Les observateurs n'excluent pas l'éventualité d'élaborer la loi de finances complémentaire 2007 sur la base du prix de référence de 16 dollars. L'Algérie pourra financer par ses propres moyens tous les projets lancés ou en voie de l'être dans le cadre des programmes de développement, sans recourir à la dette, d'ici 2009, «si le prix du baril se maintient à 50 dollars». Dans le cas contraire, «le gouvernement va se réunir pour définir la liste des projets qui seront gelés ou dont le rythme de réalisation sera ralenti». En faisant cette déclaration, le 16 novembre 2006 au Sénat, le ministre des Finances, Mourad Medelci, était loin de douter, ou prémonition, que le prix du baril qui frisait à l'époque le seuil des 70 dollars allait enregistrer cette chute vertigineuse. L'année 2007 ne connaîtra pas le même niveau de prix du baril que 2006, a annoncé Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, sur les ondes de la Radio nationale. Le gouvernement est averti, lui qui a engagé, dans le cadre de la loi de finances 2007, un programme ambitieux, avec un budget d'équipement public d'un montant de 2048,8 milliards de DA. Le même gouvernement a établi le déficit budgétaire pour 2007 sur la base d'un prix de baril avoisinant les 49 dollars. La question que nombre d'observateurs se posent est de savoir si l'Exécutif sera en mesure de respecter ses engagements financiers. Les recettes des exportations de notre pays dépendent à 98% des hydrocarbures. Si bien que, lorsqu'il y a embellie financière due à la hausse des prix du baril de pétrole, le PIB du pays peut doubler, le contraire est vrai. Dans ce contexte, le prix du baril vient de connaître une chute vertigineuse ces dernières semaines en tombant sous le seuil psychologique de 50 dollars à New York, sur fond de demande en baisse dans l'hémisphère Nord, alors que l'Arabie Saoudite s'est opposée à toute mesure d'urgence de l'Opep pour soutenir les cours. Même si la situation n'a pas trop duré. Hier, les cours du pétrole reprenaient du poil de la bête, soutenus, certes, par le rafraîchissement du climat dans le nord-est des Etats-Unis. Le mauvais temps qui frappe les Etats-Unis a inversé la tendance baissière des cours, qui ont perdu plus de 15% de leur valeur depuis le début de l'année. Malgré les programmes engagés depuis 1999, force est de constater que l'économie nationale reste complètement dépendante des exportations d'hydrocarbures. Pour les experts économiques, quelles que soient les décisions ou les initiatives prises dans le secteur économique, elles ne sauraient être pertinentes ni valides que dans la mesure où le pays s'engage résolument dans l'édification d'une véritable économie de substitution à celle des hydrocarbures. Le président de la République a avoué, en termes à peine voilés, l'échec des réformes engagés, en affirmant devant les walis, le 9 décembre dernier, que la hausse du taux de croissance économique, ces dernières années, n'est malheureusement pas due aux résultats réalisés dans le bâtiment ou dans l'agriculture, mais au prix du pétrole. «Les programmes de développement risquent une remise en question. C'est que notre économie tout entière évolue actuellement autour d'un centre de gravité qui s'appelle le pétrole, ressource non renouvelable»,a-t-il mis en garde. La véritable relance économique doit se traduire par un avantage d'investissement dans les secteurs de l'agriculture, du bâtiment, des travaux publics, de l'hydraulique, des services, du tourisme, de l'industrie, des mines, de la pétrochimie et des technologies nouvelles, selon les experts. Par ailleurs, cette baisse conforte paradoxalement le gouvernement, qui s'entête, depuis plusieurs années, à établir la loi de finances sur un prix de baril estimé à 19 dollars, et ce malgré les critiques des parlementaires. De ce fait, les observateurs n'excluent pas l'éventualité, dans le cas d'une nouvelle chute des prix du baril de pétrole, d'élaborer la loi de finances complémentaire 2007 sur la base du prix de référence de 16 dollars.