Un des pères fondateurs de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a appelé mercredi à la levée des sanctions contre les pays ouest-africains dirigés par des régimes militaires issus de coups d'Etat, à l'approche d'un sommet extraordinaire prévu samedi à Abuja. La Cedeao est plongée dans une crise sans précédent depuis l'annonce fin janvier du Mali, du Niger et du Burkina Faso de leur retrait de l'organisation régionale. La région a également été secouée dernièrement par la décision soudaine du président Macky Sall de retarder les élections présidentielles au Sénégal. La Cedeao est «menacée de désunion», a mis en garde le général Yakubu Gowon, ancien chef d'Etat nigérian (1966-1975), lors d'une réunion organisée par le bloc dans la capitale nigériane. Il a exhorté les dirigeants ouest-africains à envisager la «levée de toutes les sanctions imposées au Burkina Faso, à la Guinée, au Mali et au Niger». Il a également appelé le Burkina Faso, le Mali et le Niger à reconsidérer leur décision de quitter l'organisation. «S'il vous plaît, s'il vous plaît, rejoignez, revenez», a-t-il ajouté. Les trois pays sont des membres fondateurs de la Cedeao créée en 1975, mais celle-ci les a suspendus à la suite de coups d'Etat militaires qui ont renversé des gouvernements civils élus. La Cedeao a imposé de lourdes sanctions économiques et financières au Mali et au Niger, qui sont toujours en vigueur à l'encontre du régime militaire nigérien. Lundi, les militaires guinéens, qui ont pris le pouvoir lors d'un coup d'Etat en septembre 2021, ont décrété la dissolution du gouvernement. M. Gowon a dirigé le Nigeria de 1966 à 1975, alors que la guerre civile faisait rage dans le sud-est du pays, après la proclamation de l'indépendance de la République du Biafra par les séparatistes Igbo en 1967. La guerre, la famine et les maladies ont fait plus d'un million de morts au cours de cette période. Le général Yakubu Gowon, aujourd'hui âgé de 89 ans, a rendu visite mercredi à l'actuel président du Nigeria, Bola Ahmed Tinubu, avant de prononcer son discours, selon les médias locaux. Le président de la Commission de la Cedeao, Omar Alieu Touray, a estimé que M. Gowon avait délivré un «message puissant». M. Touray, qui a confirmé la tenue samedi d'un sommet extraordinaire de la Cedeao, a indiqué à M. Gowon que «les dirigeants garderont à l'esprit votre message au cours de leurs délibérations». Dans le même sillage, au Niger plus précisément, Les avocats du président nigérien Mohamed Bazoum renversé par un putsch le 26 juillet, et retenu prisonnier depuis, ont demandé vendredi à la Cedeao d'exiger sa libération, en application d'une décision de justice, à la veille d'un sommet de l'organisation ouest-africaine. Le 15 décembre, la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) avait ordonné la remise en liberté du président Bazoum ainsi que son retour au pouvoir. «C'est la responsabilité de la Cedeao et de ses Etats membres de s'assurer que les décisions de justice soient effectivement appliquées et que le président Bazoum et son épouse soient libérés», a déclaré Mohamed Seydou Diagne, coordinateur du collectif d'avocats, dans un communiqué.