Hôte de Salah Goudjil, deuxième personnage de l'Etat, la présidente de l'Assemblée nationale de la République de Madagascar, était, hier, en visite à Alger. Christine Razanamahasoa qui s'est entretenue avec le président du Conseil de la nation, a fait acte d'une mission relevant de la diplomatie parlementaire intra-africaine. Pour nécessaire qu'elle puisse paraître, cette diplomatie qui donne aux Parlements le rôle de facilitateurs, contribue à tisser des liens qui serviront plus tard aux Exécutifs. De fait, cette rencontre a permis de faire le point sur «l'état et les perspectives de la coopération escomptée entre l'Algérie et Madagascar», rapporte un communiqué du Conseil de la nation. Compte tenu des considérations géographiques, cette coopération ne pourrait pas être citée en exemple. Et c'est tout l'intérêt de la diplomatie parlementaire, puisque les deux chefs des Parlements ont échangé «les vues sur nombre de questions d'intérêt commun». Parmi les sujets abordés, le communiqué retient «la situation en Afrique et les défis majeurs à relever par les Etats et peuples africains dans un contexte de mutations internationales accélérées». Les parlementaires ont effectivement un rôle à jouer face aux tentatives de déstabilisation à grande échelle que mènent les forces du chaos, au Sahel, notamment. L'entente affichée entre Salah Goudjil et Christine Razanamahasoa constitue l'une des pierres de l'édifice africain qui devra défendre le continent contre les manœuvriers du désordre. Le président du Conseil de la nation, en diplomate aguerri a su convoquer l'Histoire pour dire à son invitée combien l'Algérie et Madagascar ont en commun la douleur d'«un passé colonial marqué par des étapes historiques similaires tels que les massacres du 8 mai 1945 qui ont fait 45000 martyrs en Algérie, suivies par d'autres massacres à Madagascar commis par l'occupant français entre 1947 et 1949, dont le bilan fait état de près de 100000 victimes». Ce martyre des deux peuples est un motif suffisant pour empêcher qui que ce soit de jouer avec la souveraineté des deux peuples. D'où, également, l'obligation de renforcer «la coopération et la coordination entre les deux parties, suivant la même voie que les premiers leaders du continent africain». Le promos et limpide et renvoie à «la communauté du destin africain, de la convergence de leurs intérêts et de la coordination des positions, notamment l'anticolonialisme». Salah Goudjil donne à ce principe immuable une fonction contemporaine, celle de «la protection des richesses des peuples africains ainsi que le renforcement de la solidarité»… et un objectif précis, celui de «réaliser leurs aspirations à la paix, à la stabilité, au développement et à la liberté». Le président du Conseil de la nation cite des exemples concrets déjà mis en place par les Africains eux-mêmes. Ils n'ont pas eu besoin d'Occidentaux pour lancer la Zone de libre- échange continentale africaine (Zlecaf). Salah Goudjil signale l'urgence d'«exploiter cette zone en vue de renforcer l'intégrité économique africaine et d'augmenter les échanges interafricains». Car, en définitive, c'est bien d'indépendance économique dont il s'agit. Evoquant la mission de l'Algérie au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, le président du Conseil de la nation n'a pas manqué de relever le vote de Madagascar en faveur de l'Algérie. Cette marque de confiance servira l'Afrique et son idéal de progrès humain. Salah Goudjil a souligné, «la détermination de l'Algérie sous la conduite du président Tebboune, à œuvrer (…) à défendre les causes justes du continent africain, en tête desquelles la consécration du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, tout en poursuivant son soutien inaliénable et inconditionnel au droit du peuple palestinien à établir son Etat indépendant avec El Qods pour capitale». Pour le deuxième personnage de l'Etat, «l'Algérie plaide également, pour mettre fin au génocide contre Ghaza, à travers, un suivi scrupuleux, au niveau du Conseil de sécurité onusien, des décisions rendues récemment par la CIJ».