Le secrétaire général du RND a présidé, ce week-end, le premier conseil national depuis sa démission du gouvernement. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique, RND, M.Ahmed Ouyahia, a affirmé que l'Algérie ne retournera pas à la situation qui a prévalu en 90. «Le peuple a fait son choix le 29 septembre. Au RND, nous respectons la volonté populaire dont nous sommes convaincus de sa justesse». Ouyahia s'est vu obligé de faire cette référence de taille en réponse à une question relative au souhait affiché par le dirigeant de l'ex-FIS, M.Rabah Kebir, de retourner à la scène politique nationale: «Avec tout le respect que porte le RND aux hommes politiques, je dirai que le retour de Rabah Kebir en Algérie n'est pas un événement singulier, même si l'on retient cet aspect positif qui découle de son intention de convaincre les terroristes à renoncer à leurs activités armées». Mais, comme insiste l'orateur, à l'occasion de la conférence de presse organisée au terme des travaux de la 6e session du conseil national «La charte est claire sur ce chapitre. Elle interdit les activités politiques à ceux qui, de par leurs idées ou leurs discours ont semé les germes de la violence en Algérie». Même s'il ne le nomme pas, Kebir fait partie de cette catégorie de personnalités, selon le SG du RND. «Non à l'amnistie générale» Dans le même volet, l'ex-chef de gouvernement s'est prononcé contre l'amnistie générale. «Nous sommes contre cette démarche. Souvent l'on a tendance à utiliser les concepts sans en mesurer les conséquences», défend-il. La question est d'une extrême sensibilité. «La nation, ajoute-t-il, s'est prononcée pour la charte, qui, elle, est porteuse d'un rejet catégorique d'une politique qui se rapproche de l'amnistie». Hier, ce parti de l'Alliance présidentielle a marqué ses distances avec les thèses soutenues par M.Boudjerra Soltani, président du MSP, lequel ne voit pas d'inconvénient à un recours à l'amnistie générale, et favorise le retour des dirigeants du l'ex- FIS sous la casquette d'un nouveau parti politique. Ouyahia en est conscient: «Au sein de l'Alliance, les trois partis concernés s'échinent à soutenir le programme du président de la République. Et à respecter les 11 principes contenus dans la charte. Il ne s'agit point d'une fusion ou d'un bloc qui défend les mêmes positions politiques.» Sans aller jusqu'à stigmatiser les opinions de son allié islamiste, le conférencier a soutenu que «la politique nous oblige à être en rapport avec ce qui se passe sur le terrain». Et le terrain, a-t-il laissé croire, est favorable aux idées du RND. A l'occasion de la première conférence de presse qu'il a animée depuis son départ de la chefferie du gouvernement, Ouyahia, conforté par l'appui «indéfectible» de ses militants, explicité dans la résolution organique du parti, votée à l'unanimité par les membres du conseil national, s'est montré sûr de lui. Aucun signe de perturbation, encore moins de gêne. Usant d'un ton tranchant, il s'est engagé à répondre «sans équivoque» aux questions des journalistes, venus nombreux couvrir cette activité partisane, à l'hôtel El Riadh à Sidi Fredj, qui a connu des mesures de sécurité particulières. Le conférencier a estimé que la page de la crise politique est tournée depuis que le peuple est retourné aux urnes. Que pense-t-il de la prorogation des délais de la charte? «Le RND apporte son soutien au président de la République pour toute mesure qu'il jugera appropriée de prendre, le moment venu, conformément au mandat que le peuple souverain lui a donné en la matière et conformément à la législation adoptée pour l'application de la Charte pour la paix». En somme, le président soutiendra le prolongement des délais de six mois impartis aux terroristes, si M.Bouteflika tranche pour cette mesure.«La repentance n'a pas d'échéances, insiste-t-il. Puisque la finalité du projet initié par le président étant de réconcilier les Algériens avec eux-mêmes et de rétablir la paix». Il a soutenu par ailleurs, que le terrorisme n'est plus une menace. Dans un autre chapitre, le bureau national du RND est chargé de veiller, en temps opportun, à mobiliser les rangs du parti, pour une intense participation à la campagne d'explication du projet de révision de la Constitution qui sera soumis par le président, à référendum durant cette année. «On soutient le président d'une manière constante depuis 1999. Nous sommes satisfaits de toutes ses démarches, ce qui nous amène à cautionner ce projet avant même de consulter le texte final». Pour Ouyahia, il s'agit là d'une question de confiance: «durant son discours prononcé le 4 juillet, il a tracé les lignes directrices de cette révision, lesquelles tournent autour de trois points principaux, en l'occurrence, le renforcement de l'édification institutionnelle, la consolidation de la stabilité politique, enfin introduire davantage d'harmonie entre les différents pouvoirs». Le soutien au président réitéré Concernant le troisième mandat, le SG du RND renvoie les journalistes à sa déclaration faite en 2004 à Constantine. Dans le même chapitre, il réitère le fait qu'il n'appartient pas aux partis politiques d'initier un projet portant sur la révision de la Constitution, en référence à l'initiative du FLN. Ce week-end, le RND a voulu lever les équivoques sur son appui au président, en réitérant ce choix durant le discours de son SG et en insistant sur cette position dans la résolution organique du conseil national et dans la déclaration finale. Ouyahia est revenu, hier, sur son départ du gouvernement, pour confirmer qu'il s'agissait bien d'une démission et non d'un limogeage, comme le prétendent certains. Il s'est montré peu prolixe sur les raisons de cette décision, qualifiant sa démarche d'ordinaire. «Il n'est pas inscrit dans mon extrait de naissance que je suis venu au monde pour être chef du gouvernement», ironise-t-il. Il reconnaît que ses positions de soutien au président de la République ont surpris plus d'un. «Après mon départ, j'ai remercié le président de la République pour la confiance qu'il a portée en moi, tout en réitérant l'appui indéfectible à son programme, cela peut paraître peu orthodoxe pour certains, mais je n'ai pas besoin d'expliquer mes positions», a-t-il défendu. Est-ce qu'il a rencontré le président de la République depuis sa démission? «En tant que secrétaire général du RND, je n'ai eu aucune rencontre avec lui, maintenant concernant les entrevues privées, j'imagine que cela n'intéresse personne». Ouyahia a défendu son bilan au sein du gouvernement. Il a estimé, à ce sujet, que le projet tel que celui portant sur la Fonction publique, était prêt depuis plusieurs mois. «Nous nous sommes entendus avec l'Ugta pour qu'il soit légiféré par ordonnance et pour cela il fallait attendre l' été». Cela est la preuve que le gouvernement d'Ouyahia n'a bloqué aucun dossier. Idem en ce qui concerne l'investissement et les autres projets qui ont vu le jour après son départ. «Il faut savoir qu'un texte de loi est étudié au moins pendant trois mois au niveau de la chefferie du gouvernement avant qu'il soit traité par le conseil des ministres», s'est-il adressé à ceux qui désirent accaparer les récoltes des fruits semés durant son règne à la tête de l'Exécutif. Enfin, Ouyahia a affirmé qu'il n'a pas fait de surenchère en rendant publique la déclaration du patrimoine. «Je n'ai fait qu'appliquer les lois de la République.»