La situation s'est détériorée en Afghanistan où les attentats ont repris, comme celui d'hier dans la capitale Kaboul. Un attentat suicide a été perpétré hier près de l'ambassade US à Kaboul faisant 13 morts, dont deux soldats américains, et plusieurs blessés. Cet attentat survient au moment où l'Alliance atlantique, qui tente de pacifier le sud de l'Afghanistan, a fort à faire se trouvant en difficulté face aux attaques des talibans qui donnent l'impression de s'être réorganisés jusqu'à aller à des confrontations avec les armées de la coalition. La capitale afghane, Kaboul, épargnée jusqu'ici par la violence, a été secouée hier par une forte explosion. L'attentat, qui eut lieu à proximité de l'ambassade américaine, dans l'un des quartiers, supposé le plus sécurisé, de la capitale, a visé un convoi militaire américain. Onze civils afghans et deux soldats américains ont été tués selon un premier bilan, qui aurait pu être plus lourd si l'attentat avait eu lieu un jour ouvrable, vendredi étant un jour de repos, qui a fait que peu de monde se trouvait dans cette artère habituellement très fréquentée de Kaboul. Selon le témoignage d'un policier afghan rapporté par les agences de presse: «C'était une explosion énorme, soudain tout est devenu noir (...) je me suis jeté au sol et en me relevant j'ai vu deux de mes collègues blessés», a-t-il dit. Les talibans qui retrouvent leur verve, depuis la chute du régime islamique à la fin de 2001, ont revendiqué hier l'attentat. «L'attaque à Kaboul a été exécutée par un moudjahid du nom de Shah Wali qui réside dans la province de Nangarhar», dans l'est du pays, a déclaré un porte-parole des talibans. Ce genre d'attentats commence à devenir monnaie courante ces derniers mois où plusieurs attaques suicide similaires ont eu lieu, comme celui de lundi dernier au cours duquel un soldat britannique a été tué à Kaboul sur la route de Jalalabad, un parcours très fréquenté par les convois militaires afghans et de la coalition internationale. De fait, depuis le début de l'année, quelque 90 soldats étrangers ont été tués au combat ou dans des attentats en Afghanis-tan. Selon un commandant des forces britanniques, le général Ed Butler, dont les contingents se trouvent aux avant-gardes dans le sud, la situation en Afghanistan s'est sérieusement détériorée ces derniers mois dans le Sud afghan où les forces de la coalition sont confrontées, indique-t-il, à des «combats d'une extraordinaire intensité». Selon le général Butler, «les Britanniques sont l'objet d'attaques pouvant atteindre jusqu'à 12 par jour. Ces attaques sont d'une extraordinaire intensité et d'une férocité bien plus grande en comparaison avec celles, prises au quotidien, en Irak». Le général Butler relève d'autre part «les renforts demandés sont actuellement utilisés sur le terrain, mais on pourrait, avec plus d'hommes, augmenter la cadence des opérations et faire le travail plus rapidement». En effet, la recrudescence de la violence et les difficultés que rencontre l'Otan dans le Sud l'ont amenée à demander de nouveaux renforts aux pays de l'Alliance, dont une réunion se tenait hier à Varsovie, dans l'objectif de renforcer les forces de l'Isaf (Force internationale d'assistance à la sécurité), placée sous l'égide de l'Otan. Des sources proches de la réunion de Varsovie ont indiqué hier que le Comité militaire de l'Otan se réunit (hier et aujourd'hui) pour examiner notamment la possibilité de soutien aux troupes alliées en Afghanistan, à la suite de l'aggravation de la situation dans le sud du pays. «La situation en Afghanistan sera l'un des thèmes les plus importants des débats au cours de la réunion» du comité, a déclaré hier le porte-parole de l'état-major polonais, le colonel Zbigniew Gnatowski. Le Comité, regroupant les chefs d'état-major de 26 pays membres de l'Otan, est la plus haute autorité militaire de l'Alliance. Par ailleurs, l'opération Medusa engagée depuis une semaine se poursuivait hier encore et aurait coûté, selon des sources proches des forces de la coalition, la vie à au moins 21 rebelles talibans tués jeudi dans le sud de l'Afghanistan, a annoncé hier l'Otan. Selon un décompte de l'Otan, près de 300 rebelles ont été tués depuis le lancement samedi, de l'opération Medusa, menée par quelque 2000 militaires des forces afghanes et de la coalition internationale.