La soirée, haute en couleur de ce vendredi, annonce le début d'un événement qui s'étalera sur 12 mois. L'ouverture artistique de la manifestation de l'année, «Alger, capitale de la culture arabe», a eu lieu avant-hier à la Coupole du complexe sportif Mohamed Boudiaf, sur les hauteurs d'Alger. Sous un ciel dégagé, et un soleil «expirant» ses dernières flammes, la procession de Mercedes noires arrive. Sous l'oeil vigilant d'une sécurité renforcée, arrivent les ministres de la République -à l'instar du chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem, du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, le commissaire de l'événement Alger, capitale de la culture arabe, Kamel Bouchama- les représentants du corps diplomatique accrédité à Alger. Bien auparavant, le chef du gouvernement a reçu le secrétaire général de la Ligue arabe, M.Amr Moussa. Celui-ci, à son arrivée à l'aéroport international d'Alger, a lâché tout de go: La manifestation «Alger, capitale de la culture arabe, 2007 constitue une responsabilité historique pour l'Algérie.» Le souffle glacial des monts de Chréa, atteint les alentours. Le froid s'abat à petites doses sur Alger. Devant l'entrée réservée aux invités de marque, la chorale chargée de l'accueil s'impatiente. Ses membres, des enfants, gèlent dans leurs costumes fins, et minutieusement confectionnés pour l'occasion. A l'intérieur de la Coupole, l'orchestre fait ses dernières retouches. Les machinistes, eux, procèdent aux derniers réglages. Il est 20h45. Un agent, chargé de l'organisation, invite les retardataires à s'asseoir. «Le spectacle commence dans 10 minutes», avise-t-il. La scène, en forme de pentagone, se terminant de chaque côté par une pointe juste sur le sol de la salle, est, de temps à autre, brassée par une puissante lumière bleue émanant de projecteurs géants. Juste au-dessus, trois écrans géants attendent le signal. La fresque géniale d'Aouameur: Aux environs de 21h, les lumières -provenant de plus de 300 projecteurs- s'éteignent. D'autres s'allument. Sur le plafond de la Coupole, des points lumineux sous forme d'étoiles, apparaissent. Une musique diffusée par une sono puissante commence son «vrombissement». Un faisceau lumineux brasse la scène. Les trois écrans géants placés juste au milieu de la scène diffusent la silhouette d'un chorégraphe qui persiste dans ses acrobaties. Que le spectacle commence! Les trois écrans sont levés. Une équipe d'une dizaine de chorégraphes, maniant leur corps à merveille, obéït à la musique extatique conçue par le musicien, compositeur et chef d'orchestre Farid Aouameur. C'est un maestro, et pas des moindres. En cette soirée, il est à la tête de quelque 250 musiciens. Ils sont venus de plusieurs pays participants, notamment libanais, égyptiens, irakiens et marocains. Changement de sonorités et de cap. On tourne vers le terroir. Hamidou fait une entrée fracassante en chantant la célèbre chanson populaire Farha ou zahwa (Joie et liesse). Hamidou s'estompe. Mohamed Rouane caresse les cordes de sa guitare. La musique qui y émane est accompagnée des sons reproduisant les cris de différents genres d'oiseaux. C'est la jungle «auditive». Les cris des macaques et des chouettes se la disputent à ceux des loups. Les bruits s'arrêtent. Une musique calme échappe de la sono. Sur l'écran sont projetées trois figures de l'histoire de l'Algérie: le fondateur de la ville d'Alger, Bologhine Ibn Ziri; l'artiste-peintre Mohamed Rassem et la martyre Hassiba Ben Bouali. Dans son dialogue, le trio relate l'Histoire de l'Algérie. Le mélange des couleurs La danse s'enchaîne avec la chanson. La poésie se mêle à la musique. L'histoire se marie avec la géographie. La mémoire se lie avec le passé. Le regard épouse l'avenir. Et le tout se conjugue à tous les temps. Cette chaîne, merveilleusement et méticuleusement, n'en dit que long sur l'art de son concepteur, Farid Aouameur. Le public présent à la soirée d'ouverture s'accorde à dire que le métissage audiovisuel a été ingénieusement mis en scène par cet artiste de talent. En plus de ce que nous avons cité plus haut, il faut souligner que la fresque artistique présentée dans la soirée de vendredi dernier, comprend des tableaux relatant l'histoire de l'Algérie tout en mettant en valeur sa culture et son patrimoine multimillénaire, notamment la musique, la danse, la poésie ainsi que la chanson à travers un fil conducteur constitué par la boqala (dictons d'antan). Le spectacle, alliant harmonieusement le chant du terroir avec les airs très contemporains d'une musique moderne, voire techno, a été animé par des artistes de renom tels que Hamidou, Lotfi Double Canon, Mohamed Rouane et Nada Rihane, Nadia Benyoucef, Nassima ainsi que la chorale ‘'Nagham''. Il se veut un aperçu du génie créateur artistique algérien. Basée sur les jeux de lumières, la gestuelle, les couleurs, les sons et les rythmes, cette création artistique de haute facture a consacré de nombreuses séquences à la Révolution algérienne avec un hommage aux martyrs et à tous les bâtisseurs de l'Algérie. Le chef-d'oeuvre artistique s'est déroulé dans un décor très recherché, féerique et symbolique axé autour d'étoiles et constitué également de photographies mettant en exergue la beauté architecturale des capitales des pays arabes.