Les chefs d' inculpation retenus contre les accusés sont au nombre de quatre. Après plus de six semaines de débats et interrogations des témoins, dont des ministres et des personnalités et accusés, le temps est à la valse des robes noires d'étaler leur éloquence. Leur patience tant de la partie civile que de la défense a trop duré. Une centaine d'avocats attendent de plaider. Chacun s'y est préparé à sa façon dans ce procès dit du siècle engageant 104 accusés, eux aussi, de «qualité» puisqu'on dénombre de hauts fonctionnaires, des directeurs généraux et des gestionnaires. Les chefs d' inculpation retenus contre ces derniers sont au nombre de quatre. Le premier concerne une trentaine avec comme principal accusé Khalifa Abdelmoumen, est la constitution du groupe bancaire et surtout l'alimentation de sa caisse. En termes plus clairs «association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie et dilapidation de deniers publics et abus de confiance» en vertu de l'article 376 du code pénal. Ce groupe renferme surtout les cadres directionnels influents du groupe, ainsi que d'ex-responsables, notamment d'institutions officielles dont la Banque d'Algérie ayant fermé les yeux sur plusieurs anomalies relatives à la constitution, la gestion et le fonctionnement de la banque, en particulier le transfert de devises à l'étranger. Le deuxième groupe de personnes accusées, une quarantaine au total, est poursuivi pour corruption, trafic d'influence, privilèges et avantages perçus. On retrouve ici les directeurs généraux de sociétés et organismes publics dont les caisses d'assurances et les Opgi, ayant déposé des fonds dans la banque en contrepartie de privilèges et d'avantages perçus. Les deux derniers chefs d'inculpation retenus contre le reste des inculpés sont faux et usage de faux pour certains, corruption et trafic d'influence ou enfin abus de confiance pour d'autres. Le préjudice causé au Trésor public dans l'affaire Khalifa Bank se chiffre, selon une première estimation avancée par le ministre des Finances, à environ 134 milliards de dinars. Commencé le 8 janvier exactement, le procès a vu défiler une armada de personnalités. Les séances les plus en vue ont été celles où ont défilé les Medelci, actuel ministre des Finances, Boudjerra Soltani, ministre d'Etat et ex-ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Sidi-Saïd, secrétaire général de l'Ugta et ex-président du Conseil d'administration de la Cnas, Terbèche, ex-ministre des Finances, Tebboune, ex-ministre de l'Habitat. D'autres noms de ministres et personnalités comme Ould Abbès et Khalida Toumi ont été cités, mais la présidente n'a pas jugé utile de les convoquer faute de preuves. Le procès a épluché méthodiquement les différents dossiers, la constitution du groupe Khalifa, la Caisse de la banque, les agences, les grands déposants, le sponsoring des clubs sportifs et les services y afférents, comme les comptables, le liquidateur, les commissaires aux comptes, les auxiliaires et les intermédiaires. Maintenant avec l'ouverture des plaidoiries, c'est presque un remake avec une autre version des faits que le tribunal criminel va aborder. Hier, plusieurs avocats de la partie civile sont passés à la barre dont Boukrine Sebti, Benchérif et Brahimi. Les cas des Opgi de Aïn Témouchent, Béchar et Tlemcen ont été défendus en soutenant que ces offices ont été victimes de laxisme et de mauvaise gestion des responsables de la Banque Khalifa. Cette dernière a tendu de véritables guets-apens en les appâtant avec des taux élevés pour le placement. Ces avocats ont dirigé leurs attaques contre les responsables de la Banque Khalifa en accordant des circonstances atténuantes aux directeurs généraux et responsables de ces offices dont le seul souci était de mieux fructifier leur argent.