Naguib Sawiris, le président du conseil d'administration d'Orascom Telecom Holding, a dû pousser un ouf de soulagement. Jamais il n'a eu à consacrer autant d'attention à la date de lancement effectif d'un de ses 19 réseaux mobiles qu'il détient en Afrique et au Moyen-Orient. Hier, à partir de 15h, les abonnés «algérois» du réseau GSM Djezzy de la filiale algérienne du groupe égyptien, Orascom Telecom Algérie (OTA), ont eu l'agréable sensation de ne plus faire partie des exclus du mobile. La mise en service a débuté hier pour le grand public dans le centre d'Alger. Ainsi d'Alger-Centre, à Réghaïa, Sidi Moussa, Larbaâtach, Boudouaou ou Bou Ismaïl, tous ceux qui ont acheté leurs carte SIM (puces) lors de l'opération de prévente organisée par Orascom ont pu accéder au réseau Djezzy. Selon le planning du second opérateur, la cadence de mise en service va être maintenue pour arriver à desservir 12 wilayas du Nord avant le 5 août 2002, comme prévu par le cahier des charges d'OTA. La prochaine «destination» étant Oran vers la fin du mois. Cette opération de mise en service a été précédée par un test du premier appel au début du mois auquel a assisté la presse nationale. Pour la petite histoire, l'honneur du premier appel entre portables Djezzy est revenu à une consoeur du quotidien gouvernemental El Moudjahid. Le test d'appel entre un portable Djezzy et le réseau fixe d'Algérie Telecom a eu lieu le même jour. D'ailleurs, les abonnés de Djezzy peuvent être joints à partir de n'importe quel téléphone fixe d'Algérie Telecom à condition qu'ils se trouvent dans une zone couverte par le réseau d'Orascom. Cela a été rendu possible depuis la signature par le directeur général d'Orascom Telecom Algérie, Lionel Coussi, et le secrétaire général du ministère des P et T, Mohamed Younsioui, en sa qualité de membre fondateur d'Algérie Télécoms de la convention d'interconnexion entre Orascom et Algérie Telecoms pour le réseau fixe. Cette convention prévoit que pour une minute d'appel d'un téléphone mobile Djezzy vers le fixe, Algérie Telecoms perçoit au maximum 1,2 DA quand l'appel se fait en local. En interurbain, cette taxe varie entre 2,4 et 2,8 DA. Pour l'international, Algérie Telecoms perçoit au maximum 80% du prix d'appel qu'elle applique à ses usagers. Bien que très discret sur le nombre d'abonnés actuels du réseau Djezzy, Orascom a toutefois rendu publics quelques chiffres. Ainsi, le forfait Liberté représente 80 % des abonnements, les 20% restants concernent le forfait Loisir. Le forfait Business destiné aux entreprises a réussi à séduire quelque 3.000 abonnés au début du mois. La campagne médiatique concernant les difficultés financières de Djezzy a freiné quelque peu la cadence des ventes des lignes GSM, estiment certains observateurs. Pour vendre ses abonnements, Orascom a sélectionné récemment cinq grands distributeurs qui mettront en place, à travers des revendeurs agréés, un réseau de 1.500 points de vente et ce, outre les boutiques Djezzy gérées directement par le second opérateur mobile. Techniquement, Orascom prévoit, avant la fin de l'année, la mise en place d'un réseau pouvant accueillir un million de lignes GSM dont 500.000 seront mises en vente. Plus de 700 sites radio sont prévus. Ils sont fournis à 50/50% par l'allemand Siemens et le français Alcatel. Ce dernier s'est vu confier, au terme d'un contrat, la fourniture et la mise en place du coeur du réseau mobile d'Orascom. D'une valeurs de 42 millions d'euros, ce contrat est étalé sur cinq ans. A rappeler qu'Alcatel est aussi avec Ericsson, Motorola et Siemens dans la course à l'extension du réseau GSM de Mobilis, la filiale mobile d'Algérie Telecom de 500.000 nouvelles lignes. Lors de la dernière visite du Président Bouteflika à Paris, Serge Tchuruk, le président d'Alcatel, a eu, selon certaines sources, à discuter avec le Président algérien de ce dossier.