«Je suis surtout heureux de pouvoir venir en Algérie, parce que je suis l'invité du président Bouteflika», a déclaré le footballeur en retraite. Accueilli comme un héros par le peuple et reçu comme un chef d'Etat par le président de la République, la star mondiale du football, Zineddine Zidane, a été décoré, hier, de la plus haute distinction de l'Ordre du mérite national, la médaille «Athir», par le président Abdelaziz Bouteflika. Un geste fort symbolique et qui marque le lien entre le champion du monde 1998 et le pays de ses parents. La cérémonie s'est déroulée au Palais du peuple, à l'issue d'un déjeuner offert par le chef de l'Etat à l'hôte de l'Algérie en présence de ses parents. Ont pris part, également, à cette cérémonie, des membres du gouvernement, notamment les ministres de la Solidarité et de la Jeunesse et des Sports, respectivement, Djamel Ould Abbès et Yahia Guidoum, ainsi que les anciennes gloires de l'équipe de football du FLN dont une photo de l'équipe a été offerte à Zidane par le chef de l'Etat. Cette médaille est décernée «en reconnaissance de votre notoriété exceptionnelle que vous avez édifiée avec une volonté et une sportivité uniques en leur genre», souligne le texte lu lors de la cérémonie de remise de la médaille «Athir», au Palais du peuple. Elle est, aussi, une «reconnaissance de votre respect des règles du jeu et de l'admiration qu'on vous doit et en raison de l'exemple que vous constituez pour la jeunesse algérienne (...)», ajoute le texte. La médaille d'El Athir constitue, également, une «reconnaissance de votre attention particulière, de votre générosité, de votre solidarité effective avec les plus démunis, ainsi que votre attachement affirmé à votre pays d'origine, du respect et de l'admiration que vous vouez au peuple algérien dont vous faites partie». Après la cérémonie, le président Bouteflika et Zineddine Zidane ont pris une photo de famille avec les anciennes gloires du football algérien qui étaient présentes. Créée en 1984, elle a été décernée à titre posthume à des responsables de la Révolution, morts au combat. Elle est habituellement décernée à des chefs d'Etat, des amis de l'Algérie et à des Algériens méritants qui ont fait une carrière prestigieuse à l'étranger. C'est le second français d'origine algérienne à recevoir cette médaille après l'acteur français, Roger Hanin, le fils de Bab El Oued. En décernant cette médaille, le chef de l'Etat n'a fait que lui multiplier une marque de respect et de considération pour celui qui a su élever l'image de marque de l'Algérie aux quatre coins du monde. Auparavant, Zidane a été reçu par le chef de l'Etat au siège de la Présidence. «C'est une audience symbolique, aussi bien pour moi que pour mes parents, et je suis surtout heureux d'être venu en Algérie, parce que je suis l'invité du président Bouteflika. Je suis content et heureux d'avoir partagé un moment avec Monsieur le président», a déclaré Zidane à l'issue de l'audience. Dans un message adressé au lendemain de la finale de la Coupe du monde remportée par l'Italie, Abdelaziz Bouteflika avait écrit: «Je serai toujours très heureux de vous recevoir ici dans votre pays, tel que vous êtes, avec votre famille, à une date qui vous arrangera et que nous pourrons fixer d'un commun accord par l'intermédiaire de notre ambassade à Paris», et d'ajouter: «Je vous en serais gré et pour cela aussi, je vous félicite. Comme vous n'avez jamais oublié le pays de vos origines, l'Algérie et les Algériens sont fiers de vous. Ils ne vous oublient pas.» C'est désormais chose faite puisque Zidane se trouve en Algérie depuis lundi. Un 11 Décembre, une journée historique dans l'histoire de l'Algérie. Par sa présence sur le sol algérien, Zidane a pris à contre-pied les sceptiques, notamment certains hauts responsables français, qui n'ont pas hésité à qualifier cette invitation de manoeuvre politicienne de la part du chef de l'Etat. Ces mêmes hauts responsables n'avaient pas hésité à faire les yeux doux et à s'afficher aux côtés des stars beurs, notamment en cette période préélectorale où tous les coups sont permis, pour eux, bien sûr. Chose qu'explique Bruno Seznec, rédacteur au Figaro, en affirmant que les stars servent d'«étendards facilement identifiables par tous les électeurs» et du coup «la notion de souveraineté du peuple se dissout dans la célébrité du people». Mais Abdelaziz Bouteflika a fait sienne cette approche du fait que Zidane est bel et bien l'enfant d'Aguemoun, ce petit village perché sur les hauteurs de Béjaïa. «Je suis heureux d'être dans mon pays d'origine et de partager ce moment avec les Algériens», a-t-il dit dans un point de presse à l'hôtel El-Djazaïr mettant ainsi un terme à toutes spéculations. Pour rester sur le plan sportif, l'invité de l'Algérie donnera devant, au moins 60.000 spectateurs, le coup d'envoi de la rencontre de football devant opposer l'USM Alger à la JSM Béjaïa au stade olympique du 5-Juillet, avant de se rendre demain dans le berceau de sa famille, le petit village d'Aguemoun. D'ores et déjà Aguemoun est en effervescence et prépare un accueil digne de l'enfant du pays qu'il est. Après un déjeuner familial, Zidane regagnera Alger avant de s'envoler pour la France en fin de journée en attendant la prochaine visite.