La Compagnie pétrolière algérienne pourrait se voir propulser au-devant du marché mondial du gaz, grâce aux complications induites par la grève des travailleurs des sites de production australiens de Wheatstone et Gorgon appartenant à la compagnie américaine Chevron. Bien que les dernières nouvelles provenant des sites de production gaziers en Australie, annoncent une probable reprise de la production, suite à des pourparlers concluants entre syndicats des travailleurs et les patrons de Chevron, il n'en demeure pas moins que cette situation a propulsé de nouveaux acteurs sur le marché mondial des approvisionnements en gaz. Selon plusieurs sites et experts spécialisés, quatre pays arabes pourraient se voir attribuer des parts importantes du marché gazier, parmi lesquels l'Algérie. À moins d'un coup de théâtre de dernière minute, qui viendrait brouiller les cartes, jusque-là en faveur d'un rôle émergeant de ces pays, la situation connaîtra des avancées notables en la matière. Il faut dire que la grève des travailleurs de Chevron a produit une onde de choc violente telle, que les prix ont connu une hausse importante et les marchés internationaux du gaz immobilisés. Cela est d'autant plus important que les pays occidentaux, ainsi que ceux de l'Asie s'inquiètent de la situation des approvisionnements, alors que la saison des grands froids reste imminente. Le rôle de l'Australie, dont les approvisionnements ont considérablement chuté, pourrait se voir amoindri par cette crise majeure qui a, semble-t-il profité aux quatre pays arabes cités dans les rapports des experts. Aussi, les craintes d'un resserrement des approvisionnements dû à un probable durcissement du mouvement syndical des travailleurs, a propulsé ces nouveaux acteurs sur la scène mondiale du marché gazier. Selon le site spécialisé l'Energy Information Administration (EIA), l'Australie représente le deuxième plus gros fournisseur de gaz liquéfié au monde, avec une moyenne de 10,6 milliards de pieds cubes par jour. L'un des deux sites en grève depuis plusieurs semaines, représente plus de 5% de l'offre mondiale du marché GNL. Par ailleurs, selon des rapports énergétiques fiables, les besoins de l'économie et de l'industrie asiatique pourraient croître, de manière significative, au cours de l'année 2023 à cause de l'approche de la saison hivernale, mais aussi à cause des plans de relance économique et industrielle. À elles seules, les prévisions d'évolution de la demande de gaz naturel en Chine, pourraient atteindre les 396,4 milliards de m3 au cours de l'année en cours, annoncent des experts. D'où l'intérêt des investissements dans le secteur gazier pour les pays arabes producteurs de gaz. Dans cette perspective, les plans d'investissements ambitieux de la Sonatrach, conjugués aux réserves importantes annoncées et celles en cours, ainsi que l'expertise de la Compagnie algérienne acquise dans le domaine gazier, plaident en faveur d'un rôle davantage important et prépondérant de la société pétrolière nationale dans les marchés mondiaux du gaz. En effet, jouissant des énormes réserves et de sa vaste expérience dans le domaine, le gaz algérien pourrait devenir, très tôt, la meilleure alternative dans les régions asiatiques et européennes. Cela, au même titre que le Qatar, les Emirats et le Sultanat d'Oman, qui disposent d'un potentiel considérable de réserves de gaz naturel. Dans ce sillage, il convient de rappeler les investissements colossaux et performants, consentis par la Compagnie nationale dans le sens d'un relèvement des capacités de production, de forage et de prospection. C'est dans ce sens que s'inscrit le dernier contrat signé par le Groupement TFT, incluant la compagnie pétrolière Sonatrach et TotalEnergy avec l'Entreprise nationale des grands travaux pétroliers (Engtp), portant sur un contrat d'Engineering, Procurement & Construction (EPC. Ce contrat consiste à raccorder et à mettre en production 11 nouveaux puits vers le centre de traitement existant. D'un montant de 8 milliards de dinars, ce contrat EPC, dont la complétion interviendra dans un délai de 24 mois, permettra au Groupement TFT d'atteindre une production de gaz de l'ordre de 9 millions m3/j dans une première phase. Aussi, le lancement imminent des projets des énergies renouvelables, notamment le projet des 2 000 MW, devrait changer la donne pour l'Algérie et la Compagnie nationale Sonatrach.