Les forces paramilitaires ont attaqué dimanche le quartier général (QG) de l'armée dans le centre de Khartoum pour la deuxième journée consécutive, ont rapporté des témoins, au sixième mois d'une guerre entre généraux rivaux qui a fait des milliers de morts. Des affrontements ont désormais lieu autour du QG avec différents types d'armes, ont déclaré des témoins par téléphone depuis Khartoum. D'autres ont fait état d'affrontements dans la ville d'El Obeid, à 350 kilomètres plus au sud. Les combats entre l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR) de son ancien adjoint, Mohamed Hamdan Daglo, se sont intensifiés depuis samedi, provoquant des incendies dans plusieurs bâtiments clés du centre de la capitale soudanaise. Nawal Mohammed, 44 ans, a affirmé que les combats de samedi et dimanche ont été, selon elle, «les plus violents depuis le début de la guerre». Bien qu'elle vive à environ trois kilomètres des affrontements les plus proches, ses portes et ses fenêtres ont tremblé sous la force des explosions, a-t-elle assuré. Sur les réseaux sociaux, des utilisateurs ont partagé des images de flammes dévorant des monuments, des bâtiments et des tours, dont celle de la Greater Nile Petroleum Oil Company. Les images montrent aussi des bâtiments avec des fenêtres défoncées et des murs carbonisés ou criblés de balles.»C'est affligeant de voir ces institutions détruites de la sorte», a déclaré Badr al-Din Babiker, un habitant de l'est de la capitale.»Après toutes ces destructions, que leur restera-t-il pour gouverner le pays?», s'est-il demandé. Depuis son déclenchement, le 15 avril, la guerre a fait près de 7.500 morts, selon une estimation prudente de l'ONG Armed Conflict Location & Event Data Project. Elle a provoqué le déplacement de plus de cinq millions de personnes, dont 2,8 millions ont fui les frappes aériennes incessantes, les tirs d'artillerie et les combats de rue dans les quartiers de Khartoum. «C'est comme s'ils voulaient en faire une ville de cendres inhabitable», a confié Hatem Ahmed, 53 ans. Le conflit a décimé des infrastructures déjà fragiles, fermé 80% des hôpitaux du pays et plongé des millions de personnes dans une situation de famine aiguë. Celles restées dans la ville se sont réveillées dimanche en découvrant des nuages de fumée obscurcissant l'horizon, alors que le bruit des bombes et des coups de feu éclatait dans la capitale.»On entend d'énormes détonations», ont déclaré des témoins du quartier de Mayo (sud), où l'armée a ciblé des bases des FSR avec des tirs d'artillerie. Plus de 50 personnes ont été tuées la semaine dernière dans des frappes aériennes sur un marché de Mayo, selon les Nations unies, dans l'une des attaques les plus meurtrières depuis le début du conflit. Dimanche, un comité d'avocats bénévoles pro démocratie a également déploré que les combats menés depuis vendredi avaient tué des dizaines de civils. Les violences se sont concentrées à Khartoum et dans la région occidentale du Darfour, où les attaques ciblées menées par les FSR ont déclenché une nouvelle enquête de la Cour pénale internationale. Des combats ont en outre eu lieu à El Obeid, la capitale de l'Etat du Nord-Kordofan, où des témoins ont fait état d'échanges de tirs entre l'armée et les paramilitaires.