Le mandat de l'actuel Parlement ne sera pas prolongé jusqu'au mois d'octobre, tel que souhaité par Belkhadem. Les élections législatives auront lieu le 17 mai prochain. Le décret présidentiel portant convocation du corps électoral a été signé par le président Abdelaziz Bouteflika. Paru dans le Journal officiel N°11 du 15 février, le décret indique, à cet effet, qu'une révision exceptionnelle des listes électorales est ouverte du lundi 19 février 2007 au mercredi 28 février 2007, annonce jeudi un communiqué du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Ces législatives sont destinées à renouveler les 389 sièges de l'actuelle Assemblée populaire nationale (APN) pourvus en 2002. L'actuelle Assemblée est dominée par le FLN. En fixant le scrutin des législatives au 17 mai prochain, le Chef de l'Etat met ainsi les pendules à l'heure et met fin à toute idée de jumeler les législatives avec les locales. L'annonce de la date des prochaines législatives intervient au moment où une certaine polémique semble diviser la classe politique nationale. En outre, en fixant la date des législatives au 17 mai prochain, les pouvoirs publics discréditent, par ricochet, Abdelaziz Belkhadem qui avait fait état, sur les ondes de la Radio nationale, de la possibilité d'organiser les deux échéances électorales le même jour. Sur un autre plan, en signant le décret portant convocation du corps électoral, le président de la République écarte toute idée de prolonger le mandat du Parlement jusqu'au mois d'octobre, tel que souhaité par Belkhadem. La proposition de jumeler les législatives et les locales a été, rappelle-t-on, avancée par le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Par ailleurs, la mise au point de Zerhouni vient conforter la position de la majorité des partis qui avaient rejeté l'idée. Zerhouni avait estimé qu'un tel jumelage nécessitait de grands moyens humains et logistiques. «Même si la décision est prise, il faut prendre en considération les capacités de sa faisabilité», a-t-il déclaré en mettant en exergue le nombre élevé d'analphabètes qui se situe autour de 7 millions de personnes. En outre, pour M.Zerhouni, le jumelage des élections locales et des législatives exige plus de préparatifs de la part de l'Administration, une décision politique et une prédisposition des électeurs. De leurs côtés, les partis, qu'ils soient de l'opposition ou de l'Alliance présidentielle, ont soulevé le spectre de la fraude pour rejeter la proposition de Belkhadem en raison de l'impossibilité de contrôler un scrutin à multiples facettes. Plus explicite est la position défendue par le RND d'Ahmed Ouyahia, qui émet un niet catégorique à toutes les propositions formulées par son successeur à la tête de l'Exécutif. D'ailleurs, le RND n'a jamais été enthousiasmé par des élections jumelées. Le secrétaire général du RND a estimé que le jumelage des élections législatives et des locales est «techniquement impossible». Il explique que du point du vue constitutionnel, on ne peut pas retarder les élections législatives. En même temps, il est difficile de préparer des élections locales avant l'heure. Le refus exprimé par Ahmed Ouyahia illustre à bien des égards, et de façon à peine voilée, le camp des partis politiques qui ont refusé des élections législatives et locales couplées prétextant les énormes difficultés pouvant concourir à cette faisabilité et la fraude qu'elles peuvent occasionner. Sur ce point, Louisa Hanoune s'est interrogée «on a des difficultés à contrôler un scrutin, comment peut-on en contrôler deux ou trois, simultanément? N'y a-t-il pas là une façon d'encourager la fraude?». Tandis que le président d'El Islah, Abdallah Djaballah, a, lors d'une rencontre nationale des cadres de son parti, rejeté l'idée proposée par le FLN. M.Djaballah a qualifié l'idée de jumeler les deux scrutins de spectre d'une fraude électorale massive car, sur le plan technique, «il s'agit d'une première et que les pouvoirs publics n'ont pas l'expérience d'une telle méthode», a-t-il ajouté. Les craintes du leader du MRN ne s'arrêtaient pas là. La léthargie, à ses yeux, qui caractérise la scène politique à deux mois des élections législatives, ne suscite pas sa confiance. «Bizarrement, je ne remarque aucune ambiance électorale ni sur la scène politique, ni même dans les médias», s'étonnait-il, en laissant dire qu'il s'agit d'une «politique» mise en oeuvre -mais sans citer par qui- avec intelligence depuis quelques mois, dont le but, explique-t-il, ne serait autre que la démoralisation de l'opinion publique. Ce refus de coupler les deux scrutins a été, également, affiché par le MSP par la voix d'Abdelkrim Dahmane, membre de la direction du parti, qui ne concevait pas comment plusieurs élections puissent avoir lieu simultanément, avec des bureaux de vote, des contrôleurs et des agents très nombreux. D'ailleurs, dans un communiqué transmis hier à la rédaction, le MSP a réitéré son appel à prendre les mesures adéquates à même de faire front à toute éventuelle fraude. «Le MSP invite tous les acteurs politiques à se regrouper dans un front contre la fraude» est-il mentionné dans le document.