Si des parties s'aventurent à créer de nouvelles zones de tensions, propices à l'action terroriste en Afrique, particulièrement dans la région du Sahel, ce n'est pas la «vocation» de l'Algérie. Bien au contraire, l'Algérie n'a pas cessé de mettre en garde ses partenaires quant aux menaces qui guettent le continent menacé par la prolifération de l'activité des groupes terroristes. Elle ne manque en effet aucune tribune et forum pour pointer du doigt ces menaces multiples, tout en veillant à esquisser des solutions. Ces dernières passent souvent, selon la doctrine de l'Algérie, par l'option politique opposée à celle armée. C'est ce qui a été mis en avant par l'Algérie depuis que la crise de pouvoir a éclaté au Niger, il y a presque deux mois. Le principe a été défendu par le chef de l'Etat lors de la 78e session de l'Assemblée générale de l'ONU tenue la semaine passée à New-York. Se référant à ce principe, Ahmed Attaf a souligné, hier, l'ampleur prise par les menaces terroristes en Afrique. Le ministre des Affaires étrangères prenait part à New York à la réunion ministérielle de l'Union africaine (UA). La rencontre a débattu des «menaces terroristes accrues» auxquelles est confronté le continent africain. Le rendez-vous servira de préparation d'un Sommet africain «exceptionnel» qui se tiendra, début 2024, au Nigeria autour de la question. «Le terrorisme est devenu la menace numéro un pour la paix et la sécurité en Afrique», a affirmé Ahmed Attaf. Ce dernier fera remarquer que la menace terroriste s'est corsée en Afrique alors qu'elle a connu une régression dans d'autres régions. «Les développements récents ont clairement démontré que, si cette menace a considérablement diminué dans d'autres parties du monde, elle a augmenté de façon exponentielle sur notre continent, en particulier dans la région du Sahel», a souligné Ahmed Attaf. Ce dernier a informé ses homologues des développements dans cette région, marquée par l'expansion de ce qu'il a appelé «armées terroristes» et «équipées d'armes développées» et contrôlant de vastes territoires. Devant une telle situation exceptionnelle, le ministre a souligné la nécessité d'accorder la priorité au traitement des précarités qui marquent la région. Celle-ci compte les pays les plus pauvres. Cette région abrite également le plus grand nombre de foyers de crises, de tensions et de conflits, outre la résurgence de la menace des changements inconstitutionnels des gouvernements, aggravant ainsi les défis auxquels sont confrontés les pays et les peuples de la région. Ce constat appelle une nouvelle approche de lutte, a recommandé Attaf. «Tirant les leçons de son expérience amère mais réussie dans la lutte contre ce fléau, l'Algérie est fermement convaincue qu'une approche à deux volets est indispensable pour lutter à la fois contre les manifestations du terrorisme et ses causes profondes dans la région du Sahel et au-delà», a plaidé Ahmed Attaf. Pour ce dernier, les pays du Sahel sont confrontés à des groupes terroristes parmi les plus dynamiques et les plus meurtriers au monde, des groupes lourdement armés et équipés d'armes sophistiquées, des groupes qui ont étendu leur contrôle sur de vastes zones géographiques où ils agissent comme les autorités locales de facto, et des groupes armés capables de déployer des stratégies militaires incroyablement habiles. «Face à une menace en constante évolution, nous avons certainement besoin d'une nouvelle approche, d'un nouvel engagement et d'une action audacieuse. Le statu quo n'est plus une option, ni une position confortable», a-t-il déclaré. D'où l'appel de l'Algérie à la tenue d'une conférence internationale sur le développement au Sahel ainsi qu'à la création d'un nouveau modèle d'opérations de paix mieux adapté aux contextes de lutte contre le terrorisme. La réunion ministérielle de l'UA a été convoquée par le Nigeria et le Bureau des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme (Bnoct).