Le retour de l'Algérie au siège de l'ONU après une dizaine d'années d'absence est apprécié par de nombreuses nations arabes et africaines comme un évènement de premier plan. Et pour cause, la voix de l'Algérie dans le concert des nations n'est pas anodine et la redécouvrir après une décade de silence conforte les espoirs de nombreux peuples. À l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU, ces peuples s'étaient exprimés à travers l'Algérie. Le président de la République a, notamment dit toutes les injustices que subissent le Sahara occidental et la Palestine. Ces deux questions, inscrites à l'agenda de l'ONU et bénéficiant de résolutions dûment votées, demeurent encore sans solutions, car les peuples concernés, arabes tous les deux, n'ont pas «le bras assez long» pour recouvrer leurs droits légitimes. Dans son discours, le président Tebboune a clairement signifié à la communauté internationale qu'en tant que membre du Conseil de sécurité, à partir de janvier prochain et pendant deux ans, le pays de la révolution et des révolutionnaires s'activera à faire entendre la voix des Palestiniens et des Sahraouis. Le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, ne s'est pas trompé en soulignant que le chef de l'Etat «a clairement exprimé une sagesse réaliste et une sagacité politique en évoquant la situation actuelle aux niveaux régional et international». On dit, dans certains salons, que l'issue de nombre de conflits est fonction d'un rapport de force. On disait la même chose pour l'Apartheid, soutenu par les plus grandes puissances de la planète et que l'Algérie combattait sans répit. Et c'est bien, en tant que président de l'Assemblée générale de l'ONU, que l'Algérie a chassé de la réunion le représentant du régime raciste d'Afrique du Sud. On était en 1974. une vingtaine d'années plus tard, le régime raciste tombait. C'est aussi l'Algérie qui a donné au leader palestinien Yasser Arafat l'opportunité de s'adresser à tous les dirigeants de toutes les nations à partir de l'ONU. Si l'on doit faire le bilan du retour d'un président algérien à l'Assemblée générale de l'ONU, l'on marquera cet élan «tiers-mondiste» que l'on a vu revivre sous le dôme de la vaste salle qui a été le théâtre de tant de scènes qui ont fait l'Histoire moderne de l'humanité. Et c'est dans cette salle que le chef de l'Etat a réclamé un statut d'Etat de plein exercice pour la Palestine. Nous sommes en septembre 2023. Cette revendication ne sera pas emportée par les flots de l'Histoire. Les combats précédents de l'Algérie en attestent. Cela, en plus de la nécessaire réforme de l'ONU pour faire entendre les voix des sans-voix. Le discours du président Tebboune n'a pas été très applaudi par la galerie. L'enthousiasme des «petits» était réel dans les couloirs de l'ONU. Ils savent qu'à partir de janvier 2024, le Conseil de sécurité n'aura pas le temps de ronronner. L'Algérie y campera le rôle de porte-étendard des nations qui refusent le diktat des puissants. Le retour de l'Algérie a suscité l'intérêt d'hommes et de femmes de pouvoir, dont le poids dans leurs régions et dans le monde n'est plus à démontrer. Ainsi, le président suisse, Alain Berset, le chef de l'Etat turc, Tayyip Recep Erdogan et la Première ministre italienne, Giorgia Meloni ne sont pas des parvenus. Ce sont des leaders incontestés dans leur pays et acteurs majeurs de la politique régionale et mondiale. L'une et les autres pèsent dans la décision de l'Europe et conservent de puissants leviers géopolitiques et financiers. En plus de ces interlocuteurs européens, le président de la République s'est entretenu avec deux membres des Brics, le Sud-Africain, Cyril Ramaphosa et l'Iranien, Ebrahim Raïssi. Un grand Africain et un autre de même dimension du continent asiatique. Ils constituent dans leurs régions respectives des pièces maîtresses. On devine clairement, à travers le profil des interlocuteurs, une détermination du président Tebboune de faire émerger des axes, de construire une nouvelle approche qui favoriserait un partenariat mutuellement bénéfique entre l'Afrique, l'Asie et l'Europe. Il n'est pas dit que cela débouche, mais toute action politique a besoin de temps pour mûrir. Une maturité actuellement nécessaire pour le continent africain. Et en cela le chef de l'Etat a choisi des interlocuteurs clés. Le chef de l'Etat du Ghana Nana Akufo-Addo, la vice-présidente ougandaise, le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo et celui du Libéria, George Weah constituent autant de personnalités avec lesquelles le dialogue peut être fécond. Enfin, le président Tebboune a rencontré le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Dennis Francis, le président palestinien, Mahmoud Abbas et le SG de l'Organisation, Antonio Guterres.