Lopéra d' Alger Boualem Bessaïeh a abrité, mardi dernier; l'avant-première du premier long-métrage de Mounès Khemmar, intitulé Zighoud Youcef, avec le comédien Ali Namous dans le rôle principal, qui a su porter à bras- le- corps ce film, mais aussi son rôle de moudjahid, en tant que chef déterminé et passionné. Un film qui, note-t-on, a été produit par le ministère des Moudjahidine et des Ayants- droit et le Centre national de l'industrie cinématographique comme producteur exécutif. Ecrit d'après le scénario d'Ahcène Tlilani de la fondation Zighoud Youcef, le film restitue fidèlement la vie et le combat de Zighhoud Youcef en s'accompagnant d'images d'archives, soit des coupures de presse qui annoncent les différents faits avec lesquels s'ouvre le film, autrement en 1945. Ainsi, ce long-métrage retrace les moments clés de sa vie, de sa lutte au sein de l'Organisation spéciale (OS), son arrestation en 1950 à la suite de la découverte de l'OS par la police coloniale et le démantèlement « d'un trafic d'armes», puis son incarcération à la prison d'Annaba, son évasion en avril 1954, mais aussi sa participation notamment à la réunion des 22 et son rôle déterminant, aux côtés de Didouche Mourad, dans le déclenchement de la Révolution dans le Nord-Constantinois, en plus de l'organisation de l'offensive du Nord-Constantinois, le 20 août 1955, jusqu'à sa mort au champ d'honneur, le 23 septembre 1956. Il est bon à savoir que le tournage a eu lieu dans les wilayas de Constantine, Mila, Skikda et Alger. Bien que d'autres héros soient invoqués dans le film, tels Lakhdar Bentobbal, Ali Kafi, Amar Benaouda et Didouche Mourad, l'on arrive difficilement à saisir qui et qui, exception faite de Didouche Mourad sur lequel on s'attardera un peu. Outre Ali Namous qui remplit bien son job, incarnant à la perfection le rôle du moudjahid téméraire, y compris dans sa bluffante ressemblance physique, on relèvera aussi la participation d'autres comédiens comme Slimane Benouari, Mohamed Tahar Zaoui, Rachid Allaf, Lydia Larini et Fethi Nouri. Sur une musique émouvante signée Safy Boutella, les séquences s'enchaînent à la cadence d'un film de guerre, à coups de scène de combat, à répétition. Fort heureusement, d'autres images plus «apaisantes» viennent adoucir ce climat «tendu» cinématographiquement, en donnant à voir des plans gorgés de douceurs tels ces regards et ces dialogues attendrissants échangés entre Zighoud Youcef et sa fille ou encore avec sa femme. Le réalisateur a aussi choisi ce parti pris en expliquant que «le cinéma qui se veut universel se doit d'être avant tout humaniste..» d'où la complexité de certains personnages qu'il a réussi à dépeindre, notamment en montrant un Français qui, avec un cas de conscience, avoue faire des cauchemars suite à ses actes de torture, ce soldat français pris en otage qui reconnaît la bienveillance de l'armée algérienne ou encore cette journaliste française qui soutient la cause algérienne. Un réalisateur qui a su mettre en valeur ses comédiens, tels ces gros plans sur Ali Namous, charismatique dans son jeu, ou encore la beauté de la nature, filmée à l'américaine... Un film de guerre, certes, où l'on ne respire pas beaucoup, mais tout en nuance et subtilité, par endroit, non, sans le recours à la magie artistique au-delà des moyens techniques que l'on a pour faire un bon film de qualité. En effet, en dehors de l'histoire, force est de souligner la beauté de l'image et la fluidité de certains plans qui se passaient de tout discours, seul le silence au milieu des paysages sauvages valaient mille poèmes... Nonobstant le fait qu'elle soit une affaire d'homme et de victimes, la guerre, c'est l'histoire d'une tragédie qui se noue devant nos yeux au cinéma et ça, la musique de Safy Boutella a bien su la restituer en images, tout comme ce sentiment de désespoir qui pousse à l'héroïsme pour que nul ne regrette ses sacrifices, au nom de l'amour de son pays et de sa libération du joug colonial. «Un fardeau» qu'a su porter Ali Namous et toute l'équipe technique et artistique haut la main pour mener à bien ce film qui a mis deux ans pour voir le jour.