Quelques jours après les attentats ayant ciblé deux commissariats à l'est d'Alger, aucun officiel, ni du moins une organisation officiellement agréée, n'a osé faire le moindre commentaire. Ni condamnation et encore moins une simple expression de désapprobation. Pourtant, le souvenir ne risque pas de s'effacer de sitôt. La page de la terreur n'a pas été, en fin de compte, tournée. Le terrorisme n'est finalement pas totalement vaincu, contrairement au discours officiel évoquant sans cesse «l'activité des derniers irréductibles hésitants à l'offre de paix», ou encore, «d'actes isolés de quelques criminels». Ce double et lâche attentat terroriste, en dépit de son ampleur, n'a, semble-t-il, pas réussi à secouer les esprits des responsables. Même les quelques activistes qui donnaient l'impression d'un dynamisme politique semblent se réfugier, eux aussi, derrière le voile du mutisme. Le terrorisme semble devenir un simple fait divers en Algérie. Silence on tue encore! Aucun parti politique parmi les rares qui existent encore, ne s'est exprimé sur cette brusque recrudescence terroriste. D'autres, somnolant, se gardent de briser le beau rêve d'une réconciliation contrariée par le chantage terroriste. Au-delà de ce projet qui paraît arranger tout le monde, il est aujourd'hui difficile, mais presque inacceptable de perturber l'atmosphère. Néanmoins, le chef du gouvernement et secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a estimé mardi que le bilan de l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale est «satisfaisant en dépit d'événements qui surviennent de temps à autre». Une simple question s'impose. L'évaluation du bilan de la charte devra-t-elle uniquement prendre en compte le nombre des cas de reddition et celui des personnes indemnisées? Assurément, le fusil terroriste n'a cessé d'assassiner depuis la mise en oeuvre du «plan de paix». Une donne qu'il faudra prendre en compte aussi dans l'évaluation du bilan de la charte. Si «les foyers du terrorisme ont diminué dans tout le pays», il n'en demeure pas moins que la «délinquance» des terroristes et l'intensité de la violence ont sérieusement doublé. Un terrorisme divers mais dont la manifestation la plus alarmante est le retour de la terreur urbaine et l'accroissement considérable des attentats à l'explosif. Certains partis politiques, les premiers à avoir acquiescé à la prolongation des délais de la charte, accusent aujourd'hui un silence radio face au regain inquiétant de la violence. D'autres, à l'image du MSP, sont allés jusqu'à revendiquer l'amnistie générale et l'approbation du «droit politique» aux dirigeants de l'ex-FIS. Même les éradicateurs d'hier et réconciliateurs «par respect» d'aujourd'hui, n'ont soufflé mot. Le temps est donc venu pour que chacun assume ses responsabilités.