Le directeur général de ladite banque a écopé de trois ans de prison ferme. Le verdict, dans l'affaire de détournement de fonds à la Banque de l'agriculture et de développement rural (Badr) de Birkhadem, a été rendu, hier, au tribunal de Bir Mourad Raïs, près la cour d'Alger. Des peines allant de 2 à 10 ans de prison ferme ont été retenus contre les 25 inculpés, auteurs de détournement de plus de 11 milliards de dinars, suivies d'une amende allant de 100.000 à 500.000DA. Ils sont en fait 12 personnes de l'agence Badr de Birkhadem et 13 autres accusés dans l'affaire liée au groupe Digimex. Quatre cadres de l'agence ont écopé d'une peine de 8 ans de prison ferme, alors que 5 autres cadres de la direction générale de la Badr purgeront, pour leur part, quatre années de prison. Le patron de Digimex, auteur présumé du détournement a eu, pour sa part, 5 ans de prison ferme. Le verdict prononcé à l'égard des autres fonctionnaires de Digimex, accusés de complicité dans le détournement de fonds, annonce des peines allant de 4 à 5 ans de prison ferme. Pour les deux inculpés de Digimex qui sont en fuite, une peine maximale de 10 ans de prison ferme a été retenue contre eux. Quant au président-directeur général de l'agence Badr de Birkhadem, Bouyaâkoub, une peine de 3 ans de prison ferme a été prononcée contre lui. La salle d'audience a vibré juste après la prononciation du verdict. Certains membres des familles des accusés se sont mis à crier, d'autres, choqués par le verdict, se sont évanouis. La défense, composée d'une trentaine d'avocats, a qualifié le verdict de «sévère». Cette dernière avait requis, lors des plaidoiries du 2 novembre dernier, la relaxe de ses clients pour plusieurs raisons, notamment l'absence de l'élément de préméditation. Selon un des éléments de la défense, il ne s'agit pas d'un détournement de deniers publics mais de fonds appartenant à des clients et qui sont utilisés par la banque dans différentes opérations. Un autre avocat de la défense a estimé que l'affaire relève d'un simple litige commercial. Cette affaire, sur laquelle a enquêté le Service central de répression du banditisme (Scrb, ex-Onrb), porte sur la dilapidation, selon ce service de police, de 1400 milliards de centimes. La direction générale de cette banque a avancé une somme moindre. Le tribunal de Bir Mourad Raïs avait ordonné une expertise financière qui a évalué à 1100 milliards de centimes la somme détournée de cette agence bancaire. Plusieurs ex-directeurs de cette agence bancaire sont accusés dans cette affaire. Il est question d'obtention de crédits financiers par Digimex, de la part de cette agence bancaire, sans garantie de remboursement. Le patron de Digimex est accusé d'avoir créé des «sociétés écrans» pour l'obtention de ces crédits en déclarant avoir importé des marchandises de l'étranger et qu'il devait payer ces sociétés avec l'argent obtenu auprès de l'agence Badr de Birkhadem. Des importations fictives ayant «justifié» ces crédits bancaires, selon l'enquête menée par le Scrb. Cet argent aurait servi à l'achat, par le patron de Digimex, de biens immobiliers, notamment. Une partie de ces biens a été saisie par la justice. La Badr s'est opposée, il y a quelques mois, à la mise en vente par Digimex de ses biens matériels et immobiliers. Une opposition qui serait motivée par le fait que la justice n'a pas tranché dans cette affaire, selon une source proche de cette banque. La dilapidation de cette somme d'argent a eu lieu durant plusieurs années, ce qui explique, selon une source judiciaire, le fait que plusieurs ex-directeurs de cette agence bancaire soient accusés dans cette affaire.