Rabie Ben Mokhtar est dans la région d'Azazga pour tourner: D'un conte à l'autre. Ce film de 120 minutes entre dans le cadre d'«Alger, capitale de la culture arabe». Le réalisateur s'inspire des contes du terroir, Vava Inouva et Mqidech pour nous replonger dans les imouchouhas qui ont bercé notre enfance, mais aussi pour essayer de déconstruire les mythes, vu que la réalité dépasse toujours la fiction. En effet, les atrocités que la guerre impose à l'actualité sont toujours plus pesantes que les ogresses et les hydres des contes de grand-mère. En résumé, le metteur en scène s'attelle à la réalisation d'un long métrage de fiction intitulé «D'un conte à l'autre», qui présente deux moyens métrages, mettant en scène un conte et une légende d'Algérie. Les contes véhiculent très souvent les valeurs morales anciennes qui ont forgé l'éducation et la force de caractère de nos parents qui, malgré les privations d'une existence très difficile, ont su mener une vie plus ou moins confortable. En plus de leur côté amusant, ces contes éduquent et éveillent l'esprit des enfants. Le premier film, la légende de Vava Inouva, sera raconté en restant fidèle à la structure du conte; soit une structure linéaire par le biais de laquelle on initie les enfants au déroulement d'une histoire: un début, un héros, les aventures du héros, les problèmes qu'il rencontre dans sa quête et le dénouement. Le scénario est écrit par Nasser Mouzaoui. Le deuxième film Dans la nuit, dont le texte est signé par Raoui Abdelghani, est une adaptation des Aventures de Mqidech, dont le récit est raconté à une période contemporaine (la guerre d'Algérie), et tout au long du récit de la grand-mère, se greffent les remarques des enfants qui réagissent avec à propos et esprit critique (ils décortiquent ou détruisent peu à peu l'histoire). L'intérêt, de relier ces deux contes dans une continuité dramatique unique, réside dans le fait qu'ils s'éclairent mutuellement, puisqu'ils se fondent sur le même type de récit mythique. Le premier conte Vava Inouva relève de la poésie des légendes héritées de nos aïeux. Le second conte, Dans la nuit tout en déconstruisant un récit fabuleux rejoint le premier dans la réhabilitation d'une morale pédagogique retrouvée. Plus prosaïquement, Vava Inouva met en scène l'histoire d'un vieil homme qui dérobe un morceau de viande au cours d'une fête rituelle en vue de faire tomber la pluie. Une réunion de tajmaât est décidée sur le champ. Celle-ci a lieu dans la forêt. Au cours de cette assemblée, a lieu une prière au cours de laquelle il est souhaité que le sol s'ouvre sous les pieds du voleur. Ce souhait est exaucé et le voleur voit ses pieds prisonniers du sol. Pour qu'il ne soit pas dévoré par les fauves ou par l'ogre, ses trois fils lui construisent une cabane. Et c'est la petite fille de son plus jeune fils qui lui apporte ses repas quotidiens. Celle-ci est, après plusieurs aller-retour, repérée par l'ogre. Il commence par dévorer le vieil homme. La petite fille surgit, comprend que l'ogre est dans la cabane en train de l'attendre. Elle bloque la porte de la cabane et court chercher du secours. Des hommes arrivent armés de haches, de fourches, de gourdins et de pioches. Après avoir réfléchi, ils se disent que le meilleur moyen serait de mettre le feu à la cabane. Et c'est ainsi que meurt l'ogre, après avoir dévoré le vieil homme. Quelque temps après, des roseaux poussent à l'endroit où la cabane avait brûlé; puis un berger passe. Il coupe les roseaux et se fabrique une flûte. Dès qu'il en joue ce sont les voix de la petite fille et du vieil homme qui se font entendre. Dans la nuit est l'adaptation d'un conte algérien, bien connu des grand-mères de nos villages natals. Mais l'action se situe en pleine guerre d'Algérie. Sur des terres ravagées par les combats et les batailles. C'est dans cet univers hostile, qu'une petite famille tente de survivre en usant du pouvoir de l'imagination, et des talents de narratrice de la grand-mère qui raconte à ses petits-enfants quelques-unes des Aventures de Mqidech, un héros populaire, malin, espiègle, et qui par moments, provoque la controverse. On rappellera que le premier tour de manivelle de ce film original sera donné, le mercredi 24 janvier 2007 au village Moknéa, commune Ifigha, près d'Azazga.