L'association Chrysalide a convié, jeudi dernier, les amoureux de bonnes feuilles, à sa première rencontre littéraire de l'année, autour de l'ouvrage de Djamel Souidi, Amestan Sanhadji, (le serment de fidélité), paru aux éditions du Tell. Animée par Hajar Bali et Nassim Kheddouci, cette rencontre à l'allure de conversation croisée, bien sympathique, étrennée dans un lieu tout aussi sympathique que la librairie des Beaux-Arts d'Alger-centre, nous a, d'emblée, immergés dans ce monde fait de noms, de personnages et de villes historiques auquel l'auteur nous rapportera la claire signification, notamment sur le plan étymologique. Amestan Senhadji, dira Nassim est une sorte de colorant de laboratoire en ce sens où il sera ce révélateur autour duquel vont se construire les fondements des sociétés, en étant toujours près des émirs. «Je suis un grand amateur de roman historique. Mon souci est comment raconter l'histoire. Soit on prend le risque de s'identifier au personnage, soit on prend un complice qui n'est pas impliqué par ses actes, tel que j'ai fait, et mettre en branle l'histoire. Dans ce cas, on ne peut pas prendre des libertés en imaginant des personnages non historiques. C'est vérifiable. Le roman porte sur la création de l'émirat de Bologhine qui prend le pouvoir, appelé par les Fatimides, des Zirides...». Djamel Souidi évoquera, aussi, ces prénoms berbères qui ont été portés par ces personnages. «Tous les noms à la base ont des significations qu'on a perdues. Amestan veut dire le protecteur. Sanhadja est un terme qui se retrouve pendant le Moyen-Age où l'on séparait le bloc du Maghreb en Sanhadja et Zenata... On a une flopée de noms qu'on n'a pas pu suivre à cause du manque d'informations sur l'évolution des tribus... On suppose que Senhadja vient du terme de ceux qui font des razzias et Zenata ceux qui élèvent les moutons.» M.Souidi parle de perte de cohésion tribale et prend comme exemple les Berbères qui, au 18e siècle, vont se conformer aux règles du monde arabe. «Le monde berbère va être en porte-à-faux entre le monde d'où il vient et celui qu'il intègre.» Dans cet ouvrage passionnant, il sera question aussi, des routes du commerce, notamment de Ouargla au Soudan, d'or, d'esclaves, d'ivoire et de transfert d'argent par les Juifs... Comme quoi rien n'a changé pour ces derniers. Enfin, Djamel Souidi a, lors du débat enrichissant qui a suivi cette rencontre-lecture, regretté le manque flagrant de connaissances et de mémoire personnelle de ces gens qui ont marqué l'histoire, du fait que la graphie arabe étant sacralisée, on parlait peu de choses «triviales» notamment. «Il y a un manque de relève sur le terrain. C'est la fin d'une génération qui ne se réamorce pas», a-t-il fait remarquer, avec dépit, en conclusion.