Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a décidé, mercredi, de débaptiser une artère emblématique de Dakar portant le nom du général Charles de Gaulle au profit d'un des pères de l'indépendance du pays, Mamadou Dia, selon un communiqué du gouvernement. Le boulevard Général-de-Gaulle, une artère qui accueille traditionnellement le défilé de la fête nationale de l'Indépendance, va désormais porter le nom de Mamadou Dia, selon cette source. La fête de l'Indépendance, organisée hier, a été «marquée d'une pierre blanche par (cette) décision» concernant cet «axe emblématique de la capitale», indique le communiqué. L'artère débouche sur un obélisque géant symbolisant l'indépendance. Premier ministre du Sénégal après que celui-ci s'est détaché de la tutelle française en 1960, Mamadou Dia (1910-2009) est considéré comme un des pères de l'indépendance aux côtés de Léopold Sédar Senghor. Nationaliste intransigeant sur les questions de souveraineté, il était tombé en disgrâce après que celui-ci l'eut accusé d'avoir fomenté un complot pour le renverser en 1962. Condamné à la prison à perpétuité en 1963, il avait été libéré en 1974 et ensuite gracié. Il avait tenté, sans succès, un retour en politique au début des années 1980. Le président Faye, qui se réclame du souverainisme, avait annoncé, en décembre, vouloir rebaptiser des artères, des édifices et des monuments coloniaux au profit de figures nationales et africaines. Cette annonce avait été faite lors des commémorations des 80 ans du massacre de Thiaroye perpétré par l'armée coloniale française en décembre 1944. Le Sénégal avait finalement obtenu son indépendance en 1960, alors que Charles de Gaulle était au pouvoir en France. De l'autre côté, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a appelé, jeudi, ses compatriotes à «faire preuve de résilience et de solidarité» face aux «défis» de l'état préoccupant des finances publiques, qui impose, selon lui, au peuple sénégalais de «compter d'abord» sur lui-même. Le chef de l'Etat a prononcé, jeudi soir, à la veille de la célébration de l'indépendance, son discours annuel à la nation retransmis à la Radiotélévision nationale. Dans un rapport publié en février, la Cour des comptes du pays a révélé que la dette s'élève à 99,67% du PIB, un taux supérieur au montant annoncé par le précédent régime. Le déficit budgétaire «recalculé» par la Cour pour 2023 est, par exemple, de 12,3% contre 4,9% annoncé auparavant. À l'issue d'une mission fin mars dans le pays, le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé «des déclarations erronées significatives des déficits budgétaires et de la dette publique sur la période 2019-2023». «L'histoire des nations nous enseigne que le chemin du développement nécessite des sacrifices collectivement consentis afin que des lendemains meilleurs puissent advenir», a prévenu le président Faye, alors que le climat social s'est tendu ces derniers mois dans son pays. «J'appelle donc chacune et chacun à faire preuve de résilience, de solidarité active et d'engagement patriotique face aux défis nombreux et complexes qui se dressent sur notre chemin», a-t-il lancé. Fin janvier, le chef de l'Etat avait décrit la situation alarmante d'un «Etat dont les marges de manœuvre budgétaire et financière n'existent quasiment plus» à cause du passif de l'ex-pouvoir, accusé d'avoir falsifié les indicateurs. Bassirou Diomaye Faye a été élu avec un fort soutien populaire, sur la promesse du souverainisme et de la fin de la dépendance vis-à-vis de l'étranger.