Vu d'Alger, faut-il parler de rapprochement avec le géant asiatique qui prend des proportions exceptionnellement importantes ? La réponse ne peut être que positive, au regard de l'invitation algérienne que l'Inde s'est visiblement empressée d'accepter. Indépendamment de la conjoncture du moment qui peut se résorber rapidement, entre Alger et New Delhi, il y a tellement de raisons de s'entendre qu'on n'imagine pas qu'un quelconque caprice politicien puisse freiner une dynamique historique portée par les vents puissants du changement à l'échelle de tous le pôles de puissance que compte la planète. Sur les zones d'influence manifeste apparus ces dernières années avec la montée en force d'Etats du Sud global, force est de constater que l'Algérie et l'Inde ont tout deux intérêt à mutualiser leurs efforts pour créer la brèche dans le corps de l'actuel ordre mondial pour en créer un autre plus équilibré et surtout à l'avantage de chaque nation. Pour ce faire, les deux Etats paraissent déterminés à transcender toutes formes de clivages, pour aller vers l'essentiel. Dans ce cadre, il est important de souligner l'impact de cette économie émergente au sein du bloc eurasien, et son influence sur le Vieux Continent. Cette coopération pourrait également s'avérer rentable pour l'Inde, dont l'économie est en pleine croissance. « Le PIB indien a augmenté de 6,7% lors du premier trimestre de l'année fiscale 2024-2025 (avril-juin) par rapport à la même période de l'année précédente ». Cela impliquerait des contrats et des marchés supplémentaires pour le gaz et le pétrole algériens. Pour l'Inde, ce rapprochement avec l'Algérie pourrait « permettre de renforcer davantage les liens bilatéraux entre l'Inde et l'Algérie», sachant que «les deux pays coopèrent déjà dans plusieurs domaines, particulièrement stratégiques comme le pétrole et le gaz, la défense et la coopération spatiale». Il convient de rappeler, par ailleurs, que le volume des échanges entre les deux pays ont totalisé une valeur de près de3 milliards de dollars en 2018, pour chuter à 1,5 milliard de dollars en 2021. La visite de la présidente de l'Inde, Mme Droupadi Murmu, en Algérie est, ainsi, annonciatrice d'une ère nouvelle, en matière d'échanges commerciaux, de coopération économique bilatérale, mais surtout de consultations et de coordination politiques. Les relations algero-indiennes n'ont pas été toujours aussi mitigées, ni évoluant en dents de scie. En fait, l'étendue des relations entre les deux pays remonte à l'avant-indépendance, où l'Inde avait apporté son soutien à la cause algérienne. Plus tard aussi, les deux pays ont joué, côte à côte, des rôles prépondérants au sein du mouvement des Non-Alignés. Les deux pays gagneraient à poursuivre ce partenariat politique et à l'élargir à d'autres sphères plus décisives et mutuellement bénéfiques. Surtout en cette conjoncture géopolitique incertaine et de grandes tensions.