L'actuel gouverneur de la Banque d'Algérie, en l'occurrence M.Laksasi, est programmé pour aujourd'hui. La juge hausse le ton pour mesurer la gravité de la situation: «Si la Banque d'Algérie avait pris les dispositions nécessaires en temps opportun, Khalifa Bank n'en serait pas arrivé là.» Mardi, deux autres témoins, qui faisaient partie de la commission de la Banque d'Algérie, chargée de l'inspection des banques, ont été conviés par le tribunal criminel de la cour de Blida pour plus d'informations. Le procès a commencé, hier, par l'audience de Bensadok, un des membres de la commission bancaire. D'emblée, la juge lui lança: «Si la Banque d'Algérie avait pris les dispositions obligatoires en temps opportun, la fin d'El Khalifa Bank ne sera pas telle qu'elle est.» Après un silence religieux, le témoin répliqua: «Il faut dire qu'à la suite du travail effectué par notre commission, il a été conclu qu'El Khalifa Bank ne travaillait pas dans la transparence, puisqu'il y avait carrément des transgressions au niveau de cette institution bancaire.» Afin d'être plus explicite devant la juge, le témoin donne des exemples: «A titre illustratif, El Khalifa Bank recevait des fonds d'institutions publiques et les déclarait comme émanant de privés. Certes, c'est grave, mais notre rôle ne nous permet pas de s'ingérer dans la gestion. Nos prérogatives étaient limitées rien que dans le constat, et on ne pouvait pas aller au-delà.» Cette réponse n'a pas laissé indifférente Mme Brahimi dans la mesure où des constats pareils devaient être suivis par des actions plus concrètes. «Laissons de côté les sommes sorties clandestinement, et parlez-nous de votre propre constat. Franchement, cela n'était-il pas suffisant pour inciter la Banque d'Algérie à intervenir?», lui dira-t-elle. Le témoin, coincé par cette question en le mettant mal à l'aise devant l'assistance, lui dira après hésitation: «Madame, c'est surtout le facteur temps qui nous a fait défaut.» La juge l'interrompit soudainement en lui faisant remarquer qu'elle avait en sa possession des documents qui attestent qu'en ce temps-là, Abdelouahab Keramane, alors gouverneur de la Banque d'Algérie, avait reçu Abdelmoumen Khalifa en personne en compagnie de sa mère dans son bureau. Une manière de prouver que l'ex-président-directeur général du groupe Khalifa avait un appui de la part de Keramane qui fermait les yeux sur certaines pratiques et transgressions graves émanant d'El Khalifa Bank. Après Bensadok, c'était au tour du deuxième témoin, en l'occurrence M.Benziada, d'apporter des éclaircissements à la juge. Cette dernière a voulu savoir tout d'abord s'il était au courant des dix rapports établis par l'inspection de la Banque d'Algérie attestant les conditions désastreuses d'El Khalifa Bank. La réponse du témoin était négative. «Alors, en cas d'anomalie, la réglementation permet-elle à la Banque d'Algérie de donner ordre pour que les choses s'améliorent?», ajoutera la juge. Le témoin lui fera savoir que si un système financier s'avère perturbé, des actions sont menées, comme c'est le cas dans les autres banques. «Et comment expliquez-vous que des fonds sont sortis clandestinement, malgré la présence d'inspecteurs sur le terrain?», lui fera remarquer la juge. Il s'est montré, toutefois, incapable de répondre à cette question pour une raison ou une autre. «Je ne peux pas répondre à cette question, madame la présidente», s'est excusé le témoin. Par ailleurs, l'actuel gouverneur de la Banque d'Algérie, en l'occurrence M.Laksasi, est programmé pour aujourd'hui. Dans l'après-midi, les débats ont continué en auditionnant Akhrouf Kamel, secrétaire général de la commission, et Boubakraoui Amar, directeur des études des risques bancaires. Ils ont tous deux abondé dans le même sens.