Le monde audiovisuel évolue constamment. Pour les Algériens, cette évolution a été particulièrement rapide, ces dernières années avec l'apparition des chaînes satellitaires. Ce qui ne pouvait se faire sur le sol national, en raison des textes de loi existants, qui sont appelés, au demeurant, à être révisés, est possible sous d'autres cieux. Des Algériens sensibles à la demande sociale, sont donc allés ailleurs pour investir dans d'audiovisuel. Ce créneau du champ médiatique était encore fermé au privé chez nous, les spécialistes de la communication ont opté pour la France, un pays connu pour sa souplesse en la matière, mais aussi pour les liens historiques avec notre pays, sans compter la forte présence de nos concitoyens et sa proximité avec l'Algérie. C'est ainsi qu'à partir de l'année 2000, deux chaînes de télévision verront le jour. Emettant à partir de France, Berbère Télévision et Beur TV sont captées en Algérie via le satellite Hotbird. Pendant les premières années, ces deux chaînes appartenant à des Algériens ont tenté, en dépit du manque de moyens humains et financiers, de répondre à la demande de plus en plus importante des téléspectateurs. De l'élargissement de la plage horaire à l'amélioration des programmes sur le plan quantitatif et qualitatif, autant d'éléments qui marqueront une mutation attendue. C'est paradoxalement au moment où les choses bougent sérieusement que les écrans noirs remplacent les images et sons. En effet, voilà trois mois que les deux chaînes, notamment Berbère Télévision, sont cryptées. Cette chaîne d'expression berbère, pour ne pas dire kabyle, est difficilement recevable avec les changements successifs de codage du bouquet TPS. Longtemps, les téléspectateurs espéraient son passage à la diffusion en clair. Mais rien ne pointe à l'horizon. L'alerte est plus que présente dans les foyers kabyles, notamment ces derniers mois marqués par de nouvelles productions. Ces derniers ne cessent de faire parler d'elles dans tout ce qu'elles apportent comme éléments de réponse à l'attente des téléspectateurs. Les privilégiés qui continuent à capter ce média ne cesse, en effet, de parler d'une émission qui fait beaucoup de bruit. Il s'agit d'une production de M.Ahmed Djenadi qui n'est plus à présenter. Après la réalisation du premier film, un feuilleton amazigh, ce producteur récidive avec une nouvelle émission dont le principe se résume à un face-à-face entre un invité et trois journalistes de la presse écrite autour des questions liées à la vie de tous les jours. Le tout est coordonné par l'animateur qui n'est autre que le producteur lui-même. Même si le principe n'est pas nouveau pour les téléspectateurs avertis, il reste que quand il s'agit d'invités chargés de la gestion des affaires locales, l'intérêt devient grand. Les quatre numéros déjà diffusés ont été une réussite qui démontre que quand on veut bien faire cela est possible. Tour à tour, Mohamed Bektache, président de l'APW de Béjaïa, professeur Djoudi Merabet, recteur de l'université, Abdelhafid Bouaoudia, président de l'APC de Béjaïa et Mezrani Belkacem, président de l'APC d'Amizour, ont fait face aux trois journalistes de la presse écrite, Dépêche de Kabylie, El Khabar et L'Expression donnant lieu à des débats chauds sur toutes les questions politiques, culturelles, sociales environnementales liées au quotidien du citoyen. Tout ceci sur fond de reportages réalisés par l'équipage de Tamurthiw, mon pays, dans son volet «Face à la presse». Cette émission bimensuelle mais qui, très bientôt, deviendra hebdomadaire, selon son producteur, connaît un franc succès auprès de téléspectateurs qui ont la chance de regarder encore Berbère TV. C'est pourquoi cette attente présentement exprimée aussi bien dans la rue que dans les foyers où ce média est particulièrement prisé de par la langue utilisée, qui n'est autre que le kabyle. Les femmes au foyer, les jeunes se sentent orphelins et souhaitent que les responsables de Berbère TV fassent un geste en leur direction. Un geste attendu qui ne peut être que celui de pouvoir suivre les programmes de leur chaîne préférée. Leurs doléances seront-elles entendues? Pourrait-on un jour suivre les programmes de Berbère TV sans avoir à flasher ou reprogrammer son démodulateur chaque jour? L'avenir nous le dira pour peu que les propriétaires de ce média prennent conscience que la concurrence n'est pas clémente car d'autres chaînes ne tarderont pas à voir le jour.