Les langues se délient. Ce qui se disait tout bas est étalé sur la place publique : le peuple marocain vit un enfer. Ce n'est ni de la propagande ni une quelconque campagne médiatique qui vise à dénigrer un gouvernement marocain dont la gestion des affaires du royaume est un désastre. Des voix s'élèvent de l'intérieur pour dénoncer cette situation catastrophique qui a tissé le lit d'une paupérisation dévastatrice. Les Marocains souffrent de la crise étouffante que traverse le pays, à la lumière des prix élevés, de la pauvreté, de la marginalisation, de la répression, de la tyrannie et du retard en matière d'éducation et de santé publique, affirme Al-Nahj Al-Democrati. «La fuite massive de jeunes et d'enfants vers Ceuta, qui se répète à chaque fois et qui a atteint son apogée ce mois-ci, constitue une évasion de l'enfer des conditions économiques et sociales et est le résultat du blocage de tous les horizons pour les jeunes», ont rapporté des médias locaux cités par ce parti politique marocain. En première ligne de ce qui a provoqué la tentation d'exode massif des jeunes Marocains figure la «faible attractivité» de l'école en raison, notamment, de ses «lacunes pédagogiques et éducatives», souligne le parti politique marocain estimant que cette fuite constitue «un scandale retentissant», tout en affichant son rejet de recourir à des méthodes de répression et d'intimidation au lieu de trouver des solutions. Qui est responsable de cette situation ? Le Makhzen «responsable des répercussions de ces situations tragiques récurrentes», a affirmé la formation politique marocaine. Et la marginalisation et le mépris, comment se manifestent-ils ? Al-Nahj Al-Democrati a évoqué, à ce propos, les dégâts matériels et les pertes humaines causés par les inondations qui ont touché récemment certaines villes du Maroc, révélant le degré de «marginalisation» de ces zones, l'absence d'infrastructures routières, ferroviaires, de ponts, de barrages et de logements adéquats, l'absence d'intervention et de secours rapides et «le mépris de la vie des citoyens». En définitive, Al-Nahj Al-Democrati a appelé le mouvement syndical et les forces progressistes, démocratiques et dynamiques à se mobiliser collectivement pour former le front le plus large possible des travailleurs, des salariés et de leurs partisans pour affronter les plans et projets qui sabotent les droits et les acquis sociaux. Les étudiants en médecine ont été parmi les premiers à monter au créneau. Ils réclamaient une amélioration de leurs conditions déplorables. Au lieu de recevoir une réponse gouvernementale responsable, ils ont fait face, jeudi dernier, à une féroce répression sécuritaire. Une trentaine d'entre eux ont été arrêtés et traduits en justice. Des étudiants marocains en médecine ont comparu vendredi dernier devant la justice à Rabat, après avoir été arrêtés lors d'une manifestation pacifique, dans une scène choquante reflétant l'autoritarisme du Makhzen et son mépris flagrant des droits de l'homme, ont rapporté des médias locaux. Le Comité marocain des étudiants en médecine, en odontologie et en pharmacie a indiqué, pour sa part, que l'Etat avait franchi toutes les limites et que cette atteinte au droit de manifester pacifiquement constituait une violation manifeste de la Constitution marocaine et des conventions internationales protégeant la liberté d'expression et de rassemblement. Pour sa part, la Coordination syndicale du secteur de la santé, qui regroupe six syndicats de la santé, a exprimé son refus de l'approche sécuritaire du gouvernement dans sa gestion des revendications des étudiants, et l'a exhorté à libérer les étudiants arrêtés et à adopter le dialogue et la négociation pour résoudre ce conflit. Le cri sera-t-il entendu ? Pour le moment, l'enfer… continue.