Le Proche-Orient, le Sahara occidental, l'Ukraine et le Sahel. Ces quatre dossiers chauds impactent, d'une manière ou d'une autre, l'ensemble de la communauté internationale. Sur toutes ces questions, Alger et New Delhi développent la même analyse. C'est le propos du président de la République à l'issue d'«un entretien long et approfondi» avec son homologue indienne, «dicté par la conjoncture actuelle particulière et exceptionnelle aux niveaux régional et international». Il est, en effet, vrai que le génocide en cours en Palestine et le conflit en Ukraine qui paralyse une partie du monde, en sus du fait que ces deux guerres peuvent évoluer, à tout moment, en guerre mondiale, donnent de l'époque actuelle un cachet totalement exceptionnel. Le président Tebboune, dont le pays est pleinement impliqué au sein des organes de l'ONU, pour défendre les intérêts des peuples spoliés de leur liberté, est dans son rôle lorsqu'il débat avec son hôte, représentante d'une authentique puissance économique et diplomatique, de plusieurs questions, «y compris le dossier du Moyen-Orient sous toutes ses dimensions, et ses retombées». L'on sait l'étonnante posture du Premier ministre indien, Narendra Modi, dans le conflit israélo-palestinien. Face à la présidente de l'Inde, le chef de l'Etat a abordé «l'agression contre la bande de Ghaza et le sud Liban, ses répercussions humanitaires catastrophiques et ses graves conséquences sur la sécurité et la paix dans la région du Moyen-Orient et dans le monde», a dit le président Tebboune. Au regard du passé commun des deux pays, ayant souffert de la colonisation, la question devait être discutée sans détour. Lors de la conférence de presse, Abdelmadjid Tebboune a mis en exergue l'entente avec la présidente indienne, Droupadi Murmu, pour «intensifier la coordination et la concertation, et réaffirmer le droit du peuple palestinien à établir son Etat indépendant». Pareil positionnement d'un aussi gigantesque pays est en soi, une victoire pour la cause palestinienne, indépendamment du jeu politicien, mu, certainement, par des intérêts étroits. Sur la question palestinienne, la chose étant clairement entendue, en ce sens que Mme Droupadi Murmu, est la voix officielle de son pays. les approches politico-idéologiques et les faux-fuyants qui relèvent de la politique interne de l'Inde n'ont rien à voir dans une discussion entre deux Etats souverains et indépendants. L'autre dossier qui intéresse les deux parties, de par leur ADN révolutionnaire, est celui du Sahara occidental. Les deux chefs d'Etat ont convenu de «suivre les conclusions du Conseil de sécurité concernant la question du Sahara occidental», a affirmé le président Tebboune. Cela revient à se ranger derrière la légalité internationale dans ce dossier vieux de 49 ans. Autrement dit, le prétendu plan d'autonomie élargi ne figure aucunement dans les intentions, ni dans le discours de New Delhi. La même entente a été soulignée par le président de la République par rapport aux «développements préoccupants dans la région du Sahel». Sur le dossier, les deux Présidents ont exprimé leur «volonté de continuer à soutenir les efforts de paix, de sécurité et de développement dans la région afin d'aider les pays concernés à surmonter les défis politiques, sécuritaires et environnementaux auxquels ils font face». L'Inde peut, en effet, être d'un apport conséquent et positif pour initier des projets de développement qui éloignent le spectre de l'extrême pauvreté et donc la guerre dans la région du Sahel. Concernant la situation en Ukraine, le président de la République a souligné «l'importance de se conformer au droit international et de s'attacher aux objectifs, principes et Charte des Nations unies». L'on notera dans le propos du Président que «pour chacun de ces dossiers, nous avons relevé une convergence de vues, et sommes convenus de poursuivre nos efforts communs pour contribuer à l'instauration de la sécurité et de la stabilité, tant dans cette région que dans d'autres parties du monde confrontées à des crises menaçant la paix et la sécurité internationales». Cette déclaration résume on ne peut mieux la grande convergence de vues entre l'Algérie et l'Inde sur toutes les questions régionales et internationales. Laquelle convergence de vues tient certainement ses origines de «l'histoire commune et le soutien de l'Inde à l'Algérie pour son adhésion en tant que membre du Mouvement des Non-Alignés (MNA) lors de la Conférence de Bandung en 1955». C'est aussi dans ce pays que le Gouvernement provisoire de la République algérienne a ouvert son bureau de liaison, précisément à New Delhi. Abdelmadjid Tebboune n'a pas omis de rappeler que l'établissement de relations diplomatiques entre l'Algérie et l'Inde était déjà avérée avant la proclamation de l'Indépendance, le 5 juillet 1962. À cela, le chef de l'Etat a eu une très belle conclusion: les deux pays «rétabliront leur concertation comme dans le passé, étant des pays actifs dans le MNA». Sans commentaire.