Le Liberia, où se tiennent le 10 octobre des élections présidentielle et législatives, est un pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, toujours meurtri par quatorze années de guerre civile et une épidémie meurtrière d'Ebola. Le président sortant et ancienne star du football George Weah, qui brigue un second mandat, affrontera 19 concurrents. La plus ancienne République d'Afrique noire a été fondée en 1822 sous l'impulsion des Etats-Unis, pour d'anciens esclaves affranchis qui ont baptisé la future capitale du pays Monrovia, en hommage au président américain de l'époque, James Monroe. Elle est devenue indépendante en 1847 sous le nom de Liberia, «terre de la liberté». La domination des nouveaux arrivants a suscité de violents conflits avec les autochtones, générant une hostilité durable. Le pays a été dominé par les descendants d'esclaves jusqu'au putsch mené en 1980 par un autochtone, Samuel Doe, qui instaura pendant dix ans un régime fonctionnant par la terreur, la corruption et alimentant les haines ethniques. Capturé en 1990, en pleine guerre civile, il fut torturé à mort par les hommes du chef de guerre rebelle Prince Johnson, aujourd'hui sénateur. Quatorze ans de guerre civile quasi ininterrompue et particulièrement atroce entre 1989 et 2003 ont fait quelque 250.000 morts. Plusieurs procès ont eu lieu à l'étranger, mais aucun criminel de guerre n'a été poursuivi au Liberia. De nombreuses personnalités impliquées occupent toujours des postes économiques et politiques importants. La première guerre civile a débuté fin 1989, déclenchée par le Front national patriotique du Liberia (NPFL) du chef rebelle Charles Taylor pour renverser Samuel Doe. En 1997, après un accord de paix, Charles Taylor fut élu président. En 1999, une nouvelle rébellion éclata au nord. La guerre s'acheva par un siège de la capitale en 2003, Charles Taylor fut contraint de quitter le pouvoir en août et un «accord général de paix» fut signé. Jamais inquiété pour les atrocités commises au Liberia, il a en revanche été condamné à 50 ans de prison pour les crimes commis en Sierra Leone voisine. La décennie suivante, le Liberia fut, avec plus de 4.800 morts, l'un des pays d'Afrique de l'ouest les plus affectés par l'épidémie d'Ebola de 2014-2016. Ellen Johnson Sirleaf est devenue en 2005, aux premières élections post-guerre civile, la première femme élue chef d'Etat en Afrique. Elle a été réélue en novembre 2011, un mois après avoir obtenu le prix Nobel de la paix. Deux fois emprisonnée dans les années 1980 du temps de Samuel Doe, la «Dame de fer» a centré son action sur la lutte contre la corruption et pour de profondes réformes institutionnelles. Le pays de 5,3 millions d'habitants est le deuxième pavillon de complaisance au monde, et avait fin 2022 fortement réduit l'écart avec le leader, le Panama, en termes de tonnage brut, selon la Lloyd's List. Les 5.413 navires (plus de 500 tonneaux de jauge brute) battant pavillon libérien représentaient alors 234,7 millions de tjb, seulement 11 millions de moins que les 8.341 immatriculés au Panama, selon le spécialiste londonien du transport maritime. Les pavillons de complaisance flottent sur les bateaux immatriculés ailleurs que dans leurs pays d'origine, offrant aux armateurs des réglementations moins contraignantes, en matière de sécurité ou de droit du travail. Une petite communauté de surf a commencé à se développer dans le village de pêcheurs de Robertsport (nord-ouest) après la guerre civile, avec l'arrivée de deux Américains qui ont initié les locaux à ce sport. Robertsport compte aujourd'hui plusieurs dizaines de mordus. Les plages spectaculaires, les rouleaux et les eaux chaudes attirent aussi des visiteurs étrangers, principalement de France, Royaume-Uni, Suisse et Etats-Unis. «Les gens sont accueillants, les plages sont très propres, les vagues sont au-dessus du lot», vante le surfer local Philip Banini.