Ils étaient tous là, hommes, femmes, filles et garçons à attendre le moment propice pour saluer l'enfant du pays. Zineddine Zidane a véritablement créé l'événement ce week-end à Béjaïa. Le passage du champion du monde, aussi bien dans la ville de Béjaïa que dans la commune natale de ses parents, a suscité un climat d'effervescence jamais égalé de par le passé. Toujours aussi timide et réservé, Zidane a incontestablement eu l'accueil qu'il méritait, lui qui n'a jamais caché ses origines algériennes. Il y avait tellement de monde tout au long du parcours qui sépare les deux structures hospitalières visitées que le cortège officiel a eu tout le mal du monde pour avancer. Ils étaient tous là, hommes, femmes et enfants à attendre le moment propice pour saluer Zidane. 8h00 du matin au siège de la wilaya de Béjaïa, il y avait beaucoup de monde qui s'impatientait. Annoncé par avion à l'aéroport de la ville de Béjaïa, Zidane est finalement arrivé par Jijel, ville à partir de laquelle il rallie Béjaïa par route. A 10h00, les journalistes et les invités sont orientés vers l'hôpital Khelili Amrane, premier point au programme de Zidane. Sur la route, les gens commençaient déjà à se rassembler sur les trottoirs. A l'entrée de l'hôpital, une grande banderole souhaitant la bienvenue à la star Zidane dont le portrait est accroché sur la façade. Le service d'ordre commençait à montrer des signes d'énervement qui s'illustreront par des comportements pas trop «catholiques». La presse est invités à se mettre de côté. On en est arrivé jusqu'aux barrières métalliques entre les journalistes et le couloir qu'empruntera Zidane pour entrer dans l'hôpital. 10h30 mn, Zidane arrive. Il a été accueilli par le wali de Béjaïa pour se rendre, juste après, à l'intérieur de l'hôpital. La porte se referme immédiatement. Aucun journaliste n'a réussi à s'accrocher à la délégation. C'est plus tard qu'on apprendra qu'il a visité les services de pédiatrie. Zizou a réchauffé le coeur des malades. A sa sortie, tel un chef d'Etat, il était impossible de l'approcher, encore moins de lui parler. Cette situation n'a pas été pour arranger les choses puisque, comme à son entrée dans l'hôpital, sa sortie était un vrai casse-tête. D'ailleurs, une grande bousculade s'est produite lorsqu'il a tenté de saluer de plus près les gens. Il se rendra vite à l'évidence lorsqu'il ramassera lui même une fillette tombée par terre du fait de l'empressement qui animait tout un chacun. Très vite, il sera, avec ses parents, poussé vers la voiture banalisée garée non loin de la sortie sans prononcer un mot. Il s'imposera, cependant, un moment pour signer des autographes et saluer les jeunes, massés sur le côté et certains accrochés aux arbres. La cérémonie protocolaire d'accueil avec des fleurs, a failli être ratée dès l'arrivée. Quant aux responsables, qui se sont alignés pour le saluer, ils n'ont rien compris en le voyant se diriger vers l'entrée de l'hôpital. Une chorale, qui devait saluer Zidane par une chanson écrite spécialement pour l'occasion, après un moment de frustration, s'est mise à chanter «Maradyoughel» de Djamel Allam. Aborder l'ancien capitaine de l'équipe de France relève du parcours du combattant. Le prendre en photo était aussi dur. Quant aux populations qui faisaient tout pour l'approcher, on imagine bien le désordre. Zidane remonte dans la voiture sous les applaudissements des milliers de jeunes et les youyous qui fusaient des balcons environnants «Zizou, Zidane» scande-t-on à tue-tête. Klaxons actionnés, gyrophares allumés, le cortège prend la route vers l'hôpital Frantz-Fanon, deuxième point visité à Béjaïa. Zidane ne sera pas au bout de ses surprises. Il découvre, en effet, tout un peuple que ni la pluie ni l'éloignement n'ont eu raison de leur détermination à voir Zidane. Le cortège aura, alors, tout le mal du monde pour atteindre les hauteurs de la ville. Entre ceux qui restaient massés sur les trottoirs et ceux perchés sur les balcons, le boulevard de l'ALN, puis celui de la Liberté étaient d'un noir dont on ne distinguait que les feux multicolores des voitures de police. «Imazighen! One two thrée, viva l'Algérie!» «Zizou, Zizou», autant de slogans scandés de part et d'autre sur fond de youyous fusant des balcons. Visiblement, ému par cet accueil, Zidane saluait autant qu'il pouvait de la main. A l'hôpital Frantz-Fanon, les mêmes scènes sont à noter. Bousculades, cris, refrains, bref, une ambiance que Béjaïa n'a jamais vécue. Dans cet hôpital, Zizou visitera la salle des hémodialysés durant près de 20 minutes. Il était tout aussi difficile de quitter les lieux. Signant quelques autographes, rapidement, il remonte dans la voiture pour se diriger directement vers l'hôtel des Hammadites où il a partagé un déjeuner offert par la wilaya. Le cortège sera, d'ailleurs, obligé de changer d'itinéraire à la sortie de l'hôpital afin de fuir la foule. Zidane aura vécu une journée inoubliable à Béjaïa. Il a eu un accueil royal. Il peut se targuer d'appartenir à un peuple qui est fier de lui.