Le financement de l'économie était fondé sur l'épargne budgétaire, la mobilisation de l'épargne domestique ne constituant pas une priorité pour les banques. Le secteur privé, quant à lui, n'occupait qu'une part marginale dans le portefeuille des banques. Toutefois, il a permis aux banques de conserver un certain professionnalisme dans les métiers de banque universelle. La réforme financière a basculé les chantiers et plusieurs rencontres et débats étaient lancés. Suite à la rencontre entre le ministère des Finances et les DG des banques le 4 du mois en cours, les banques et les établissements financiers publics et privés en activité en Algérie viennent d'élaborer plusieurs recommandations sur le financement de l'économie nationale, qui seront traduites par un programme de travail appelé à être engagé avec le ministère des Finances. Concernant le cadre légal et réglementaire de l'activité bancaire et financière, les banques et établissements financiers ont considéré que les réformes et mutations déjà initiées dans ce domaine doivent être confortées par "des actions substantielles" à même de permettre aux banques le développement de leurs politiques et stratégies de croissance ainsi que la création de nouveaux produits et services bancaires. Pour prendre en charge ces préoccupations, ils ont suggéré la mise en place d'un mécanisme d'échange structuré et permanent entre l'Association des banques et établissements financiers (Abef) et le ministère des Finances, dont la tâche est de contribuer à l'enrichissement des projets de loi touchant l'activité bancaire. Il était également question du dialogue technique, qui doit être renforcé, notamment entre les banques et la banque d'Algérie dans le cadre juridique de l'activité bancaire. Concernant le financement des PME, les banques ont estimé que, contrairement aux crédits d'exploitation, les crédits d'investissement constituent une source de difficultés (surcoûts des projets, insuffisance des fonds propres...). Dans ce sens les banquiers ont estimé que la prise en charge de ces difficultés ne peut être de leur ressort proposant, d'ailleurs, une révision appropriée de la forme et des durées des crédits. Le crédit hypothécaire se trouve en dehors du système bancaire donc une révision du système d'aide au logement, la mise en place en urgence d'une centrale des risques des ménages pour éviter l'endettement de ces derniers, la facilitation des procédures d'octroi de permis de construire et de titres de propriété pour l'accès au crédit hypothécaires. Concernant le secteur de l'agriculture, les participants ont relevé les difficultés du recouvrement des crédits octroyés et un excès de prudence vis-à-vis des investisseurs agriculteurs et ce, malgré les mécanismes de soutien existants. Malgré l'existence d'institutions financières spécialisées en charge du financement de ce secteur, le problème du financement de l'agriculture se pose avec acuité en raison de problèmes structurels que connaît le système d'exploitation agricole national. Dans ce sillage, il a été recommandé, notamment, d'adapter le statut juridique du foncier agricole en vue de faciliter à l'agriculteur l'accès au crédit et à réactiver les fonds de garantie agricole en les érigeant en organismes indépendants de garantie des investissements agricoles ou d'assurance crédit pour le secteur. En matière d'adossement des crédits de longue durée à des ressources adaptées, ils recommandent la mobilisation sur le marché financier d'une épargne longue et l'exploitation de la possibilité pour les banques de transformer auprès du Trésor public leurs ressources courtes en ressources longues. Pour le secteur du tourisme, et afin de lever les contraintes ayant trait au volet financement pour faire face aux besoins de financement exprimés par ce secteur, les participants ont préconisé le développement de la syndication pour le financement des grands projets. Sur les grands projets, les participants ont rappelé que ces derniers à forte intensité capitalistique nécessitent généralement des investissements massifs en phase initiale et ne génèrent qu'à long terme les rentrées de fonds suffisants pour couvrir les coûts. En matière d'adossement des emplois de nature longue à des ressources adaptées, ils suggèrent la mobilisation sur le marché financier d'une épargne longue et l'exploitation de la possibilité offerte aux banques de transformer auprès du Trésor leurs ressources courtes en ressources longues. Ils estiment que les crédits accordés doivent être assortis d'échéances nettement plus longues que celle des autres prêts consortiaux. S'agissant du marché financier, les participants ont souligné que ce secteur doit contribuer au financement du développement des entreprises, des collectivités locales et de l'Etat, en complément du financement bancaire. Dans cette perspective, ils ont recommandé la mise en place et le respect des principales dispositions du cahier des charges de l'intermédiaire en opérations de bourses (IOB) et l'ouverture du capital d'entreprises publiques à travers la Bourse d'Alger. Le plan de relance de l'économie et de privatisation offre en outre plusieurs opportunités, notamment dans l'ingénierie financière, le montage financier des grands projets et le développement du financement de type leasing ou capital-risque. Le secteur public dispose aujourd'hui d'un réseau important, de la connaissance des métiers classiques de banque, d'un personnel formé. Les banques étrangères qui souhaiteraient investir en Algérie et apporter une technologie moderne pourraient sans doute trouver des opportunités de partenariat avec les banques publiques algériennes.