Le président du Conseil d'affaires algéro-américain retrace, dans cet entretien, le regard des opérateurs américains sur l'Algérie. L'Expression: En tant que président du Conseil algéro-américain, comment les Américains perçoivent l'Algérie? Smail Chikhoune: L 'Algérie d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier. Il y a une nouvelle vision de l'Algérie en Amérique, qui est celle d'un pays où il y a du business. En effet, le rapprochement politique a énormément poussé les Américains à découvrir ce pays d'Afrique. Depuis 2001, les rapports entre les deux pays se sont nettement améliorés, que ce soit sur le plan politique ou économique. Ce qu'il faut savoir, c'est que l'Algérie n'est plus considérée comme une destination dangereuse mais bien au contraire un marché plus attractif aux capitaux. Avec le programme de relance économique, notre pays est le seul en Afrique qui offre les plus grands chantiers de construction avec un budget de 100 milliards de dollars. Les Américains sont conscients qu'il y a des liquidités et des réserves de change estimées à plus de 78 milliards de dollars. Le climat des investissements en Algérie s'est-il effectivement amélioré? Y a t-il encore des contraintes? Par rapport aux années précédentes je pense quand même que beaucoup de choses ont changé. Le climat des affaires en Algérie commence à connaître une certaine dynamique. La présence de plusieurs compagnies étrangères le confirme, d'ailleurs. S'ajoutent à cela les réformes engagées un peu partout, notamment dans le secteur bancaire. Cela n'explique pas, bien entendu, que le climat des affaires est complètement assaini. Même s'il y a des lenteurs dans le système bancaire et l'octroi du foncier, n'empêche que le processus de réforme est en cours. La contrainte majeure est à mon avis la bureaucratie. Il y a une lourdeur administrative qui risque de décourager toute initiative d'investissement. Vous savez qu'avec les nouvelles technologies, le monde des affaires a extrêmement évolué aux USA alors que chez nous malheureusement, nous sommes au stade de l'informatisation. Sur ce plan-là, il reste beaucoup à faire pour développer les services et assurer la fluidité des transactions. L'amendement de la loi sur les hydrocarbures, les scandales financiers ne sont-ils pas un frein à l'investissement étranger? Je ne pense pas. Primo, l'amendement de la loi n'est pas typiquement propre à l'Algérie. Plusieurs pays à travers le monde ont déjà procédé à la révision de leur politique énergétique. Ce qui semble tout à fait ordinaire pour les Etats-Unis. D'ailleurs, jusqu'à présent, aucune compagnie américaine n'a manifesté son retrait. Pour les scandales financiers, je crois qu'en aucun cas cela pourrait avoir un impact sur les investissements. Je citerais le cas de City Bank, une banque sur la place financière américaine, qui est en concurrence pour le CPA. Cela prouve qu'il y a une certaine transparence et une justice contre les corrupteurs. Que représente, selon vous, le marché algérien pour les entreprises américaines? L'Algérie est un nouveau marché pour les entreprises américaines. Celles-ci affichent un intérêt particulier pour notre pays et cela n'est pas par pur hasard. Tout simplement, elles veulent avoir leur part du gâteau des 100 milliards de dollars injectés dans le programme de relance économique. Des gros opérateurs ne cessent de prospecter les opportunités de partenariat, en dehors du secteur des hydrocarbures. C'est l'objectif d'ailleurs du 2e symposium algéro-américain consacré au secteur de la construction. Sincèrement, je ne m'attendais pas à ce qu'une grande société comme Parsons Corporation participe à ce symposium. Je suis persuadé que dans un proche avenir, l'Algérie sera la destination prisée des capitaux américains. Le conseil plaide pour le développement des exportations algériennes; pensez-vous qu'il y a un avenir pour nos produits sur le marché américain? Je crois qu'il y a de larges perspectives pour l'exportation de nos produits sur le marché américain. Le gouvernement est conscient maintenant de l'importance qu'il y a de développer les exportations hors hydrocarbures. Ce dernier assure une aide financière à tous les exportateurs, ce que ignorent malheureusement nos opérateurs. De plus, avec le système général de préférence (SGP) où plus de 3000 produits sont exonérés de droits de taxe, les produits algériens ont de fortes chances d'être bien commercialisés sur le marché américain. Plusieurs produits comme ceux de l'Oncv, des jus, des produits de Sim sont bien appréciés par les Américains. J'espère que la participation de l'Algérie à la foire de Chicago qui aura lieu le 17 mars prochain, sera un point de départ pour nos opérateurs économiques sachant que 60 à 70% des exposants vendent. Est-ce qu'il n'est pas temps de penser à l'ouverture d'une ligne aérienne entre Alger et Washington? Effectivement, je souhaite que les discussions aboutissent d'ici la fin de l'année à la réalisation du projet. Je pense que l'ouverture de la ligne avec le Canada va davantage faciliter et rapprocher les deux pays.