demeurer à son poste. Dans le même temps, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, poursuit sa tournée entamée voici trois jours au Nigeria pour faire valoir la position de l'Algérie qui rejette catégoriquement le recours à la force et prône une approche diplomatique et politique pour régler la situation de crise au Niger. Attaf a rencontré son homologue au Ghana, avec lequel les discussions ont débouché sur une parfaite identité de vues sur cette question. Une invitation à se rendre en visite officielle en Algérie a été remise, par la même occasion, au président ghanéen Nana Akufo-Addo qui a «salué les efforts louables de l'Algérie pour résoudre la crise au Niger». Les entretiens entre les deux parties ont permis de convenir des «perspectives d'intensifier et d'unifier les efforts pour promouvoir les bases d'un règlement pacifique évitant à ce pays et aux pays de la région, les répercussions d'une éventuelle escalade de la situation». Après les résultats probants qui ont couronné les visites de Attaf à Abuja, au Nigeria, puis Cotonou, au Bénin, il apparaît que la tournée du chef de la diplomatie algérienne aura permis de conforter la position et la voix des pays de la région en faveur d'une démarche responsable et constructive face à la crise nigérienne, et par-là même d'exclure tout recours à une intervention militaire comme cela était donné pour acquis depuis le début de cette crise à la fin juillet. Une option qui a conduit à l'escalade puisque le Mali et le Burkina ont annoncé qu'ils apporteront, le cas échéant, leur appui militaire aux forces armées du Niger afin d'annihiler toute «agression» militaire de la part de certains pays membres de la Cédéao qui reste en position d'attente, face aux évènements successifs de ces dernières semaines. Sur les pas de Ahmed Attaf, une haute responsable américaine du secrétariat d'Etat est arrivée vendredi à Abuja pour tenter de trouver une issue diplomatique à la crise au Niger. Molly Phee, sous-secrétaire d'Etat pour l'Afrique, doit se rendre ensuite au Ghana ainsi qu'au Tchad, voisin du Niger et importante partie militaire régionale.