«Savez-vous que nous serons 9 milliards en 2050?» Celui qui fait cette déclaration est un universitaire, et les universitaires ne sont pas gens à parler en l'air. Il est porteur d'un projet dont il faisait la présentation jeudi dernier à la Chambre de l'agriculture, lors de la Journée mondiale de la vulgarisation. La trouvaille, la pépite, est une mouche appelée «soldat noir». Son rôle est double: alimentaire en ce sens qu'elle peut servir d'aliment au bétail, car riche en protéines, et environnemental dans la mesure où, par ses larves, elle permet de dégrader la matière organique qu'elle transforme en fertilisant pour la terre. Le tout est de réunir les conditions de multiplication de ce «soldat» pour créer une armée capable d'agir sur ce double plan: protéger l'environnement et nourrir notre cheptel. Le deuxième projet est un robot à la forme approximativement humaine mis au point par notre jeune chercheur. Son rôle? Veiller sur la santé et le développement des poules pondeuses. Rappeler l'heure de la ponte, l'heure du gavage, les dates de vaccination, la température ambiante du local, un incident qui survient etc., ce sont là quelques paramètres de ses capacités. Le SG qui représentait le wali a-t-il été convaincu? Nous le pensons. Les questions qui ont été posées aux deux porteurs de ces projets ont montré que leurs recherches répondent à de vraies préoccupations qui sont celles de tout un chacun. La sécurité alimentaire est une question aiguë qui importe à tous. Nous pourrions être près de 9 millions si aucune épidémie de virus comme celle du Covid ne vient bouleverser les données démographiques dont nous disposons. Mais si l'on prend l'autre bout de la fourchette, car notre chercheur ne s'est intéressé qu'au chiffre le plus bas, nous pourrions être largement au-dessus de 10 milliards. Et alors le problème de la nourriture se poserait de façon plus aigu encore. Déjà, d'autres recherches ont été effectuées sur les insectes comme sources de protéines incomparables, non pour nourrir le bétail, cette fois, mais les êtres humains eux-mêmes. Une question de survie. Pour l'environnement, la sonnette d'alarme est tirée depuis longtemps. Si nous ne changeons pas nos comportements pour les adapter à une économie soucieuse du respect de l'environnement, nous atteindrons sur cette voie dangereuse pour notre survie un point de non-retour. Non seulement c'est notre modèle économique et social qui est à repenser de fond en comble, mais nous devrions tous prendre conscience de l'enjeu environnemental qui est de ne rien entreprendre qui n'aille dans le sens de l'amélioration de la situation actuelle. Nous lisions l'autre jour que le seul modèle économique compatible avec notre temps est le modèle social et solidaire. Social dans la mesure où chaque projet doit comporter une dimension humaine. Se soucier de produire non pour soi ou pour un groupe, mais pour la communauté tout entière. Solidaire dans la mesure où, tout étant lié dans ce monde, l'homme et son milieu, nous devons apprendre à nous préoccuper de notre sort autant que du sort de notre planète. «Un esprit sain dans un corps», disent nos manuels scolaires. Nous pourrions, en pastichant, dire de même: une humanité bien portante sur une planète bien portante. Ces deux jeunes chercheurs, en l'occurrence Bassem Hamdani et Youcef Saadi, donnent l'exemple de ce nouveau modèle économique qui intègre dans sa dimension le souci de produire assez pour nourrir tout le monde sans épuiser nos ressources et sans mettre à mal notre environnement.