Pour étouffer le scandale, le Palais tente une diversion avec les propos du pape sur l'islam. Bourrasque au Royaume. Après la découverte, il y a quelques jours, des tombes où seraient inhumés deux opposants tués lors des événements de 1973 au Maroc dans un cimetière d'Errachidia (600km au sud-est de Rabat), voilà qu'une autre affaire secoue le Maroc: le directeur de la sécurité des palais royaux, Abdelaziz Izzou, est impliqué dans une affaire de drogue. Plus grave encore pour la monarchie, il ne s'agissait pas d'un acte isolé mais d'un réseau qui infestait le Palais depuis des années. Sur les aveux de Mohamed Kherraz, un narcotrafiquant notoire, arrêté en août dernier, 17 personnes, toutes proches des services de sécurité marocains, sont arrêtées et déférées devant le parquet de Casablanca. Dans cette association sont impliqués des commissaires, des officiers supérieurs, des inspecteurs appartenant à la Sûreté, des gendarmes ainsi que des caïds provinciaux. Certaines de ces personnalités proches de la cour royale ont été mises en détention préventive, d'autres sous contrôle judiciaire, avec retrait de passeport et interdiction de quitter le territoire national. La justice marocaine tente de sauver ce qui reste des meubles. Aussi, le parquet de Casablanca a-t-il annoncé qu'il devait les poursuivre pour «crimes de trafic de stupéfiants et contrebande à l'échelle internationale, corruption, abus de pouvoir, non-dénonciation d'un criminel recherché par la justice, organisation de l'émigration de personnes à l'étranger de manière illégale et fréquente, aide et participation à l'émigration clandestine». Mais, selon le même parquet, l'enquête n'est pas terminée sur les ramifications de ce réseau au sein des services de sécurité marocains. «Ces investigations ont également conclu à l'existence de liens entre ces personnes avec nombre de fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, de la gendarmerie royale, de la police et des Forces auxiliaires», indique un communiqué du parquet de Casablanca. Les retombées de cette affaire ne se sont pas fait attendre: le directeur général de la Sûreté marocaine, Hamidou Laânigri, est limogé et affecté aux Forces auxiliaires. Voilà donc qui explique la nomination, le 13 septembre dernier, de Charki Draïss à la tête de la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) en remplacement du général Hamidou Laânigri. Ce secret de la cour a débordé dans la presse. Les journaux marocains ont affirmé qu'«il ne s'agit pas de la faillite d'un homme mais de celle d'un système». Un fait inhabituel, les mêmes journaux n'ont pas mis de gants pour relever que les narcotrafiquants ont toujours bénéficié de «protections» et de «largesses» auprès des autorités locales marocaines. «Cela fait 50 ans que des officiels (ou des officiers) de haut rang couvrent tous les trafics possibles et imaginables: drogue, mais aussi carburant, devises, contrebande, et même des chameaux!» relève, en effet, certains titres de la presse marocaine. Le scandale a éclaboussé le Palais royal qui n'a pas trouvé mieux que de faire diversion, notamment avec l'affaire de Benoît XVI. Craignant une réplique de la mouvance islamiste, le Maroc a, en effet, décidé de rappeler en consultation son ambassadeur au Vatican à la suite des «propos offensants» du pape, a annoncé, hier, le ministère marocain des Affaires étrangères.