Malgré les garanties apportées par les pouvoirs publics, les investisseurs étrangers ne se bousculent pas en Algérie. La situation politique, les problèmes du foncier et les contraintes bancaires sont parmi les facteurs principaux ayant découragé plus d'un opérateur. Le marché algérien a suscité, certes, les convoitises, mais les réticences sont plus fortes que l'attrait de quelque 25 millions de consommateurs. L'Etat algérien est-il désormais apte à passer à un stade supérieur afin de provoquer le déclic? Toute la question est là, dans la mesure où l'apport des capitaux étrangers, si on veut qu'il soit à la hauteur des ambitions d'un pays comme l'Algérie, nécessite une volonté politique claire de la part des pouvoirs et un programme économique en mesure de répondre aux attentes des investisseurs potentiels, qu'ils soient occidentaux ou arabes. En toute logique, les 1200 entreprises publiques proposées à la vente dépassent, et de loin, les capacités du privé national. Il est donc bien clair que si l'Etat espère céder ce nombre important de sociétés, soit dans le cadre de la privatisation ou d'ouverture de capitaux, il est appelé à rendre son discours plus percutant et ses arguments plus persuasifs à l'égard des étrangers. De l'avis de nombreux opérateurs rencontrés, la mutation économique de l'Algérie est très laborieuse et rencontre d'énormes contraintes. Apostrophé au niveau de son usine agroalimentaire, spécialisée, entre autres, dans la fabrication de la margarine et du yaourt, sise à El Haria, à une trentaine de kilomètres de Constantine, M.Slimani est cependant optimiste: «Les choses sérieuses ne font que commencer.» «L'investissement à Constantine vient à peine de démarrer avec l'arrivée d'un nouveau wali, Abdelmalek Boudiaf. Au niveau de l'administration, toutes les contraintes sont levées», a-t-il tenu à souligner. Concernant ses projets, M.Slimani a évoqué, en plus de son usine, un parc d'attractions, Aqua Parc, d'un montant d'environ deux milliards de dinars. Ce projet et ses annexes assureront quelque 200 postes d'emploi permanents. Initialement, ce projet était prévu au niveau de la forêt récréative d'Al Baâraouia, du côté d'El Khroub, mais ce choix suscite, apparemment, quelques réticences de la part de l'administration. M.Slimani, qui est l'un des opérateurs les plus importants, est toutefois confiant quant à une solution rapide à ce problème. A l'inverse de ce dernier, M.Ben Hamadi, investisseur en agriculture et en arboriculture, est dans tous ses états. «Ma production est en péril à cause de l'intransigeance des banques, qui refusent toujours de me débloquer l'argent nécessaire à un investissement qui risque de me coûter cher», a-t-il assuré. Il a affirmé qu'il avait tout juste besoin d'un peu d'argent, mais surtout de temps. L'investissement dans le domaine des arbres fruitiers exige des années de labeur, avant de cueillir le fruit. C'est ce que, apparemment, les banques n'arrivent ou refusent d'admettre. «Cela fait une dizaine de jours, j'étais à Alger pour tenter de débloquer les choses, a-t-il dit, mais je n'ai récolté que des promesses, comme à chaque fois», a-t-il ajouté. Le projet évoqué par M.Madani est très intéressant à plus d'un titre. Il s'agit de la «délocalisation» d'une usine de médicaments belge et son installation à Constantine. Le projet est très ambitieux et il est en voie de réalisation. Son coût est estimé par ses propriétaires à environ 80 milliards de centimes. Dès son entrée en phase de fabrication, l'usine emploiera entre 120 et 160 personnes, toutes qualifications confondues, entre chimistes, biologistes et pharmaciens. L'usine produira sept médicaments. Il est à noter qu'initialement, le projet était destiné à la chimie. L'autre projet évoqué par M.Madani concerne la réalisation d'une entreprise spécialisée dans la fabrication de matériel médical. Un projet estimé à 400.000 euros. Il s'agit, apparemment, d'un fruit de partenariat entre l'Algérie, la Tunisie et la France. Ses derniers sont présents en force ces derniers jours à Constantine. La réalisation de notre enquête a coïncidé avec le séjour d'une importante délégation d'hommes d'affaires français venus de la région de Mulhouse. M.Berrah qui est impliqué dans un projet de partenariat avec l'entreprise française Wakaâ, compte monter une usine spécialisée dans les produits d'hygiène corporelle, déodorant, lotion de beauté et parfum...A propos de ce partenariat, M.Michel Magdelaine, président de Wakaâ, souligne: «Je suis venu en Algérie en novembre 2005 afin de voir de près et étudier les possibilités d'investissement.» En partenariat avec le club des entrepreneurs et investisseurs du Grand Constantinois, «Nous avons tracé quatre axes de travail, notamment la prise en charge de la distribution alimentaire selon une stratégie adaptée à l'Algérie, tout en adoptant un travail commun dans le domaine de la santé (développer le tissu de la maison médicale) en faisant appel à des gens compétents et qualifiés. Par ailleurs, la formation de la main-d'oeuvre dans le bâtiment afin d'améliorer la qualité des constructions est le troisième point, enfin, la construction d'un ensemble commercial appelé à abriter aussi des expositions et des congrès.» Le but affiché par ces investisseurs est de faire évoluer la région de Constantine selon les normes universelles en termes de qualité et de performance. Sur les lieux, au niveau du siège du Club des entrepreneurs et investisseurs du Grand Constantinois, nous avons pu constater, de visu, la force des liens entre les opérateurs alsaciens et leurs homologues algériens, qui semblent décidés à gagner et à relever le défi du partenariat. L'architecte de tous ces projets est le Club des entrepreneurs et investisseurs du Grand Constantinois. Un club qui regroupe plus de 50 chefs d'entreprise, des experts dans tous les domaines et près de 8000 travailleurs. Sur le plan de la puissance financière, le club affiche une bonne santé et déclare une capacité de quelque 150 milliards de dinars. Son président M.Ziani Chérif, souligne «l'ambition est d'aller vers le Grand Constantinois en rassemblant le maximum d'opérateurs. Aujourd'hui Mila et Oum El Bouaghi font partie du club. C'est un espace de réflexion, de solidarité et un rescom d'affaires. En un mot, c'est un interlocuteur incontournable pour l'investissement». Le club compte s'impliquer sérieusement et davantage pour aider les investisseurs à résoudre leurs problèmes, notamment avec les banques. Selon M.Ziani, l'administration ne pose plus problème. Et c'est dans le but d'alléger le fardeau financier que le club est entré en contact avec les banques Al Baraka, la Société Générale et la BEA. En clair, le Grand Constantinois est en marche, grâce à ces faiseurs de richesses. Pourvu que les faux problèmes ne gâchent pas tout. D'après ce que nous avons vu et entendu, il est permis d'être optimiste, surtout quand on sait que le club se veut un regroupement de chefs d'entreprises économiques avec une expérience dépassant parfois les 30 ans, d'investisseurs, de praticiens en profession libérale et universitaires.