En exposant son encyclopédie rurale (le Saddr), le ministre a séduit les magistrats. On n'arrête pas le développement rural. Les magistrats de la Cour des comptes ont longuement écouté et interrogé, hier, le ministre délégué auprès du ministère de l'Agriculture chargé du Développement rural, le Dr Rachid Benaïssa. Il ne s'agissait pas d'une affaire de détournements, quoique le décor austère de la salle des conférences le suggérait. Le rendez-vous était une conférence du Dr Benaïssa ayant pour thème «Le montage d'une politique publique: cas du renouveau rural». L'hôte de la Cour des comptes a expliqué dans le menu détail la démarche de son secteur depuis quatre ans. «Le contrôle et l'inspection sont des éléments fondamentaux dans la stratégie du développement rural», c'est ainsi que le ministre a entamé sa conférence devant un auditoire qualifié et particulièrement séduit par l'approche nouvelle développée dans ce secteur qui engloutit chaque année près de quatre milliards de dollars. «Le projet du renouveau rural n'est pas un projet sectoriel, c'est une démarche d'intégration en ce sens qu'il englobe tous les secteurs», a expliqué le conférencier en se référant à chaque fois à «la volonté politique affichée, d'abord par le président de la République et appuyée par le chef du gouvernement lors de sa dernière prestation à la télévision nationale». Le chef de l'Etat a longuement parlé du renouveau rural lors de son dernier voyage à Cuba. M.Bouteflika a exposé, dans un long entretien accordé à l'APS, à partir de la Havane, le mécanisme d'aide à la décision développé par l'équipe en charge du secteur. Le mécanisme en question, le Saddr (Système d'aide à la décision pour le développement rural) a particulièrement séduit les magistrats de la Cour des comptes. «C'est un outil d'informations sophistiquées qui ne peut qu'aider notre institution (la Cour des comptes Ndlr) à avoir une vision plus claire et pouvoir mieux analyser le secteur», a souligné un magistrat. Le Saddr est une mine d'informations concernant toutes les communes et les localités du pays. C'est un véritable tableau de bord qui regroupe toutes les donnes, sans exception aucune, sur toutes les localités du pays, une sorte d'encyclopédie rurale. Cette encyclopédie livre une vue détaillée de l'état de 18.500 ménages, soit quelque 13 millions 400.000 habitants. L'intervention de M.Benaïssa devant les magistrats de la Cour des comptes va au-delà d'une simple conférence académique. En ces moments de scandales financiers et de corruption au niveau de différents secteurs, le ministre délégué au Développent rural prend le taureau par les cornes et affronte l'institution redoutée par les responsables. «Il s'agit d'un gage de bonne volonté et la preuve d'une gestion saine du secteur, et c'est l'un des rares secteurs où l'on trouve réellement une stratégie d'action», note un magistrat. Pour sa part, le président de la Cour des comptes, Abdelkader Ben Maârouf a estimé que «ce type de rencontre permet une complémentarité entre les organes exécutifs et la mission de contrôle de la Cour des comptes». Il a ajouté: «Cela nous permet également de nous enrichir les uns les autres et de mieux identifier nos actions de contrôle». Assisterons-nous alors à un défilé de ministres et de responsables de l'Etat devant la Cour des comptes? En tout cas, Rachid Benaïssa vient de démystifier l'institution tant redoutée.