Que d'images fantastiques et surréalistes le mythe de l'Orient n'a-t-il pas inspirées! Subjuguée fut cette Algérie qui fascinera de tout temps les artistes de l'autre rive de la Méditerranée. A bord de navires, ils iront dès le XVIIe siècle, à la découverte d'une nouvelle ambiance, des atmosphères exotiques, celles d'un Orient bercé par les mythes. Un Orient si près d'eux géographiquement par ailleurs et pourtant si éloigné par sa culture. Intarissable source d'inspiration fut El-Djazaïr, pour ses indomptables voyageurs, laquelle El-Djazaïr alimentera leur imaginaire par un tas d'images fantastiques et surréalistes.... Outre les oeuvres poétiques qui respirent la sensibilité du début, une nouvelle vision orientaliste s'installera par la suite, dès le XIXe avec l'affirmation de la visée colonialiste de la France. Cet art particulier laissa de nombreux témoignages qui forment aujourd'hui de précieuses collections conservées dans de nombreux musées et institutions en France, mais aussi en Algérie. Il s'agit d'une série d'oeuvres algériennes d'artistes orientalistes, telles des aquarelles et des estampes relatant des épisodes de l'histoire mouvementée de notre pays et illustrant les multiples facettes de sa culture. Ce trésor insoupçonné que renferme le musée national des Beaux-Arts fait l'objet actuellement, et ce depuis mercredi dernier, d'une exposition qui s'inscrit dans le cadre du mois culturel européen qui s'achève ainsi avec cette manifestation. L'exposition rassemble quelque 200 à 250 oeuvres d'environ 140 artistes dispatchés entre oeu-vres peintes, dessinées, aquarelles et gravées, issues à la fois de la collection de peintures et du cabinet des estampes du musée, qui s'offrent au regard du visiteur. De superbes oeuvres qui nous invitent à un voyage à travers la découverte de notre pays qui s'étale sur près de 3 siècles (XVIIIe, XIXe et XXe siècles). L'exposition «Les peintres voyageurs» se propose de mettre en exergue deux aspects essentiels de sa représentation, à savoir ses dimensions historiques et esthétiques. Au-delà de l'aspect purement esthétique que l'amateur d'art aura à apprécier, l'expo se veut, selon ses organisateurs, être l'amorce d'une réflexion plus vaste sur la place réelle qu'ont occupée en Algérie ces peintres voyageurs. Située au second étage du musée, l'expo se subdivise en trois parties ; la première a trait aux peintures dont l'attrait de l'Orient a suscité un réel engouement pour le renouvellement plastique ou comme un moyen pour accompagner la conquête et la colonisation des rives du Sud de la Méditerranée. Aussi, de nombreuses visions nous sont révélées : les Turqueries avec Lotard et Hilaire... La guerre d'indépendance grecque et La conquête de l'Egypte ainsi que les Randonnées au Proche-Orient avec Isabey, Champmartin, Descamps, Dauzats et l'Anglais Clayton. Les grandes étapes de la colonisation de l'Algérie au début du XIXe siècle sont illustrées par ces peintres «officiels», Raffet, Geney et Horace Vernet. Un portrait à la plume de l'émir Abdelkader à bord du Minas et esquissé par Pirou, relève d'une attention particulière. Des oeuvres traduisant un intérêt ethnographique certain pour le pays sont également à découvrir. Ce sont des oeuvres des trois grands maîtres du romantisme, Delacroix, Chasseriau et Dehodincq qui achèvent cette première partie sans oublier cette vitrine qui contient notamment l'oeuvre poétique de Lord Byron et les carnets de croquis du voyage au Maroc de Delacroix et ses mémoires. La seconde partie de l'expo est consacrée aux oeuvres de certains artistes qui s'adonneront au tourisme artistique en Algérie à la seconde moitié du XIXe siècle. Des artistes à l'image d'Eugène Fromentin et Gustave Guillaumet qui annonceront la création d'une école nouvelle et diversifiée «L'école d'Alger». Une salle est, en outre, consacrée aux oeuvres inspirées par le Maroc et l'Egypte qui n'ont jamais été exposées. La troisième partie de l'expo nous fait plonger dans l'univers plastique de Nasreddine Etienne Dinet ainsi que les promenades algériennes des Belges Verschaffelt, Evenpoel et Deckers, sans oublier des productions plus contemporaines d'artistes européens telles celles de l'Anglais McEwen. Le voyage prend fin avec les splendides atmosphères d'Albert Marquet et l'oeuvre onirique de Palayo. En somme, que de belles pérégrinations au royaume des couleurs, des paysages et des hommes. Unique en son genre, cette exposition s'étalera jusqu'à la fin du mois de septembre.