La salle du tribunal criminel était bondée ce chaud mercredi de juin. Un malheureux mari, trompé, jaloux était jugé pour avoir porté trois coups de poignard, à l'amant de sa dame. Lors du réquisitoire du jeune procureur général, un manquement de lucidité de sa part fit que le parquetier, lancé à toute vitesse, allait commettre un impair qu'un collègue, présent allait reprendre le lendemain dans sa ramassée chronique judiciaire. L'impair concernait un malheureux qualificatif jeté dans la vaste salle d'audience, où se trouvaient, outre des dizaines de curieux, des avocats, membres de bâtonnats du pays: en effet, le représentant du ministère public avait crié, sans se rendre compte, qu'il y allait avec le dos de la cuillère: «Messieurs-dames du tribunal criminel, en relisant vos notes, tout à l'heure, durant vos délibérations, l'indigne acte de cet «animal»! Dit en arabe, «Hayaouène», qui donna froid dans le dos aux personnes, initiées au droit, glaça la salle. Personne, dans la salle, n'intervint pour redresser en vue de redresser l'impair. Ce n'est que le lendemain, que le procureur général lut avec intérêt, l'expression du mot en arabe, et en lettres latines du procureur général de l'audience de la veille, et lui tint ce langage: «Cher collègue, il faudra faire plus attention à ce que vous direz du haut de votre siège. Il est inadmissible de traiter un être humain d'»animal», surtout, venant d'un représentant de la société!» Le procureur «fautif» baissa la tête, et apprit, depuis ce jour-là, qu'un magistrat qui entre dans une colère noire, ferait mieux de se taire...