La France, berceau des libertés et des droits de l'homme, semble aujourd'hui vaciller sous une pression croissante qui menace ses principes fondateurs. Au coeur de cette dégradation, les libertés d'expression, de parole et de pensée, jadis défendues avec ferveur, sont aujourd'hui fragilisées. Ces derniers mois, une cacophonie bien orchestrée a pris forme, alimentée par des acteurs politiques et médiatiques dont les intentions sont loin d'être transparentes. Cette confusion, qui gangrène les débats publics, est entretenue par des figures d'autorité comme l'extrême droite, incarnée par des membres du parti Les Républicains (LR), le Rassemblement national et le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Ensemble, ces forces semblent tirer les ficelles d'une machine politique et médiatique qui menace de réduire au silence toute voix discordante. Les deux parties qui plongent leurs têtes dans le même râtelier trouvent bien leurs comptes dans cette jungle où tous les coups sont permis. Leur influence négative et destructrice sur le paysage médiatique n'est plus à démontrer. Le cas du journaliste Jean-Michel Aphatie, sanctionné arbitrairement par la radio RTL avant qu'il ne décide de claquer la porte définitivement, n'est, peut-être, que l'arbre qui cache la forêt. À travers cette décision ferme, Apathie ne veut pas cautionner la «punition» arbitraire, infligée à son encontre par sa radio. «Si je reviens sur l'antenne de RTL, je la valide, donc je reconnais avoir fait une faute. C'est un pas que je ne peux pas franchir», a-t-il déclaré. Cette prise de position met en lumière un malaise grandissant parmi les journalistes, une frustration face à un système médiatique de plus en plus soumis aux influences politiques et économiques, au détriment des intérêts publics. Le célèbre historien Benjamin Stora, connu, apprécié et respecté des deux côtés de la Méditerranée, qui soutient le journaliste sanctionné par RTL, tire la sonnette d'alarme sur les dangers qui menacent les chercheurs lorsqu'ils établissent des «vérités historiques». Selon lui, la liberté académique et la recherche historique sont menacées lorsque des figures politiques ou médiatiques tentent d'influencer la manière dont l'histoire est racontée. Il met également en garde contre l'usage des médias comme instruments de manipulation de l'opinion publique, en particulier lorsqu'il s'agit de véhiculer des stéréotypes nuisibles. Le jour même où l'historien, figure emblématique du rapprochement entre l'Algérie et la France, tire la sonnette d'alarme, une information vient confirmer cette véritable menace. La chaîne publique France 5 venait de déprogrammer la diffusion d'un film documentaire traitant de l'usage des armes chimiques par la France coloniale en Algérie. Le documentaire inédit de 52 minutes est intitulé Algérie, sections armes spéciales. France Télévisions avait programmé sa diffusion le 16 mars prochain à 23 heures, dans l'émission La Case du Siècle. Cette déprogrammation, qui a toutes les caractéristiques d'une censure, à fait réagir sa réalisatrice, Claire Billet. «Cette décision prête à confusion et risque de mettre de l'huile sur le feu» a-t-elle déclaré. Le sentiment anti-algérien, qui domine dans les médias est illustré par le journal Le Figaro, qui ne cache plus sa haine. Ce journal, jadis réputé pour son sérieux, se distingue aujourd'hui par ses choix éditoriaux qui, au lieu de favoriser un débat raisonné, se livrent à une véritable entreprise de stigmatisation et de haine. Un exemple de cette dérive est la publication régulière de statistiques sur les Oqtf (Obligation de Quitter le Territoire Français) des ressortissants algériens, souvent accompagnées de discours visant à nourrir l'hostilité envers l'Algérie et son peuple. Ce type de pratique, qui se limite à une simple comptabilité des expulsions, semble avoir pour but de renforcer une narration xénophobe et de jeter de l'huile sur le feu des tensions diplomatiques. Les relations entre certains médias et le monde politique et des affaires ont évolué vers un mariage contre nature, où les enjeux de pouvoir et de profit ont supplanté la quête de vérité. Les voix qui prônent des idées différentes ou contraires à celle de cette «meute» sont chassées, exclues, vilipendées et jetées en pâture. Les intérêts de la France, ainsi que de ses partenaires stratégiques, en pâtissent sans faire pour autant réagir les hautes autorités du pays, qui restent spectatrices de cette descente aux enfers.