Hormis le rapport de la Commission de suivi de l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, d'autres commissions remettront leurs comptes rendus. Deux semaines après l'expiration du délai fixé par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, le président de la République attend l'élaboration de tous les rapports des commissions en rapport avec l'application des textes de lois pour évaluer et prendre de nouvelles mesures. Hormis le rapport de la Commission de suivi de l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, d'autres commissions remettront leurs rapports, et il s'agit, notamment de celles mises sur pied au niveau de la justice, des services spéciaux et celle rattachée à l'extérieur, et qui a pris langue avec les consulats d'Algérie à l'étranger, en vue d'assainir le dossier d'islamistes vivant en Europe et aux Etats-Unis. Le président de la République écoutera aussi les compte-rendus de ses principaux collaborateurs et émissaires dûment mandatés pour prendre attache avec les leaders islamistes à l'étranger, et qui avaient présenté à Bouteflika, avant le début de l'été, un prébilan positif, mais qui, aujourd'hui, ne paraît pas aussi reluisant. En fait, les premiers résultats obtenus, au bout six mois de contacts et d'application des mesures de la Charte, ne sont pas -loin s'en faut- à la mesure des attentes suscitées auprès du peuple. Le président de la République, qui a observé une longue période de silence, est le premier à le savoir, lui qui comptait bien arriver à de meilleurs effets, et justifier de ce fait, les choix difficiles qu'il avait pris dans un environnement hostile Aussi, les décisions qu'il prendra obéiront à plusieurs paramètres. A commencer par les cas non inclus dans la Charte et qui ont surgi par la suite comme étant des épisodes douloureux de la guerre, tels le drame des femmes violées ou celui des prisonniers des camps du Sud. Evidemment, pour les repentis, il n'y a pas de date limite, et quel que soit le jour où le terroriste déposera les armes, il sera reçu convenablement par les autorités, qui savent que chaque jour qui passe peut ramener chez lui un homme armé, et qu'il n'est pas toujours facile de quitter un groupe dont le chef condamne à mort quiconque parle de trêve ou de paix. Les responsables militaires et des parents de terroristes ont pu établir un contact avec certains membres ou groupes armés, et, là aussi, il faut prendre en ligne de compte ce fragile jeu d'équilibre. Pour les irréductibles du Gspc qui ont transposé le terrorisme sur un terrain théologique -le djihad ne s'encombre pas de négociation politique- et sont, de ce fait, intraitables, il y a lieu de revoir ce qui n'a pas fonctionné dans un processus dont on attendait beaucoup plus. Cependant, cela n'altère en rien le processus de lutte antiterroriste qui s'est toujours poursuivi de la même manière, c'est-à-dire rigoureusement, même durant les périodes dites «calmes». Le retour des leaders islamistes de l'étranger et auquel le président de la République tenait de manière très particulière, car il donne de la crédibilité et de la consistance à l'offre de paix, reste un des points les plus obscurs de cette réconciliation. Tous ceux qui avaient montré de l'engouement pour le projet de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale au lendemain de son annonce, le 14 août 2005, ni Rabah Kebir, Abdelkrim Ghemati, Ould Adda, ni Noui, Anouar Haddam ou Djaffar al-Houari, que le Président avait pu convaincre de rentrer, n'avaient regagné Alger au 28 août 2006, date de la fin de la période de grâce donnée par les autorités aux islamistes pour assainir leurs dossiers litigieux. Leur retour, on le sait, ne s'est pas fait comme prévu, d'autant plus que la nomination de Belkhadem à la tête du gouvernement avait laissé entrevoir les meilleures chances de réussite. L'impression que donnent ces anciens dirigeants du Fis dissous est que des «entraves sont mises sciemment par des clans connus pour faire échouer la paix». La quasi-totalité de ces leaders ne tarissent pas d'éloges sur le président de la République et les responsables des renseignements, qu'ils créditent d'une volonté sincère de réconciliation, mais estiment que les jeux d'équilibre restent flous pour permettre une meilleure évaluation des choses dans leur ensemble. Selon un des leaders de l'ex-Fis à l'étranger, «les membres de l'instance exécutive du parti dissous à l'étranger ont rempli les démarches de régularisation auprès des autorités consulaires depuis treize semaines, et il était prévu que les délais d'étude des dossiers ne dépasseraient pas les six semaines».On estime à un millier les dossiers des islamistes vivant dans quinze pays d'Europe et qui attendent d'être traités, et seulement une vingtaine ont pu recevoir une réponse les deux dernières semaines. Voilà où en étaient les choses au 26 août dernier, et on devine, dès lors, la colère du président Bouteflika, qui avait exigé, en pleine période de vacances, le retour des magistrats afin d'instruire les dossiers en instance.