Il y a des films dont les idées peuvent être très bonnes voire très originales, si ce n'est la mise en scène parfois ou le jeu d'acteur qui viennent manquer à l'appel. Et c'est fort dommage. C'est le cas avec le film «Belaaredj», écrit et réalisé par Khaled Bounab. Un film qui s'inscrit dans le cadre de la célébration du soixantième anniversaire de l'indépendance. D'emblée, on sent que le film ne va pas trop nous plaire. Si le comédien principal campé par Nasreddine Djoudi n'est pas trop mal, certains surjouent carrément et tombent facilement dans la caricature, notamment celui qui campe le rôle du lieutenant français, Sébastion à l'accent pas du tout bien travaillé, encore moins le vocabulaire...l'histoire nous dit -on se déroule le dix-neuf mars mille neuf cent cinquante-quatre, soit à la veille du déclenchement de la révolution du premier novembre. Mais les prémices de la grande rébellion sont là. Le calme avant la tempête Les événements de l'histoire se déroulent dans un village isolé. Là où la police d'occupation française découvre un matin ensoleillé que le drapeau français a été déchiré, elle pointe du doigt un villageois nommé Balaraj. Il est battu et insulté jusqu'à ce qu'il avoue son crime. Les villageois tentent de se venger de la police. Est-il vraiment celui qui a déchiré le drapeau français? Au final l'on apprend que non, c'est plutôt l'oiseau nommé en arabe belaaradj. Lors de l'interrogatoire, un enfant eut juste le temps de prononcer le mot et le dire à sa mère. Celle-ci est sommée de répéter ce que lui a dit l'enfant et ainsi, paniquée, elle le répète à trois reprises. Sauf qu'en français cela sonne exactement comme le prénom de cet homme qui élève des chevaux et qui en toute apparence n'a pas de problèmes avec les Français. Ces derniers le prennent en tout cas pour responsable et l'emmènent à la torture pour lui faire avouer le prétendu crime contre leur souveraineté nationale. Mais il est sauvé à la fin par ce même enfant... À l'aide d'un ami du village, ils viennent à bout de ce groupe de police française qu'ils réussiront à abattre. Sur un goût d'inachevé L'enfant qui récupère les pistolets décide de rejoindre les compagnons d'arme et décide de partir au maquis. Le court métrage qui filme en gros plan les personnages met l'accent sur Nasseredine Djoudi connu pour ses célèbres imitations. Dans ce film il est flanqué de tics, une façon pour insuffler sans doute plus d'épaisseler à son personnage. Toutefois, on ne connaît pas grand-chose de lui, encore moins sur le quotidien de ces autres antagonistes, pour pouvoir s'attacher vraiment à eux, si ce n'est leur pauvre apparence vestimentaire qui est suggérée au début du film. D'ailleurs, l'émotion n'est pas toujours au rendez-vous. Le film est, certes, un court métrage, mais le déroulement de ses événements s'avère être bien court pour s'acclimater à l'histoire qui se termine presque sur un goût d'inachevé. Le scénario pèche, en effet; par un certain manque au niveau des séquences et semble se réduire à quelques scènes anecdotiques qui font le film. Un film qui se raconte comme un fait divers banal alors qu'il aurait gagné à faire durer le suspense et la surprise bien longtemps. Néanmoins, saluons l'effort consenti par le réalisateur qui a su mettre à l'écran cette belle trouvaille basée sur un simple malentendu à l'issue duquel les choses peuvent basculer et vous faire ouvrir les yeux et vous guider ainsi vers un destin nouveau. Tel est le cas de ces villageois qui, un jour, voient leur quotidien chamboulé suite à un épisode si absurde mais qui les poussera enfin à prendre conscience de leur réalité faite d'injustices et partir lutter au nom de la dignité humaine et combattre ainsi l'ennemi pour libérer l'Algérie du joug colonial.