Avec l'ouverture de cette compagnie aux partenaires privés et étrangers, décidée par le gouvernement, un assainissement administratif et financier risque de faire ressurgir des affaires scabreuses. Remous à la compagnie maritime Sntm-Cnan. Le SIT (Syndicat islamique des travailleurs) de l'ex-FIS renaît-il de ses cendres? Des cadres de cette compagnie qui a été le fleuron du pavillon national, actuellement en déliquescence, s'inquiètent du retour de certains syndicalistes connus des services de la police et de la justice, car impliqués dans des affaires compromettantes liées aux détournements de deniers publics. «C'est l'histoire d'un opportunisme qui change de formes et de méthodes à chaque fois que c'est nécessaire», nous indique un des plus anciens cadres de la compagnie. La réélection «illégale» d'une commission électorale, pour la réinstallation des instances syndicales, explique bien les craintes. Elle marque clairement le réveil de certains qui ont marqué les pages noires de la Cnan: détournement, corruption, trafic d'influences et bien d'autres scandales qui ont alimenté les colonnes de la presse locale et étrangère. Bien que la prise en charge du dossier Cnan par les services du gouvernement ait été accueillie avec un certain optimisme, il n'en demeure pas moins que le climat général cache un doute, un refus... une révolte non avouée. Un SOS a été lancé aux plus hautes instances de l'Union générale des travailleurs, dénonçant l'illégalité de l'assemblée générale, ainsi que la composante de la commission électorale. En effet, les travailleurs parlent de «compromis». Des membres de cette commission sont connus comme étant des anciens du Syndicat islamique des travailleurs dissous (SIT). Aussi, le mandat du secrétaire général a-t-il expiré le 4 mai 2000 tout en appelant à d'autres élections. Les craintes s'amplifient à l'idée que le même SG, B.B. est en liberté provisoire, en compagnie d'un autre syndicaliste pour détournement de plus d'un milliard de centimes, des caisses du fonds des oeuvres sociales. Ils ont été inculpés par le procureur de la République et mis en liberté provisoire depuis trois ans. Le plus grave a été leur réintégration à leur poste par les responsables de la compagnie qui est partie civile. Ne se contentant pas de ce fait, ils ont même bénéficié d'une promotion par la prise des commandes du comité de participation et de la commission discipline. Une question demeure posée: y a-t-il au préalable une enquête d'habilitation (bonne conduite) pour toute action élective? La montée au créneau de l'ex -syndicat dissous intervient dans une période bien délicate dans la vie de la compagnie Sntm-Cnan. Le conseil du gouvernement avait annoncé l'ouverture de son capital aux partenaires locaux et étrangers. Cela induit nécessairement un assainissement administratif et financier, qui pourrait faire resurgir les vieilles affaires, et surtout mettre fin à un ordre établi qui a mené à un désastre. La flotte de la Cnan navigue à moins de 30 % de ses capacités. Alors que les créances ont coûté des sommes colossales et les saisies de navires algériens à travers le monde battu tous les records. Il se trouve, selon les cadres rencontrés, que la plupart des dossiers noirs ont vu l'implication de certains éléments du SIT qui ont vite rejoint les rangs de UGTA, juste après la dissolution du FIS.