Une escapade en Kabylie profonde, des temps immémoriaux, et l'oeuvre prend forme sous les inspirations d'un écrivain qui, loin de s'oublier, cherche plutôt à se retrouver. A la faveur d'une plume inspirée, la pensée vagabonde dans les ténèbres du XIXe siècle. Pas à pas, une recherche s'érige pour s'intéresser de plus près à ces noms illustres dont on entend parler et qui ont, à eux seuls, fait l'histoire d'un peuple et d'un pays. Arezki L'bachir -Histoire d'honneur n'est autre que le titre de l'ouvrage du journaliste-écrivain Younès Adli qui, lors d'une rencontre vente dédicace nous révèlera le fond de sa pensée et son intention à redonner une nouvelle vie à ces noms qu'on respecte, mais dont on ne sait pas grand-chose... et pourtant... Tout le secret réside donc dans la révélation de ces personnages lointains certes, mais toujours présents, et même en souvenir susceptibles de donner encore d'honorables exemples de bravoure aux nouvelles générations. «Pour cela, nous dira Younès Adli, il va falloir mettre toute la lumière sur leur vécu et leur itinéraire, afin de nous permettre de reconstituer notre histoire et dévoiler l'objectif d'un peuple fier de ses origines». Pourquoi le XIXe siècle précisément? «Eh bien tout simplement parce que c'était un siècle marquant un début révolutionnaire. Les premières palpitations coloniales, et les dépassements qui en découlaient ont provoqué la révolte qui, de son côté, a engendré la résistance. Pour ce fait... des hommes comme Arezki L'Bachir ont donné l'exemple en s'improvisant «justiciers» pour combattre les dépassements d'une administration arbitraire. Le Kabyle a toujours été libre et fier... et porter atteinte à ces deux pôles, c'est quelque part le noyer intentionnellement.Voilà donc pourquoi ces pionniers, refusant de plier l'échine sous le joug colonial, décidèrent de se faire eux-mêmes justice». Ceci dit... et pour revenir à l'ouvrage, certains passages nous renseignent à plus d'un titre sur l'organisation d'un rebelle nommé Arezki L'Bachir, et son combat dans le seul but de faire régner une certaine justice dans ces montagnes aussi rudes que leurs habitants. Arezki L'Bachir mettra tout d'abord en garde Brussiau le garde forestier contre le sous-paiement des bûcherons, qui non seulement trimaient en esclaves soumis sur leurs propres terres spoliées mais s'exposaient aussi à l'humiliation et aux mauvais traitements sans riposte aucune. «Pourquoi vous laissez-vous voler de la sorte sans réagir...» leur reprochait Arezki, qui, entre-temps, aurait constitué un maquis organisé composé de contumaces et de ceux qui étaient molestés par l'administration. En compagnie de son bras droit, Amar Oum'rai, et de plusieurs centaines d'hommes acquis à sa cause, Arezki L'bachir sillonnera les maquis d'Azazga, Yakouren, la vallée de la Soummam, avant de sillonner toute la Kabylie et mener un combat indéterminé contre l'administration et ses alliés. Concessionnaires entre caïds, amins, auxiliaires... Malgré la pression des autorités l'empoisonnement de sa femme Tassaâdit et de son fils Salem encore nourrisson, puis de sa soeur Ferroudja, de son père Ouali Naït Ali (Bachène Ouali) et la déportation de plusieurs combattants en Nouvelle Calédonie, et au bagne de Cayenne en Guyane française ceci quand ils ne sont pas purement et simplement exécutés Arezki L'Bachir demeurera impassible, voire méprisant plus que jamais envers cette administration venue le provoquer chez lui. Sa tête mise à prix et négociée par les plus hautes autorités, renforcera davantage sa détermination à mener une bataille sans merci contre cette injustice qui s'immiscera même dans l'organisation de la «djemaâ», le conseil ancestral des tribus kabyles. Rien n'arrêtera désormais celui qu'on surnomme «le roi de la forêt» et dont la poésie populaire louait le courage tandis que les femmes faisaient ses éloges. Sa fin provoquée par la traîtrise de Belkacem, un caïd allié aux Français, n'en sera que plus héroïque et glorieuse puisque, après plusieurs procès houleux, l'exécution d'Arezki et de ses compagnons aboutira sur la tranchante conclusion de l'ancien procureur général d'Alger Flandin, qui, faisant cas des «bandits kabyles», dira: «Si en Kabylie il y a plus de bandits que partout ailleurs, la faute revient aux expropriations, ou pour être plus explicite à ceux qui font pratiquer l'expropriation, c'est-à-dire les colons européens, devenus créanciers hypothécaires des Kabyles...» Le livre écrit dans un style simple et accessible renseigne à plus d'un titre sur le but de l'auteur. Après un premier essai Si Mohand ou Mhand - Errance et révolte édité à compte d'auteur en avril 2000, puis réédité par Paris-Méditerranée Edif 2000, en mai 2001, Younès Adli nous revient donc avec un ouvrage tout aussi excellent Arezki L'Bachir - Histoire d'honneur, un livre à lire absolument. En attendant, le train est toujours sur les rails, et la locomotive s'ébranle déjà vers une autre destination. Amar Oumer'ai, ou Bachir Amellah peu importe, puisque les deux biographies sont prévues, tandis que sur le quai un plateau de tournage s'improvise. L'auteur et le producteur Yazid Khodja se donnent l'accolade pour un itinéraire cinématographique cette fois-ci. Un éventuel tour de manivelle quant à l'adaptation de l'ouvrage Si Mohand ou Mhand - errance et révolte à l'écran. Le réalisateur n'en sera autre que Djamel Belouad qui est d'ores et déjà sur le terrain pour la prospection des paysages requis pour le tournage prévu en juin 2002. La sortie de la première bande originale en version kabyle sous titrage français est attendue pour la fin de l'année 2002. En collaboration avec l'Entv, Canal + Horizons, Beur FM et le ministère de la Culture, le film semble bien ancré et le lancement éminent si toutefois tous les moyens sont réunis au moment opportun. Un avant-projet pour le tournage de l'ouvrage Arezki L'Bachir est en palpitation et la réalisation sera confiée cette fois-ci à Djamel Boubela.