«Il y a trop d'oppression, trop de contraintes, ce qui pousse le journaliste à faire de l'autocensure», a souligné la journaliste Baya Gacemi. Lors d'une grande cérémonie tenue à la bibliothèque d'El Hamma, le quotidien El Khabar a décerné, mercredi dernier, son 7e Prix pour la liberté d'expression et de la presse à la journaliste Baya Gacemi au long et riche parcours de plus de 30 ans dans la presse. En présence de l'épouse de feu Omar Ouartilane, lâchement assassiné le 30 octobre 1995, la célébration de ce 7e anniversaire s'est voulue, selon le directeur d'El Khabar, «une halte pour saluer la mémoire de tous les journalistes tombés sous les balles et ceux qui continuent à exercer leur métier», sans oublier une pensée à la mémoire de la journaliste russe récemment assassinée à Moscou, Anna Politkivskaia. Pour sa part, Hamid Abdelkader, journaliste dans la rubrique culturelle d'El Khabar, nous rappellera qui était Omar Ouartilane. «Ce journaliste, dit-il, de la trempe de ces personnes qui ont inscrit de leur empreinte l'histoire de la presse en donnant du souffle à l'âme de la démocratie aux plus forts moments de doute. Comment ne pas adhérer et se prévaloir de ces idée». Aussi, ce prix, nous affirme-t-on, a été décerné à des individus dont on ne peut oublier qu'ils ont donné leur vie pour le combat de la liberté d'expression et de la presse. Enfin, le journaliste et écrivain Abdelaziz Boubakir a souligné les critères d'attribution de ce titre à même de se singulariser des autres distinctions en misant, d'abord sur l'objectivité, le professionnalisme, la franchise et l'analyse de sujets ayant trait à la liberté de la presse. M.Boubakir évoquera les noms des lauréats distingués depuis 1996 à nos jours, à savoir le journaliste tunisien Toufik Benbrik, connu pour son engagement indéfectible pour la liberté de la presse, les deux caricaturistes, Dilem et Ayyoub, la Radio palestinienne suite à son bombardement en direct, Tarek Ayyoub, le journaliste palestinien dont l'assassinat a été retransmis en direct sur Al Jazeera, Ahmed Anser, et, l'an dernier, la journaliste italienne ayant été kidnappée en Irak, Segrena Guiliana. Prenant la parole, émue après lui avoir remis son trophée conçu par l'artiste plasticien Arezki Larbi, Baya Gacemi dira son plaisir et sa fierté d'être récompensée aujourd'hui. «Ce que j'éprouve? c'est d'abord l'ego qui se trouve renforcé d'autant que c'est arrivé à un moment où l'Epoque est suspendue». Mme Gacemi dédiera ce prix à M'Hamed Yazid «qui rêvait d'une maison de la liberté. Je pense aussi à Anna Politkivskaia et tout ceux qui luttent pour le même idéal». Mme Gacemi, qui a fait les belles années d'Algérie Actualité, a tenu à préciser que la liberté de la presse est un acquis fondamental mais le combat doit continuer. «C'est un honneur d'être reconnu par ces pairs, certes, mais il ne faut pas négliger le fait que la liberté d'expression s'est dégradée et est plus en danger par rapport aux années précédentes. Elle est frappée d'ostracisme. Il y a trop d'oppression, trop de contraintes, ce qui pousse le journaliste à faire de l'autocensure». Et d'ajouter: «Après la joie, la réflexion. La liberté est une valeur essentielle qui, faut-il le rappeler, sans elle, il serait illusoire de parler de métier de journaliste et donner sens au développement de la société. Benchicou vient de sortir de prison et déjà Arezki Aït Larbi risque d'y entrer.» Baya Gacemi a tenu, également, à dire son indignation quant à l'affaire Jamel Debbouze, frappé de censure et d'exclusion dans notre pays.