De l'aéroport à Béni Amrane en passant par Sidi-Daoud, le champion du monde a suscité un climat d'effervescence auprès des populations de ces localités de Boumerdès, notamment auprès des jeunes qui n'ont pas cessé de scander son nom, brandissant ses différents portraits. Timide et réservé, Zidane discute souvent avec son frère, comme pour lui dire qu'ils sont aujourd'hui chez eux. La visite de Zizou est aussi un hommage pour ses parents qui sont restés toujours liés à leurs origines. Dans un avion spécial algérien, pour une visite de cinq jours en Algérie, l'ancien capitaine des Bleus est arrivé hier matin à Alger. Avec sa simplicité habituelle et une modestie que tout le monde lui reconnaît, l'invité exceptionnel du président de la République a eu droit à un accueil digne des VIP. Pour sa deuxième visite en Algérie, Zinedine Zidane a créé l'événement. La star du football mondial s'était rendue une première fois à l'âge de 15 ans en Kabylie, en compagnie de ses parents. Cette fois-ci, c'est la première visite en Algérie en qualité de star planétaire. Depuis hier à Alger, c'est la ”zizoumania”, car même les vitrines des magasins sont remplies de posters du joueur. Le stratège des Bleus a été accueilli à l'aéroport international d'Alger par le ministre algérien de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, entouré de plusieurs hauts responsables des sports. 9h, Zizou descend de l'avion accompagné outre de ses parents, de son frère et de son ami qui n'est autre que le chanteur kabyle, Idir. Parmi les accompagnateurs, on retrouve aussi le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould-Abbès, qui ne l'a pas quitté d'une semelle. De l'aéroport à Béni Amrane en passant par Sidi Daoud, le champion du monde a suscité un climat d'effervescence auprès des populations de ces localités de Boumerdès, notamment auprès des jeunes qui n'ont pas cessé de scander son nom brandissant ses différents portraits. Timide et réservé, Zidane discute souvent avec son frère, comme pour lui dire qu'ils sont aujourd'hui chez eux. La visite de Zizou est aussi un hommage pour ses parents qui sont restés toujours liés à leurs origines. Comme leur fils, les parents Zidane ont été eux aussi traités comme des stars, eux qui ont donné naissance au prodige. Coïncidence, c'est aujourd'hui l'anniversaire du 11 Décembre 1961, et l'Algérie le célèbre avec Zidane. À noter que sa visite en Algérie s'étendra jusqu'au 15 décembre où il se rendra dans d'autres localités d'Alger. Zidane, pour clore son séjour, se rendra dans son village Aguemoun, à Béjaïa, d'où sont originaires ses parents avant de repartir en France. À Alger, Zidane a passé une journée que lui aussi n'oubliera jamais, pleine d'émotions et de sensations nouvelles. L'homme au “fameux” coup de tête a fait connaissance avec ceux qui l'ont toujours considéré des leurs. Cela s'est confirmé, hier. “C'est lui, il est venu, il est là”, c'est la phrase qui sort de la bouche de tous les amoureux du joueur français d'origine algérienne. L'ex-capitaine des Bleus a ravi les villageois de Sidi-Daoud et de Béni Amrane dont certains n'ont tout simplement pas cru leurs yeux. ”Merci Zizou !” Isolés du “reste du monde”, les villageois de Sidi-Daoud, qui ont souffert le martyre lors de la décennie noire et ont été terriblement touchés, en 2003, par le séisme qui a frappé toute la wilaya de Boumerdès, ont eu une belle surprise qu'ils ne risquent peut-être jamais d'oublier. Le footballeur le plus populaire au monde vient de leur rendre visite, les saluer et leur montrer tout son soutien. À ces enfants d'Algérie, Zidane leur a réchauffé le cœur. Les écoliers du primaire de Sidi-Daoud étaient tous au rendez-vous ; pas question pour eux de rater un tel événement. Dans un ordre bienveillant et habillé de leurs meilleurs habits, ils étaient là pour dire “merci à Zizou”. Ils n'ont pas arrêté de scander son nom avec entre les mains le drapeau national. Sorti de la classe où il a apposé sa signature sur un registre, Zidane s'est directement dirigé vers ces enfants qu'il a tenu à saluer. Dans les rues, c'est un vrai embouteillage. Dès son arrivée, Zidane a eu droit à un accueil digne de chefs d'Etat ; impossible de l'approcher ni de parler avec lui, la sécurité mise à son service ne laissait personne s'approcher de lui, sauf ses invités. Cette situation n'a pas été pour arranger les choses puisque à chaque escale, c'est un vrai casse-tête. D'ailleurs, une grande bousculade a eu lieu entre photographes lors de l'apparition de la vedette accompagnée de sa mère, son père, son frère et son ami Idir. Il a été ensuite poussé, en compagnie de ses parents, dans une voiture banalisée sans adresser un mot à la presse ; impossible de le faire. La cérémonie protocolaire au cours de laquelle deux fillettes en costume traditionnel algérien devaient offrir à Zidane un bouquet de fleurs pour lui souhaiter la bienvenue a été carrément supprimée du programme. Une quinzaine d'adolescents en survêtement aux couleurs du drapeau national ont quitté l'aéroport, frustrés, eux qui voulaient tant rencontrer Zidane. Aborder l'ancien numéro 10 des Bleus est un vrai concours, devant les photographes qui ont souvent réussi à déjouer la vigilance des services de sécurité. D'ailleurs, ces derniers souvent bien embusqués ont à chaque fois créé une confusion. Ceci sans parler de la population qui faisait tout pour l'approcher, semant ainsi le désordre. Les personnalités, qui ont été du voyage, ont eu une dure journée, puisque certaines d'entre elles ont failli être écrasées dans ce gigantesque rassemblement. Il aura fallu même l'intervention du ministre Djamel Ould-Abbès pour remettre de l'ordre. Ce dernier n'a pas manqué de crier sur la foule excitée, demandant plus d'espace. “Laissez-lui le passage !” criait-il. Ceci malgré la présence impressionnante des forces de sécurité où l'on retrouve une garde rapprochée de policiers en tenue et en civil, des gendarmes presque dépassés par l'ampleur de l'événement et du personnage. C'est toutefois grâce à eux que l'invité du Président a été soustrait aux dizaines de cameramen et photographes par le service chargé de l'ordre, et mis en sécurité à chaque escale. ”Je suis fier d'être Algérien” Après Sidi-Daoud, et sans trop attendre, Zidane est monté dans la voiture pour prendre la direction, à la tête d'un long cortège, vers Béni Amrane. Cette localité de la wilaya de Boumerdès qui n'a pas échappé au violent séisme qui avait fait 2 300 morts et plus de 11 000 blessés, le 21 mai 2003, a eu elle aussi droit au privilège “Zizou”. Zidane a inauguré une cantine scolaire et une unité de soins pour enfants inadaptés. Mais contrairement à Sidi-Daoud, Zidane a rencontré une foule de fans beaucoup plus impressionnante massés le long du trottoir et d'autres perchés sur les balcons de toutes les habitations qui entourent la clinique, et qui n'ont pas cessé de scander son nom dès qu'il a été aperçu. “Zizou, Zizou, Zizou” ; “One two, three, viva l'Algérie” ; “Imazighen”, des refrains que la population de Béni Amrane n'a pas arrêté de fredonner, jusqu'au départ de l'ancien capitaine. Sur place, Zidane parle. Entouré d'un groupe de journalistes de différents organes nationaux et internationaux, Zidane dira : “Je suis très content de me retrouver en Algérie. C'est le pays de mes parents et je suis fier d'être un Algérien. Je suis très heureux d'être ici parmi tout le monde.” Visiblement très ému, Zidane n'a pas trouvé autre chose à dire, se contentant d'un sourire à l'endroit des journalistes qui le harcelaient pour un éventuel entretien. Présent parmi les invités d'honneur du champion du monde, le chanteur kabyle Idir a dit être très heureux d'être parmi cette délégation qui a apporté beaucoup de bonheur aujourd'hui. “Sincèrement, je suis ravi de venir en Algérie, mais moi, contrairement à mon ami Zidane, je le fais plus souvent. D'ailleurs, je ne suis ici qu'à titre amical, Zinedine m'a demandé de l'accompagner et je n'ai pu décliner son invitation. C'est un garçon très gentil et simple ; cela dit, je comprends tout l'engouement que suscite sa visite, c'est l'un des hommes les plus convoités et les plus polis de la planète. Aujourd'hui, il retrouve ses origines et je suis très content pour lui.” Pour l'auteur de A vava I nouva, si Zidane est resté quinze ans sans faire un tour chez lui, c'est à cause de son agenda tout le temps chargé. Pour sa part, le père de Zizou, tout ému comme son fils, dira dans une phrase qui va dans le sens de la réconciliation nationale : “Je suis content d'accompagner mon fils ; ce que je souhaite, c'est que notre pays retrouve encore plus de sérénité et de paix.” À l'image du père, la mère de Zidane a déclaré à son tour aux nombreux journalistes qui l'ont sollicitée. “Je suis heureuse de venir avec mon fils, mais je dois vous dire que j'ai encore de la peine et du chagrin pour les victimes du séisme, c'est terrible ce qui est arrivé. C'est aussi pour eux que nous et mon fils sommes là”, s'est contentée de dire Maman Zidane. Zidane doit enfin donner jeudi le coup d'envoi au stade du 5-Juillet de la rencontre entre l'USM Alger la JSM Béjaïa. Vendredi, Zizou se rendra à Aguemoun pour un déjeuner offert en son honneur par les habitants de son village. Sa première journée à Alger a été sous le signe de l'émotion, mais cela n'a pas empêché tout le monde de sourire et de partager la joie de Zidane. Des retrouvailles inédites entre Zidane et son algérianité qui semble ne l'avoir jamais quitté malgré son ascension. C. M.