Célébration du 191e anniversaire de la seconde allégeance à l'émir Abdelkader. Cet événement historique porte une dimension politique par excellence, au vu de la nature et du contenu de la démarche, à savoir la proclamation de l'allégeance comme signe de rupture avec ce qui existait comme mode de gestion politique et l'entame d'une nouvelle ère faite d'une approche visant à redonner à l'Algérie une connotation géopolitique et une identité politique authentique. Avec cette proclamation d'allégeance à l'émir Abdelkader, l'Algérie est entrée dans ce que les historiens appellent «le projet de modernité» et les balbutiements d'un Etat en gestation. C'est l'émir Abdelkader qui était derrière la première expérience d'asseoir les jalons d'un Etat moderne, avec tout ce que cela entraîne comme moyens et attributs en rapport avec la définition de l'Etat. Il avait une conception qui lui a permis d'aller sans ambages vers la mise en branle d'un Etat digne de ce nom. Il avait mis en place une stratégie militaire et politique à même de montrer les signes et les critères d'un Etat moderne. Les historiens qui ont étudié la période où l'émir Abdelkader combattait l'armée coloniale française, ont reconnu en lui la capacité d'un dirigeant politique et militaire qui a su mettre en place «l'autorité exécutive de l'Etat algérien moderne». L'émir Abdelkader avait une vision dans l'organisation de la gouvernance et les institutions de l'Etat moderne. La résistance populaire qu'il avait menée, était pour beaucoup dans la cristallisation de l'idée d'asseoir une nouvelle démarche politique d'organisation et de gouvernance. La Smala était l'expression édifiante et remarquable de l'Etat de l'émir Abdelkader. C'est là un coup de génie dont l'émir a fait preuve pour répondre aux exigences de la guerre et des batailles qu'il menait contre l'armée coloniale. Les historiens qui se sont intéressés à parcours et à l'oeuvre de l'émir Abdelkader, ont été unanimes à qualifier la deuxième allégeance qui a été faite en 1933, comme étant une opportunité pour «consacré les règles de la démocratie dans l'Etat algérien moderne». À ce propos, l'historien Hamaïdi Bachir a souligné que «la deuxième allégeance à l'émir Abdelkader, qui a eu lieu à la mosquée Sidi Hassan de Mascara, était un événement important qui a jeté les bases de la démocratie de l'Etat algérien moderne, en accordant à l'émir une légitimité populaire à travers la «Moubayaâ» (allégeance) par des habitants de plusieurs régions du pays», et d'ajouter: «Cette prestation de serment fait office «de référendum populaire afin de choisir l'homme qui conduira le Djihad contre l'occupation française, et combler un vide politique provoqué par la tombée d'Alger aux mains de l'occupant, entraînant l'effondrement des institutions de l'Etat, qui existaient avant la création de l'Etat de l'émir», a-t-il noté. L'allégeance a été le prélude à la création de l'Etat algérien unifié. D'ailleurs les historiens ne cessent de rappeler la création, par l'émir Abdelkader, de «neuf wilayas dirigées par des khalifa, en plus de la construction d'une usine d'armement à Miliana (Aïn Defla)», attestent les historiens. Ceux-ci ont rappelé les raisons qui ont permis aux populations algériennes de faire allégeance à l'émir Abdelkader; la première qui a été faite le 27 novembre 1832 sous l'arbre de Dardara, dans la région de Ghriss, avait comme objectif «d'asseoir la légitimité de l'émir afin qu'il mène le Djihad contre l'occupation française et diriger le pays, après l'époque ottomane en Algérie de 1518 à 1830». La deuxième qui a été faite en 1833 était l'expression, selon l'historien Boungab Mokhtar, de «l'habileté et du génie du fondateur de l'Etat algérien et sa capacité à unir les tribus du pays sous son commandement, de diriger le Djihad et d'accomplir des réalisations politiques, militaires, économiques et diplomatiques, dont l'établissement de relations avec les chancelleries de nombreux pays du monde», a-t-il souligné. Le consensus a été fait par les historiens qui ont tous exprimé l'idée que l'émir Abdelkader a eu le mérite d'engager l'Algérie à travers sa résistance armée contre le colonialisme français dans un processus de gouvernance et d'organisation qui a posé les jalons de l'Etat moderne.