Le ministère de la Participation et de la Coordination des réformes a lancé un avis d'appel d'offres national et international à manifestation d'intérêt pour l'ouverture du capital de la Société nationale des transports maritimes (SNTM/Cnan) Le gouvernement algérien envisage l'ouverture du capital de la Cnan par cession de participation au profit d'un ou de plusieurs partenaires algériens ou étrangers à hauteur de 49%. Les manifestations d'intérêt, qui doivent comporter la présentation détaillée de l'investisseur, assortie d'une indication du degré d'implication souhaitée dans la gestion, devront être remises au plus tard le 20 mars 2002, précise le ministère dans un placard publicitaire. La compagnie maritime gère une flotte de 26 navires, composée de 7 général cargo, 7 rouliers (dont un porte-usine) et 12 vraquiers. L'âge moyen des 26 navires est de 22 ans. En 2000, la compagnie a transporté environ 2,7 millions de tonnes dont 1,1 million en lignes régulières, soit un taux de participation dans les changes extérieurs de plus de 25% dont 10 par les capacités propres. Une filiale de la compagnie, implantée dans tous les ports de l'Algérie, assure l'activité de la consignation (1 500 navires, 2,5 millions de tonnes de marchandises), du transit et de l'avitaillement. La Cnan dispose de délégations générales et de filiales à Marseille, Istanbul, Anvers, Valence, La Spézia en Italie et Hambourg. Après plus de 20 ans de rentabilité, la compagnie a pris de sérieux coups, face à une féroce concurrence. Tout comme le redressement de 1997, suivi d'une déchéance «programmée» par certains, l'ouverture du capital de la Cnan est considérée non seulement comme inéluctable, mais tombe à pic Le pavillon national qui comptait 52 navires, a pratiquement perdu la moitié de sa flotte. Le plus grave, c'est que la plupart des navires qui ont échappé à l'immobilisation sont pourchassés partout dans le monde par des créanciers de tous bords envers lesquels la Cnan n'a pu honorer ses engagements, faute de trésorerie. En effet, la seule filiale rentable, Nashco, s'est retrouvée face à une situation des plus délicates. Pendant deux ou trois ans, la société mère Cnan avait recours aux bénéfices de Nashco pour subvenir aux exigences des créanciers qui usaient des textes internationaux paraphés par l'Algérie, pour pourchasser les navires de la Cnan. Dès lors, Nashco a failli y passer, n'était l'abnégation de ses travailleurs. Notons qu'à une certaine période les ponctions s'effectuaient hebdomadairement. L'année dernière, le commissaire aux comptes avait refusé de valider le bilan d'exercice négatif, car «les justifications du déficit étaient irrecevables au regard de la réglementation». La décision d'ouvrir le capital de la Cnan a suivi un cheminement au plus haut niveau de l'Etat. Le dossier de la Cnan a été, depuis la fin 2000, pris en charge par le cabinet de Benflis. Il a été mis en place des mesures d'urgence susceptibles, sinon de la sauver, du moins de mettre fin à la gabegie qui a failli couler toute la flotte du pavillon. Le Chef du gouvernement avait installé un comité de sauvegarde présidé par son propre chef de cabinet. Ce comité avait pour mission le plafonnement des crédits accordés par la BEA et la mise en place d'un fonds spécial de 500 millions de dinars débloqués en octobre 2000. Aussi salutaire que nécessaire, l'ensemble des mesures a permis d'accompagner la Cnan, même si l'assainissement humain n'a pas été fait. L'ouverture du capital pouvait bien passer dans des conditions plus confortables, mais les promesses du marché appelé à reprendre laissent encore des espoirs. Le ballon sonde a été lancé depuis le début de l'année dernière. Dès lors, une polémique s'est déclenchée autour de l'ouverture du capital. Elle avait trait, en fait, à la nécessité d'épargner les filiales rentables, notamment, Nashco et l'Enmtv. La première n'a de relation avec la société mère qu'à travers la consignation des navires. Avec plus de 17.000 accostages par an, le chiffre d'affaires de Nashco a dépassé même celui de la société mère. L'autre point non moins important, relatif au volet social, laisse planer des interrogations sur l'avenir des 2 600 salariés employés dans les 52 navires. Il est tout de même important de savoir comment on va traiter avec le preneur ce volet qui risque de se compliquer.