Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounès Magramane, a coprésidé, hier à Washington, avec la secrétaire d'Etat adjointe au département d'Etat américain Barbara Leaf, les travaux de la 6e session du dialogue stratégique algéro-américain. Un rendez-vous prévu de longue date, mais qui intervient, actualité oblige, dans un contexte explosif au Moyen-Orient qui voit Alger et Washington adopter des postures diamétralement opposées sur le conflit israélo-palestinien. Mais, alors que l'Algérie apporte son soutien indéfectible au peuple palestinien et appelle la communauté internationale à le protéger contre l'agression israélienne, l'administration US apporte, au contraire, un appui clair et assumé à l'entité sioniste, dont les bombardements de l'enclave palestinienne de Ghaza ont fait plus d'un millier de morts parmi les Ghazaouis. Il reste que cet accès de violence n'a pas empêché la tenue de cette rencontre, ce qui constitue en soi un motif de satisfaction et confirme la solidité d'une coopération économique qu'Alger comme Washington ont toujours souhaité prospère. Il convient de rappeler, à ce propos, que l'on enregistre quelques success-story dans le partenariat entre les deux pays, à l'image de l'intéressant investissement de General Electric et Sonelgaz dans les turbines électriques. Le haut fonctionnaire algérien a conduit aux Etats-Unis «une importante délégation multisectorielle», note un communiqué du ministère des Affaires étrangères, relevant ainsi une volonté d'Alger de concrétiser des projets concrets. Le maintien de cette rencontre dans le contexte que l'on sait est de nature à encourager le secrétaire général du MAE, dont la mission essentielle sera d'examiner avec Mme Leaf, «les grands axes de la coopération algéro-américaine». Celle-ci a identifié des axes de travail précis, «notamment dans les domaines de l'énergie, de l'enseignement supérieur, des start-up, de la culture ainsi que des transports», rapporte la même source. Signe d'un taux d'avancement appréciable dans le dialogue économique entre les deux pays. Il convient de rappeler, à ce propos, plusieurs visites en Algérie d'opérateurs américains versés dans l'agriculture, l'industrie mécanique, le tourisme et autres filières. Le Conseil d'affaires algéro-américain que préside l'Algérien Smaïl Chikoune a su défricher le terrain, d'ailleurs rendu plus «praticable» par le nouveau Code des investissements et l'abandon de la règle des 51/49 dans de nombreux secteurs d'activité pour les investisseurs étrangers. L'identification de «filons» de partenariat permet d'ores et déjà aux opérateurs économiques américains d'avancer leurs pions dans un pays qui offre des avantages comparatifs, sans commune mesure de par le monde. Le coût de l'énergie et de la main- d'oeuvre, la qualification de la ressource humaine, ainsi que la disponibilité de matières premières et d'infrastructures de base propulse l'Algérie sur le podium des meilleures destinations africaines pour l'investissement. Les Américains ne devront pas se tromper, au regard de l'intérêt que portent à l'Algérie des géants chinois et un immense groupe malaisien, prêt à mettre 6 milliards de dollars sur la table. Ainsi, pour un tas de raisons, cette 6e session du dialogue stratégique algéro-américain a toutes les chances de déboucher sur des projets concrets au plan économique. Il reste que dans le mot «stratégique», il y a les intérêts géopolitiques de l'un et l'autre pays. Sur le sujet, le communiqué du MAE annonce des discussions qui «porteront sur les questions de l'actualité régionale et internationale d'intérêt commun». On voit mal les deux hauts fonctionnaires algérien et américain éviter l'actualité moyen-orientale du moment. Mais du seul fait du maintien de cette rencontre, on imagine que Lounès Magramane et Barbara Leaf afficheront chacun la conviction de leur pays et respecteront rigoureusement les deux points de vue. Faut-il souligner que le dialogue stratégique Algérie-USA est autrement plus lourd pour se briser sur la question du conflit israélo-palestinien. Aussi, les deux responsables ont évoqué l'incontournable dossier de «la coopération en matière de lutte antiterroriste», note le même communiqué. Il convient de préciser enfin que cette session intervient au lendemain de la visite de travail, en août 2023, à Washington, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf et «constitue un jalon important de consolidation des relations bilatérales, de coopération et d'échange entre les deux pays», conclut la même source.