L'ouverture du marché de l'électricité au privé sera bénéfique et déplorable en même temps pour le client. L'électricité coûtera plus chère à l'avenir.L'ouverture de l'activité de production au privé promet, d'ores et déjà, des surprises. Certes, le client ne sera plus agacé par le problème du délestage, mais aura une facture bien salée à la fin du mois. Désormais, le marché de l'électricité ne sera plus sous le monopole de la Sonelgaz. La nouvelle réglementation en vigueur ouvre le champ aux opérateurs économiques en les invitant à investir dans la production. En plus de la production, la loi autorise l'opérateur privé à vendre librement l'énergie électrique produite sur le marché national en recourant, soit à des contrats bilatéraux, soit à des offres à l'opérateur du marché non encore installé. Le producteur peut, également accéder librement aux réseaux de transport et de distribution d'électricité et du gaz par le biais de la concession, ces deux activités (transport et distribution) étant des monopoles naturels de l'Etat. Sachant que le coût de production de l'électricité revient plus cher par rapport à son prix de vente, cela augure une éventuelle flambée des prix. La Sonelgaz avait, d'ailleurs, à maintes reprises, annoncé qu'elle ne pouvait plus continuer à assurer une demande avec des prix inférieurs aux coûts de production. Il faut savoir que l'opérateur privé qui s'engage dans un investissement lourd n'acceptera pas de produire à des coûts bas. Ce dernier ne tolère pas ce que subit actuellement Sonelgaz. Le président-directeur général de la Sonelgaz avait déclaré que si les prix n'augmentent pas, il n'y aura aucun investisseur à s'aventurer dans un projet qui n'est pas rentable. Même si l'augmentation des tarifs n'est pas pour aujourd'hui, il n'en demeure pas moins qu'elle interviendra tôt ou tard. Le gouvernement qui incite l'investissement dans ce secteur, d'une part, et subventionne les prix du courant, d'autre part, ne pourra pas continuer dans cette démarche. Ce dernier doit relever les prix pour développer l'investissement dans ce secteur. En attendant la création d'un marché de l'électricité devant répondre aux lois de la concurrence, les prix seront certainement revus à la hausse. Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que six décrets d'application ont été publiés en novembre dernier. Ces décrets portent sur la procédure d'octroi des autorisations d'exploitation des installations de production d'électricité, le cahier des charges relatif aux droits et obligations du producteur d'électricité ainsi que les règles techniques de conception, d'exploitation et d'entretien du réseau de transport de l'électricité. Il s'agit, également, des décrets portant sur les règles techniques de conception, d'exploitation et d'entretien du réseau de transport de gaz et des droits et obligations du gestionnaire du réseau de transport du gaz et des textes relatifs à la protection de l'environnement. Ainsi, l'investisseur désirant réaliser et exploiter des installations de production d'électricité doit avoir une autorisation d'exploitation lorsque l'énergie produite est destinée à la commercialisation et dont la puissance installée est supérieure ou égale à 25 MW, précise un décret. En revanche, pour les puissances installées inférieures à 25 MW, les installations sont soumises à un régime de déclaration lorsque l'énergie produite est destinée à l'autoconsommation. C'est le cas de la société sidérurgique Mittal Steel Annaba, qui veut réduire sa lourde facture d'électricité en réhabilitant ses deux centrales (turbines à gaz) de 25 MW chacune à l'arrêt depuis des années pour être «conforme à la réglementation». Le producteur est tenu, conformément à la législation, de maintenir le niveau de capacité de production déclaré dans l'autorisation, d'assurer une qualité de service et de se conformer aux règles environnementales en vigueur. Ce dernier a le droit, par ailleurs, d'opter pour les types d'installation qu'il juge les mieux adaptés (centrales à cycle combiné, turbines à gaz...). Outre ces décrets, il est attendu la promulgation dans les 2 à 3 prochains mois à d'autres décrets relatifs à l'accès des tiers au réseau et à l'éligibilité des clients. Afin de mieux informer les opérateurs, la commission de régulation a organisé, lundi dernier, une rencontre consacrée spécialement à la présentation du cadre réglementaire.